samedi 31 décembre 2016

Les Franglaises

Je crois que je n'ai jamais autant fréquenté les salles de cinéma et de théâtre que ces dix derniers jours. A tel point que je n'ai pas mentionné toutes mes sorties d'un coup pour ne pas devoir changer à nouveau le titre de mon blog ("Des mômes, des livres, des casseroles, des vélos, des spectacles", ça commence à faire long, non ?). Mais même si ce que j'ai vu hier était excellent, et si ce que j'ai vu il y a quelques jours était également très réussi, et si ce que je verrai demain a toutes les chances de l'être, là, je reviens de Bobino où j'ai vu les Franglaises, et il fallait absolument que j'en dise immédiatement tout le bien que j'en pense.


Pourtant, si j'avais été seule, je n'aurais jamais songé à y aller. Si vous avez déjà entendu parler de cette troupe (ils ont eu un Molière en 2015, et ce spectacle-ci est leur come-back, pardon, leur "viens-retour"), vous connaissez le principe : une bande de chanteur/acteurs/musiciens qui chante en français des chansons anglaises. Autrement dit, qui débite avec conviction "Bienvenue à l'hôtel Californie, Quel endroit charmant...", ou "Billie Jean n'est pas mon amante, c'est juste une fille qui dit que je suis le un, mais le gosse n'est pas mon fils", ou "Tu dis oui et je dis non, tu dis bonjour et je dis au revoir", etc.
Le problème, c'est qu'en variétés anglo-saxonnes, je suis nulle. Mais vraiment nulle. Je n'ai jamais voulu écouter de chansons que je ne comprenais pas, donc pendant toute mon adolescence, on n'aurait pas trouvé un seul disque avec une seule chanson anglaise dans ma discothèque. Et comme je n'ai jamais écouté la radio, et que je fréquente très peu les supermarchés, même les tubes les plus connus m'ont échappé. A part quelques CD qu'on m'a offert au fil des années et que j'écoute très rarement, je n'y connais donc RIEN. Logiquement, je me suis dit que j'allais reconnaître une chanson sur cinq, et donc que ça m'amuserait beaucoup moins.

J'avais à la fois tort et raison. J'ai effectivement reconnu tout au plus une chanson sur cinq, et des titres tels que "Sonne ma cloche" ou "Le spectacle doit continuer" ou "Pluie violette" ne m'ont rien évoqué du tout. Mais en fait, cela n'a aucune importance. D'abord parce qu'on peut tout de même s'amuser des textes incompréhensibles ou absurdes de certaines chansons. Et ensuite, parce qu'il n'y a pas que les chansons, mais aussi une mise en scène extraordinaire. Des mimes, des bruitages, des fausses disputes, des crises de nerfs, un strip-tease ("Tu peux garder ton chapeau"), et même un début d'incendie, pour faire bonne mesure. C'est fou, c'est ahurissant, c'est complètement déjanté, et c'est hilarant. Franchement, cela faisait très longtemps que je n'avais pas autant ri. Je suis vraiment très contente de ne pas avoir raté ça !

La mauvaise nouvelle, c'est qu'ils sont vendus-dehors (sold out, quoi) pour cette saison. Mais on n'en doute pas : ils reviendront. Dans ce cas, précipitez-vous. Juré, ça vaut le coup !

vendredi 30 décembre 2016

Gratiné

Dîner. Gratin dauphinois. Mr Thing Two râle : il n'aime pas la crème. Le Filou râle : il préférerait des pâtes. Heureusement, Miss Thing One ne râle pas, elle. Elle termine son assiette sans protester, et demande même à se resservir :
— Je peux reprendre du gratin de Chinois ?

Quelques minutes plus tôt, Mr Thing Two demandait quand est-ce qu'on mangerait enfin les "sucres de gorge" accrochés au sapin. Dire que j'essaie de leur faire de plus en plus de menus végétariens alors qu'ils ne rêvent visiblement que de se convertir au cannibalisme...

jeudi 29 décembre 2016

La tour Eiffel en famille

Cela ça faisait deux ans et demi que nous ne nous en étions plus approché, pas de si près, pas à pied. Le temps d'oublier combien elle est grande, et belle, et impressionnante.


Et cette fois, j'avais pris des billets trois mois plus tôt, donc nous avons même pu monter dessus, jusqu'en haut. Même si le Filou, très inquiet, nous soutenait que ce n'était pas possible (je pense qu'il s'imaginait que nous allions grimper en nous accrochant aux travées comme à une échelle).




Et en prime, le ciel nous a fait le joli cadeau d'une journée sans un nuage, et le pari que j'ai fait il y a trois mois en prenant ces billets s'est avéré gagnant. C'était splendide. Bien sûr.



Il a fallu promettre qu'on y retournera. Dans deux ans et demi, peut-être ?

mercredi 28 décembre 2016

Le Grand et l'exercice d'allemand

Leçon quotidienne d'allemand avec le Grand :

— Alors, l'accusatif correspond généralement au COD et le datif au COI, comme on l'a vu hier, et puis il y a les prépositions aosbaïmitnarsaïtfonnetsou qui sont toujours suivies du datif, mais comme les Allemands sont retors, il y a aussi des prépositions qui sont suivie soit du datif, soit de l'accusatif, selon que c'est une localisation ou un mouvement. En gros, accusatif si tu y vas, et datif si tu y es déjà. Alors, on va faire cet exercice page 25.

Il soupire un peu, pour la forme, mais il s'y colle :
— D'accord. Je vais à l'école, c'est un mouvement, blabla... Papa travaille dans son bureau, il y est déjà... Maman vient dans la cuisine... Tiens, comme par hasard, c'est maman qui va dans la cuisine et papa qui travaille. C'est toujours la même chose !

Voilà, il y a des soirs comme ça où je lui pardonne tout.

mardi 27 décembre 2016

Les chevaliers de la table ronde à l'Athénée

"Un opéra-bouffe où l'on ne mange pas" : c'est écrit sur le rideau.
Une histoire complètement loufoque, anachronique et déjantée.
Des acteurs formidables, qui s'éclatent et se donnent à fond, même les seconds rôles (ah, cette soubrette !).
Un décor et des costumes magnifiques, vraiment splendides : toute une symphonie de blancs et de noirs.
Des mélodies qui restent dans la tête après le baisser du rideau.
De l'humour du début à la fin, qui a fait rire même les ados.
Un petit théâtre charmant, sur une adorable place piétonne parisienne que je ne connaissais pas.
Un véritable orchestre dans la fosse.
Une mise en scène de Pierre-André Weitz ; une compagnie, celle des Brigands.
Quelques très belles voix qui ne décevraient pas les amateurs de "vrais" opéras.
Une excellente soirée, garantie à 100%, pour tous les goûts et tous les âges (à partir d'environ 10 ans).
Pour nous, un excellent après-midi de Noël !


dimanche 25 décembre 2016

Joyeux Noël !



Papa Noël m'a apporté un nouvel appareil photo, youpie !



vendredi 23 décembre 2016

IKEA et l'Homo Sapiens

— Ze sait pourquoi tous les verres, i viennent de sez IKEA ! déclare à brule-pourpoint le Filou pendant le dîner.
— Ah bon ?
— Oui ! C'est paske dans krès krès krès krès krès longtemps, on était des hommes préstoriques !

Là, il y a eu un blanc. Même en partant du principe que le Filou n'a toujours pas compris la différence entre "dans très longtemps" et "il y a très longtemps", le lien de cause à effet n'était pas évident.

— Il y a très longtemps, on était des hommes préhistoriques ? Euh... et alors ?
— Alors les verres y n'en avait pas !
— Non, en effet. Et les IKEA  non plus.
— Non ! I z'ezistaient pas ! Et après, i les a inventés !

Donc voilà, si j'ai bien compris, autrefois il y avait des hommes préhistoriques, puis est arrivé IKEA, et ce fut le début de la civilisation.

(Je vous jure que contrairement aux apparences, il n'y est allé que deux fois au cours des deux dernières années !)

jeudi 22 décembre 2016

Le cirque Alexis Gruss

Il y a quelques semaines, j'ai reçu un message, envoyé à l'adresse email de ce blog, me proposant d'aller voir le nouveau spectacle du cirque Alexis Gruss lors d'une soirée "presse".
Après avoir pris la nouvelle avec mon flegme habituel ("Darliiiiiing ! J'ai reçu ma première invitation en tant que blogueuse ! Je suis une blogueuse influente ! Bientôt, on va m'envoyer des boîtes de farine, me donner des vélos, m'inviter à dormir dans des campings quatre étoiles, ou me prêter des baby-sitters, juste en échange de quelques lignes sur mon blog ! Youpiiiie !"), j'ai dû décliner, tout simplement parce que la date ne me convenait pas. Et puis j'avais tellement de travail que je me voyais mal faire une sortie pareille un soir toute seule, ai-je expliqué. Pour une sortie en famille, à la rigueur...
Pas de problème, m'a-t-on répondu. Combien d'enfants avez-vous ?
Et voilà comment j'ai eu cinq places gratuites pour aller au cirque. Je n'y croyais pas moi-même. A tel point qu'avant de partir tout à l'heure avec les trois petits et Darling (le Grand était mal fichu), j'ai réfléchi à un plan B, au cas où ce serait une plaisanterie de mauvais goût. Mais ce n'était pas le cas. On nous a bel et bien laissés entrer, et nous étions très bien assis, au deuxième rang. Et en plus, à aucun moment mon interlocuteur n'a posé comme condition que je dirais quoi que ce soit sur ce blog. Bien sûr, ça ne se fait pas de cracher dans la soupe, mais si ça avait été nul, j'aurais pu ne pas en parler du tout. Sauf qu'en fait, c'était vraiment une chouette sortie, donc je vais vous en toucher deux mots.

Alors, la première chose à savoir, c'est que si vous cherchez un cirque avec un M. Loyal, des clowns, des prestidigitateurs, des lions et un éléphant, n'allez pas au cirque Alexis Gruss, car vous n'y trouverez rien de tout cela. Heureusement, j'avais eu la bonne idée d'avertir les petits, donc ils n'ont pas été trop déçus. Mr Thing Two, qui regrettait tout de même un peu les tigres, a trouvé la bonne formule : "Maman, ce n'est pas un vrai cirque, c'est un spectacle !" C'est un peu vrai. C'est un spectacle (de cirque), avec essentiellement deux composantes : des acrobates/danseurs/équilibristes, et des chevaux. Ce qui correspond, en gros, aux deux composantes de la troupe, si j'ai bien compris : la famille Gruss, et les Farfadais.

Ceux avec les chevaux (la plupart du temps), ce sont les Gruss.
 Ceci étant posé, nous avons passé un très bon moment. Darling et moi en avons certainement beaucoup mieux profité que si nous étions allés pour la troisième fois de suite au cirque Pinder. Visuellement, c'était très beau, avec une alternance entre les numéros équestres et les danses acrobatiques. Par exemple, des jeunes hommes qui jonglaient ou tiraient à l'arc perchés sur le dos des chevaux trottant autour de la piste, puis des couples qui faisaient des figures impressionnantes suspendus à des cordes ou à des cerceaux. En théorie, il y avait une histoire comme fil conducteur, une histoire de jeune homme qui devait rapporter un peu des quatre éléments pour guérir un cheval... L'histoire était sans intérêt, mais l'idée des quatre éléments était belle, avec des chorégraphies à thème (des danses avec du sable, ou sous des jets d'eau) et des costumes assortis.

En plus, c'est bien, parce que le numéro sous jet d'eau a lieu en dernier,
donc après ils n'ont même pas besoin de prendre une douche.
 Un autre plus que nous avons bien apprécié : il y avait un véritable orchestre qui jouait, ce qui donnait un son et une synchronisation bien meilleurs qu'avec de la musique enregistrée, et un certain nombre de numéros était accompagnés par une chanteuse avec une belle voix.

Elle a chanté du Amy Winehouse,
et des tas d'autres trucs que je n'ai pas reconnus.

En résumé, nous avons passé un très bon moment, même les petits. Certes, le Filou a dit que ce qu'il avait préféré, c'était le pop-corn, mais il ne s'est pas endormi ni même ennuyé ; Miss Thing One a déclaré qu'elle avait "adoré", et Mr Thing Two lui-même, très râleur quand on l'emmène voir un spectacle qu'il n'apprécie pas, en est ressorti content. Bref, une réussite !


Mais où va-t-il donc, avec son échelle ?

mercredi 21 décembre 2016

Un manteau rouge

Je passe avec un ami en visite à Paris devant la Comédie Française. Je lui propose :
— Viens, je vais te montrer la boutique, elle va te plaire !

En effet, nous nous extasions sur les jeux de société, les objets du quotidien inspirés d'ustensiles du théâtre, les livres, les articles de papeterie, toutes ces choses dont nous n'avons pas du tout besoin mais que nous mourons d'envie d'acheter. Mon ami est sur le point de craquer :
— Sortons d'ici. Tout de suite, me supplie-t-il.

Au moment où nous arrivons devant la porte, quelqu'un entre. Un homme qui porte un manteau incroyable, en velours rouge, long, épais, visiblement neuf, certainement très chic et très cher, le genre de manteaux qu'on ne voit pas souvent, en tous cas pas dans le métro ni même dans les rues. Je le remarque d'autant plus que l'homme est très grand et assez corpulent, et que je me retrouve donc le nez presque collé à ce manteau. J'adresse un regard émerveillé à mon ami, qui me le rend, les yeux aussi ronds que moi : visiblement, lui aussi a remarqué ce vêtement hors du commun.

Nous sortons, et dès la porte refermée, je m'extasie :
—  Tu as vu ce manteau ?
Il me regarde d'un air étrange, et me demande :
— Mais... tu as vu qui était dans le manteau ?
— Euh, non, pourquoi ?
— C'était Jacques Weber !
— Ah ?

Je suis retournée en arrière et j'ai jeté un regard à travers la vitrine, mais sa tête ne me disait rien du tout. Pourtant, j'avais adoré son interprétation de Cyrano de Bergerac (sur scène, hein, pas dans le film où il fait De Guiche), et à une époque, je regardais la VHS en boucle. Mais bon, si j'étais physionomiste, ça se saurait. Et puis bon, rencontrer des célébrités ne me fait pas beaucoup d'effet (sauf Georges Chaulet).

N'empêche qu'il avait vraiment un très beau manteau.

lundi 19 décembre 2016

Vitrines de Noël

— Les vitrines animées des grands magasins ? Alors là, c'est sans moi ! m'avait dit ma mère.
— Bof, non, je n'y tiens pas, surtout pas si on y va le matin, m'avait dit le Grand.
— Les vitrines de Noël ? Quelle horreur ! avait dit Darling.

En fin de compte, ils avaient tort. Car quand j'ai pris mon courage et mes enfants à deux mains (depuis le temps que je dis qu'il m'en faudrait au moins quatre) et que j'y suis allée ce matin à 9h45 avec un copain plein de bonne volonté, il n'y avait pas grand-monde. La foule n'a commencé à arriver qu'environ une heure plus tard, quand nous sommes partis. Et en attendant, nous nous sommes régalés, en admirant ces vitrines chaque année différentes, et qui représentent depuis toujours pour moi LA sortie des vacances de Noël par excellence.


Aux Galeries Lafayettes, des ours blanc en origami...

(Vous pouvez cliquer sur les images pour les voir en plus grand)



Et un sapin assorti à l'intérieur, sous la coupole.


Au Printemps, des vitrines un peu moins inventives...
... et même nettement moins réussies...
... voire franchement moches.
Sauf celle-là, miam !

 Après, nous avons encore fait une petite promenade et admiré le grand sapin sous la nouvelle coupole des Halles avant de rentrer avec des enfants fatigués, mais contents de leur sortie. Au programme des prochains jours, cirque, théâtre, musée, monument, cinéma... Des vacances pas franchement reposantes – mais distrayantes – en perspective !

dimanche 18 décembre 2016

Un personnage très vivant

Je traduis un bouquin pour les enfants qui se passe en partie dans un magasin à Paris. L'auteur donne l'adresse, décrit longuement la boutique, puis nous parle de sa patronne, une jeune femme blonde aux cheveux bouclés dont il nous apprend que c'est une sorte de gentille sorcière qui porte une bague magique et réalise des sortilèges les nuits de pleine lune.

Au bout de quelques jours passés sur ce bouquin, je me dis que ça m'amuserait de passer à l'endroit où est censé se trouver le magasin, lors de ma prochaine balade. Par curiosité, je regarde sur Internet ce qu'il y a à cette adresse.

Ce qu'il y a, c'est le magasin décrit dans le roman. Avec le même nom, la même marchandise, et tout.

Je n'en reviens pas. Je trouve le site internet du magasin. Je vois les photos, exactement conformes à la description faite par l'auteur. Je consulte la rubrique "qui sommes-nous".

Et là, je découvre que la patronne est une jeune femme blonde aux cheveux bouclés qui porte le même prénom que dans le livre, et qui gère son magasin de la même façon.

Depuis, je me pose deux questions :
- D'abord, est-elle au courant qu'elle apparaît dans ce roman, peu célèbre, écrit dans une langue "rare", et jusqu'ici inédit en France ?
- Ensuite, comment réagira-t-elle quand j'irai la trouver, un de ces jours, et que je lui demanderai poliment si elle pratique réellement la sorcellerie ?

(Sans rire, je ne me suis pas encore remise ! Un peu comme si j'avais croisé d'Artagnan à un coin de rue...)

jeudi 15 décembre 2016

Tout va très bien, madame la marquise...

— Alors, Darling, ça c'est passé comment avec les gamins, pendant mon absence de trois jours ?
— Oh, très bien.
— Ah, tant mieux. Tu leur a fait des picardises ?
— Non, il n'y en avait plus. Je leur ai fait deux fois des pâtes à rien, et je suis allé deux fois acheter des pizzas.
— Bigre ! Et le matin, ça allait ? Pas trop la panique ?
— Oh si, bien sûr, tu sais comment ils sont, ils n'arrêtaient pas de faire des caprices, ils râlaient parce qu'il n'y avait plus de chocolat en poudre...
— Comment ça ? Mais si !
— Non, j'ai vérifié sur l'étagère, et il n'y en avait plus.
— Je venais d'en racheter, je n'avais pas eu le temps de le ranger, il y avait deux paquets dans le sac au pied de l'étagère !
— Ah ! Je n'ai pas pensé à regarder dans le sac.
— Ni à me poser la question ?
— Non plus.
— Ni à en acheter au Naturalia devant lequel tu passais tous les jours ?
— Non plus. Enfin bref, ils faisaient des caprices, ils traînaient, j'ai dû me fâcher plein de fois...
— Et alors, vous êtes arrivés en retard ?
— Non. Par contre, mardi, j'ai oublié de prendre les cartables des jumeaux.
— HEIN ?
— Ben oui, nous étions partis en catastrophe, du coup je n'y ai pas pensé. Ce sont eux qui s'en sont rendu compte, mais nous étions déjà devant l'école, donc je n'avais pas le temps de revenir les chercher. Pas grave : ils se sont débrouillés sans ce jour-là, voilà tout.


Le jour où il me dira que ça s'est mal passé, je m'inquièterai vraiment.



mercredi 14 décembre 2016

Histoire de ceinture

Je m'installe dans la voiture d'un notaire (je vous passe les détails), à l'arrière. Un Italien d'une soixantaine d'années prend place à côté de moi. Je boucle ma ceinture.
— Ah, vous mettez votre ceinture, vous ? me demande-t-il.
— Oui, bien sûr !
— C'est vrai qu'en théorie, c'est obligatoire, mais les policiers ne vérifient jamais.
— Je ne la mets pas parce que c'est obligatoire, je la mets par sécurité !
— Vous faites bien. Moi, j'ai la flemme.

La flemme.

Une demi-heure plus tôt, j'ai vu l'épouse de ce monsieur. Elle est en fauteuil roulant depuis un an. Elle a eu un accident de voiture qui a paralysé la moitié inférieure de son corps. Ils vivent au deuxième étage d'un immeuble sans ascenseur, donc elle ne peut plus sortir de chez elle.

Il a fait le trajet sans ceinture. Je n'ai plus rien dit.

lundi 12 décembre 2016

Nuit XXS

Quand on se couche à 1h30 du matin parce qu'on a une fiche de lecture à terminer absolument avant d'aller dormir,
Et qu'on doit se lever à 4h55 du matin parce qu'on a un train à prendre pour aller expédier des formalités administratives à l'étranger,
Et que ça fait un mois qu'on ne dort pas assez pour cause de boulot-par-dessus-la-tête,
Qu'est-ce qui a toutes les chances d'arriver ?

Que l'un des gamins (Miss Thing One, en l’occurrence) ait un accès de fièvre à 3h du matin, alors que ça n'arrive presque plus jamais (à force d'avoir des otites et des angines tous les dix jours au cours des trois premières années de leur vie, les jumeaux ont fini par se faire des anticorps, et j'ose espérer que le Filou va finir par suivre leur exemple).

Arg.

(Et en plus, maintenant, elle va devoir aller à l'école alors qu'elle est malade. Snif.)

vendredi 9 décembre 2016

Carrément

Je reçois un contrat longtemps attendu. Avant de le signer, je vérifie les informations principales, à savoir le titre, la date de remise et la rémunération. Et là, je poussa une exclamation. Le Grand s'inquiète :
— Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Non, non, rien de grave, enfin, j'espère... Ils se sont trompés, ils ont indiqué une somme forfaitaire de 1500 euros.
— Alors que ça devrait être combien, normalement ?
— Eh bien, il est assez long, ce roman, donc voyons... nombre de signes approximatif... Prix aux 1000 signes... Environ 6000 euros en tout.
— Ah ouais, carrément !
Et puis il se met à rire comme une baleine. Je hausse les sourcils, surprise. Et de sa grosse voix d'homme, ce grand gamin m'explique :
— Ils te doivent 6000 euros, et ils te font un contrat à 1500 euros, alors c'est le quart ! Quart-ément ! Arf arf arf ! Tu as compris ?
Et il a recommencé à s'esclaffer.

Je ne m'en suis toujours pas remise.


PS : L'éditeur s'est platement excusé, c'était bien une erreur.

jeudi 8 décembre 2016

Le Grand et les vêtements

— Euh... mon Grand... tu ne vas pas aller en cours comme ça, tout de même ?
— Ben si, pourquoi ?
— Parce que tu as un pantalon avec un trou si grand que ton genou est complètement à l'air, un t-shirt déchiqueté aux manches et au col depuis que tu l'as grignoté, un pull cintré de femme que tu as enfilé à l'envers, des chaussettes dont le talon t'arrive au milieu de la plante de pied, des bottes militaires râpées ayant appartenu à ton grand-père, et un manteau beaucoup trop petit ?
— Ah, c'est vrai, je vais remettre le pull à l'endroit.
— Mais... et le reste ?
— Oh, on ne voit pas le t-shirt ni les chaussettes, de toute façon. Et j'ai déjà mis plein de fois les autres trucs : personne ne s'est moqué de moi.

Ils sont sympas, dans son collège, dites donc.

mardi 6 décembre 2016

Cagoule de rembourrage

Sortie de maternelle. Le Filou court vers moi. Tête nue. Oh non, dites-moi qu'il n'a pas égaré sa cagoule. Les Things ont déjà perdu trois gants, un bonnet et deux tour-de-cou en deux semaines, et je commence à perdre patience !
— Bonjour Filou ! Tu as oublié ta cagoule, on dirait ?
Il éclate de rire et la sort de sa manche, comme un prestidigitateur.
— Ze l'avais cassée !
— Cassée ? Ah, cachée ! Tu m'as fait une farce ?
— Oui, c'était une blague pour rigoler ! Et pis c'est bien, dans la mansse, paske côme ça, on dirait que z'ai des gros mus... mulses... mustles.

Voilà, maintenant j'envisage de lui offrir un t-shirt rembourré pour Noël.

lundi 5 décembre 2016

Tournée avec un auteur (2)

La tournée s'est terminée hier soir, mais je n'ai pas eu une seconde pour en faire le récit, et j'ai entamé sans transition une nouvelle semaine de folie. Quelques morceaux choisis, tout de même ?

- Il y a eu le moment où je suis arrivée dans l'hôtel avec l'auteur, et où le réceptionniste nous a demandé "Préférez-vous une chambre avec un grand lit, ou deux lits séparés ?" (Euh, euh, euh...)

- Le moment où je m'apprêtais à quitter cet hôtel de luxe, à 5h45 du matin, et où on m'a aimablement signalé que l'éditeur avait dû oublier la prise en charge et qu'il fallait donc que je paye les deux chambres ;

- Le moment où l'auteur a piqué une crise en découvrant que nous allions voler à bord d'un avion low-cost, donc sans classe affaire, parce qu'il est claustrophobe et qu'il ne supporte pas d'avoir un autre siège à quelques centimètres de son visage ("Tu ne le savais pas ? s'est-il étonné. Mais alors, tu croyais que si j'exigeais toujours la première classe, c'était parce que j'étais snob ?" "Eh bien... oui.") (Miraculeusement, il restait deux places au tout premier rang, donc nous avons tout de même pu partir, moyennant supplément)

- Le moment où la libraire de la troisième ville nous a annoncé qu'elle nous avait réservé deux chambres dans un hôtel "sympa", mais avec seulement deux étoiles (bref, un hôtel sans bouilloires et sans salle de fitness et sans meubles design et sans chambres plus grandes que tout mon rez-de-chaussée), et où l'auteur m'a expliqué après qu'il détestait "ces petits hôtels miteux" parce que "ça lui rappelait l'époque où il était pauvre" ("Ah, tu vois bien que tu es snob !", ai-je triomphé)

- Le moment où il a refusé d'aller dans une brasserie parce que "la cuisine française, c'est toujours la même chose", et où il a choisi à la place de dîner dans une... pizzeria (si, si) (et encore, c'est parce que j'avais refusé tout net le mac-do)

- Le moment où je n'ai RIEN compris à une plaisanterie lancée par l'auteur devant un public de trois cent personnes et où je me suis retrouvée avec mon micro à la main, à devoir lui faire répéter TROIS fois ce qu'il venait de dire avant de pouvoir traduire (un grand moment de solitude ; j'en rougis encore) (c'est la première fois que ça m'arrive avec une phrase entière) ;

- Le moment où nous sommes arrivés à la gare juste avant qu'il reparte, et où nous avons trouvé une queue de cinquante mètres devant les portiques de sécurité, car les policiers n'avaient ouvert qu'un seul guichet (il a tout de même réussi à attraper son train car nous avions plus de trois quarts d'heure d'avance, mais il paraît que plein de gens l'ont raté).

A part ça, j'ai aussi fait deux promenades trop courtes mais très agréables, en journée à Bruxelles et en soirée à Besançon, dans deux villes que je ne connaissais pas du tout. J'ai adoré les fresques de l'une et les rues piétonnes de l'autre.

Quelques cartes postales ?
Ici, c'est Bruxelles :

Je ne vais pas vous mettre toutes les fresques photographiées,
mais c'est chouette, non ?

Je n'avais jamais vu le Manneken Pis.
Eh bien, pour cette fois, c'est raté...


La plus petite maison
de Bruxelles.

En tous cas, c'est elle qui le dit !
Et Besançon (avec des photos toujours ratées, car mon appareil est nul pour les photos nocturnes) :

J'ai adoré les illuminations de Noël (même si ce serait mieux sans pub)

Il y en avait partout !

Et sans voiture, c'est tout de même plus sympa, hein ?


En plus de ces belles promenades, j'ai aussi rencontré des gens charmants, dormi dans un hôtel de luxe (et un "de pauvres", donc), et mangé dans plus de restos que je n'en fréquente habituellement en un ans. Mais je vous avouerai que je ne suis pas fâchée d'être de retour chez moi !


vendredi 2 décembre 2016

Frustrant

A votre avis, compte-tenu du titre de mon blog, qu'est-ce qui m'a le plus désolée aujourd'hui :
- Passer par trois charmantes villes très cyclables, avec quartiers plus ou moins piétons et vélos en libre-service, et ne pas avoir le temps de pédaler dans les jolies rues ;
- Passer par deux magnifiques librairies de plusieurs centaines de mètres carrés chacune, et ne pas avoir une minute pour flâner dans les rayons ;
- Passer le même jour par la Belgique et la Suisse, et ne pas avoir une seconde pour acheter du chocolat ?

jeudi 1 décembre 2016

Tournée avec un auteur (1)

Tournée promotionnelle avec un auteur. Aujourd'hui, Bruxelles. Arrivée deux heures avant lui, deux heures pour me balader au pas de course, juste assez pour me donner envie de revenir, puis enchaînement interviews et dédicaces. Demain, programme de folie. Trois pays dans la même journée, après un lever à 5h du matin.
— Trois jours sans vos enfants, ça va vous faire des vacances, non? m'avait dit l'attaché de presse...
(Heureusement, je suis assez bien payée) (Mais je voudrais dormiiiiir) (D'ailleurs, j'y vais)