mardi 31 mai 2016

Une assurance automobile ?

— Allô, bonjour madame, je vous téléphone de la part de votre banque pour vous signaler que nous proposons des assurances automobiles à des prix extrêmement compétitifs, et...
— Je vous arrête tout de suite, je n'ai pas de voiture.
— Ah, elle n'est pas à votre nom, d'accord. Alors au revoir !

Je ne sais pas si c'est la Fofo cycliste ou la Fofo féministe qui était le plus agacée par ce coup de fil.


lundi 30 mai 2016

Une longue journée


(Avertissement : je n'avais pas du tout l'intention de raconter mon voyage par le menu quand j'ai commencé à écrire ce texte, et puis mes doigts ont couru tout seul sur le clavier, et maintenant je suis au café pour mes vingts minutes de wi-fi quotidiennes, et je ne peux pas rester trop longtemps pour le prix d'un simple cappuccino, donc je n'ai pas le temps de tout réécrire, donc je poste le billet tel quel, mais je me demande s'il est vraiment intéressant ?) (#doutesexistentielsdedernièreminute) (c'est nul comme hashtag, une fois qu'on l'a écrit il ne reste pas assez de caractères pour quoi que ce soit d'autre) (oui, je viens de découvrir Twitter suite à une formation, vous vous rappelez ?)

(Et maintenant je me demande si je ne ferais pas mieux d'effacer l'avertissement, parce que se demander si quelque chose est ennuyeux est sans doute le meilleur moyen que tout le monde le trouve ennuyeux, non ?) (je ne sais pas ce qui me prend, désolée) (mais que mettent-ils dans leur cappuccino, ici ?)


Dimanche matin, à 4h45, le réveil a sonné. Je me suis levée, j’ai pris une douche rapide, rempli une thermos de thé, fermé mes bagages. Je suis sortie de la maison et j’ai marché dans la lumière de l’aube jusqu’au RER. Je suis arrivé à la gare vingt-cinq minutes avant le départ du train ; je me suis installée à ma place, j’ai roulé mon manteau en boule pour me faire un oreiller, et puis je me suis dit que ce n’était pas la peine d’essayer de dormir alors que le train ne roulait pas encore et que les gens n’arrêtaient pas d’aller et venir, donc j’ai sorti ma liseuse pour lire pendant le quart d’heure qui me restait. Cela tombait bien, j’avais un nouveau roman en stock dont je savais qu’il me plairait.
Il m’a plu. Beaucoup.
Du coup, quand je suis arrivé à destination, six heures plus tard, je n’avais pas dormi une seule minute.
C’est malin.

Je suis descendue de mon train à midi et quart, et je me suis dirigée d’un pas assuré vers le métro. À la caisse automatique, j’ai appuyé sur les boutons sans la moindre hésitation, et puis j’ai mis ma carte Visa dans la fente.
Transaction refusée.
Qu’à cela ne tienne : j’ai réessayé avec une autre carte, comme dans les films américains.
Transaction refusée.
Pourtant, pour la première fois depuis longtemps, je suis certaine de ne pas être à découvert. Le terminal devait avoir un problème avec les cartes. Et je n’avais pas de liquide.
Pas grave, me suis-je dit, je vais aller retirer de l’argent au premier distributeur venu : il y en a toujours cinq ou six, dans les gares.
J’avais oublié que je n’étais plus en France, voyez-vous.
Il m’a fallu vingt minutes pour trouver un distributeur, à un bon kilomètre de la gare, après avoir interrogé deux passants et trois barmans.
J’aurais plus vite fait d’aller à pied, tiens.

Une fois mon ticket de métro acheté, je me rends chez cette amie qui a l’immense gentillesse de me prêter sa voiture à chaque fois que je viens, vu que mon bled n’est pas accessible en transports en commun, en tous cas pas le dimanche. Nous déjeunons, nous papotons longuement, nous allons prendre un capuccino, et puis je prends la voiture et je me mets en route sous la pluie battante, parce qu’ici aussi, le printemps a été pourri, et l’est encore. Comme il n’y a pas de musique dans cette vieille auto, je chante à tue-tête tout le long du chemin, ça me tient éveillée.

A 16h30, j’arrive enfin. À ce stade, cela fait douze heures que je suis levée, après une nuit bien trop courte ; je commence à ressentir la fatigue. Je fais le tour de la maison, j’ouvre tous les volets, j’allume l’eau, le gaz, le frigidaire, je mets en route la machine à pain (il n’y a aucune bonne boulangerie, ici, donc j’ai pris l’habitude de faire du pain dès mon arrivée pour en avoir le lendemain matin au petit-déj), j’appelle Darling, et ma mère, et mon père adoptif pour qu’ils sachent que je suis bien arrivée, et puis je me dis que là, vraiment, ce n’est plus possible, qu’il faut faire quelque chose, que je ne peux pas continuer comme ça, qu’aux grands maux les grands remèdes, et je balaie la poussière accumulée depuis l’été dernier. Si, je vous jure. Mais ne le dites pas à Darling, c’est SON balais (il y a deux ans, le Filou piquait une crise à chaque fois que quelqu’un osait toucher au balais ou à la bouteille de vin : « c’est à papa, ça ! »).

Et puis, comme j’ai tout de même un petit coup de barre, je fais une pause : je me prépare un thé et je mange quelques biscuits en terminant mon roman. Vraiment très bien, ce roman. Je m’en doutais, car j’avais déjà lu les deux premiers tomes, et j’ai eu un mal fou à obtenir le troisième, qui n’est pas disponible en Europe (pas même la version électronique : ça arrive parfois, quand l’éditeur n’a les droits qu’aux États-Unis, par exemple, parce que l’auteur espère vendre les droits à un éditeur britannique). J’ai dû faire croire à l’agent qu’un éditeur français était intéressé par les deux premiers et demander qu’on m’envoie le troisième « pour achever de le convaincre ». Je me demande déjà comment je vais faire pour le quatrième volume, qui sortira sans doute dans quelques mois : je doute que mon truc fonctionne encore une fois…

À 18h, comme je culpabilise de ne pas avoir travaillé de la journée, je sors mon ordinateur et je m’y mets, en me promettant d’y rester jusqu’à 21h et de me coucher à 22h au plus tard, pour rattraper un peu mon sommeil en retard. Et je tiens bon. Mes yeux menacent parfois de se fermer, mais je m’obstine. Je termine la traduction de mon chapitre à 21h05, d’après la grosse horloge qui tictaque dans le salon. J’enregistre mon fichier, et je fais une copie sur une clef USB. C’est là que je remarque un truc étrange : l’ordinateur prétend que l’enregistrement date du 29 mai à 22h06. Comment est-il possible que cet ordinateur avance d’une heure ? Ou alors…
Quand est-ce que je suis venue ici pour la dernière fois, déjà ?
Avant le passage à l’heure d’été.
D’accord.

Dîner rapide.
Lavage de dents.
Dodo.

samedi 28 mai 2016

Poèmes pour la fête des mères

Moment de panique en approchant de l'école hier soir et en constatant que les parents portent des paquets enrubannés à la main :
Oh mon dieu c'est la fête des mères et je vais me retrouver avec trois colliers de pots de yaourts ou trois bibelots hautement décoratifs à installer en bonne place sur mes étagères !

Premier soulagement quand les enfants courent vers moi : ils tiennent bien des cadeaux à la main, mais plats. Pas de colliers, donc. Ouf.

Deuxième soulagement quand on a ouvert les cadeaux (à peine le pied posé à l'intérieur de la maison) (j'ai eu beau leur dire que la fête des mères était le surlendemain, ils n'ont rien voulu savoir) (remarquez bien que ça m'arrangeait, vu que je savais que je serais absente le jour J) (mère indigne) : ce ne sont pas des magnifiques cadres en plâtre peinturlurés couverts de paillettes et contenant une photo très laide de l'enfant (oui, j'ai déjà eu ça), mais des poèmes.
1 - Un petit poème que le Filou m'a récité séance tenante – et j'avoue, malgré mon peu d'affection pour la fête des mères, l'entendre me débiter sa ritournelle en zozotant et en faisant les gestes appropriés m'a émue...
2- Deux poèmes entièrement recopiés à la main par les Things (qui savent donc écrire avant de savoir lire, on applaudit bien fort), ce qui a dû leur prendre un temps fou. On remercie la maîtresse qui a prévu le même poème pour tout le monde sauf pour les deux paires de jumeaux qu'elle a dans sa classe, histoire de ne pas avoir de doublon.

(Ceux qui ne sont pas allergiques aux niaiseries peuvent cliquer pour lire.)

Voilà, je ne dis pas que je vais les encadrer et les afficher en place d'honneur (mère indigne, on a dit), mais je dois bien reconnaître que c'était mignon...

vendredi 27 mai 2016

Boulange tardive

L'inconvénient de pétrir son pain le matin, le laisser lever dans la journée, et le faire cuire le soir : toute la maison sent la boulange, et on se couche avec l'estomac qui gargouille...

jeudi 26 mai 2016

Une journée d'une traductrice mère de famille nombreuse

(C'est presque le sous-titre du blog, tiens) :

- Matin : rendez-vous avec mon éditrice préférée. Très bonnes nouvelles : deux séries dont j'avais traduit le premier volume vont continuer. Aller-retour en vélo, pour faire un peu de sport : une heure en tout, en pédalant à bonne vitesse.
- Après-midi : travail. Je mets les bouchées double pour rattraper la matinée "perdue". En m'y remettant après être allée chercher les enfants à l'école, je réussis presque à traduire le nombre de pages prévu pour la journée.
- Début de soirée : mère en solo. Douches, dîner, histoires du soir, lavage de dents, etc.
- Soirée : travail. Mes yeux se ferment, mais je parviens à rédiger deux fiches de lecture. Il est 23h quand je m'arrête. Je ne tiens plus debout, mais je suis fière de moi.

Tiens, je rêve ou j'ai entendu un enfant crier ?

Je ne rêvais pas. Mr Thing Two, qui avait vaguement mal au ventre après le dîner, vient de vomir tout son repas. Sur son lit, sa couette, son oreiller, son pyjama et ses peluches, bien sûr.

(Ah, et n'oublions pas : minuit moins le quart, un petit tour sur le blog avant d'aller me coucher...)

mercredi 25 mai 2016

Ce que le Grand fait aux mouches

Parmi les défauts du Grand, il y a celui de toujours chicaner, ergoter, chipoter, faire remarquer la moindre erreur ou la moindre approximation même quand il a parfaitement compris ce qu'on voulait dire, vouloir préciser les moindres détails même quand ils n'ont aucune importance. Cela donne des conversations interminables dans lesquelles il essaie d'avoir le dernier mot grâce à des détails, à défaut de pouvoir contester l'idée de fond.

Exemple :
— Mon Grand, je t'avais dit de te coucher à 22h ! J'en ai marre, tu as une demi-heure de retard !
— C'est pas vrai, il est seulement 22h27 !
— Bon, d'accord, tu as 27 minutes de retard, en tous cas c'est beaucoup trop ! Je t'avais dit de te préparer à aller te coucher avant 10h !
— Mais c'est ce que j'ai fait, je suis allé me laver les dents à 21h55 !
— N'empêche que tu n'étais pas prêt à 22.
— Mais si, mais après j'ai fait mon cartable.
— Justement, tu aurais dû le faire avant, ça aussi !
— Mais ça ne compte pas, tu m'avais dit de me préparer à aller me coucher avant 10h. Faire mon cartable, ce n'est pas me préparer à aller me coucher, puisque je peux me coucher sans l'avoir fait.
— Ah, mais arrête ! Tu as très bien compris ! Tu devais être prêt à te coucher à 22h. Tous les soirs tu as une demi-heure de retard !
— C'est pas vrai, hier je me suis couché à 22h18.
— Bon sang de bonsoir, mais tu vas arrêter ? Avant-hier il était au moins 22h40, donc si tu fais la moyenne des trois derniers jours, ça fait bien une demi-heure de retard !
— Non, ça fait 29 minutes...
Etc.

Aujourd'hui, à table, lors d'une contestation sur le nombre exact de cuillères de purée distribuées, je m'impatiente :
— Tu sais ce que veux dire "nitpicking" en anglais ? C'est vraiment un mot qu'il faut que tu apprennes...
— Pourquoi, ça veut dire quoi ?
— Ce que tu fais tout le temps. Chercher la petite bête. Couper des cheveux en quatre. Être exagérément pointilleux. Enculer des mouches !
Il ouvre des yeux ronds, choqué (ce n'est pas le genre de vocabulaire que j'emploie habituellement) :
— Maman ! Ça ne se fait pas, de dire des gros mots !
Il se tait une seconde, puis ajoute :
— Et puis d'abord, on ne peut pas faire ça à des mouches. Elles sont trop petites...

CQFD.

mardi 24 mai 2016

Embouteillage inhabituel

Je vais chercher les enfants à l'école.
Tiens, qu'est-ce que c'est que ces voitures alignées en double file dans l'avenue ? Il y en a plein, en plus !
Une, deux, trois...
Qu'est-ce qui se passe ? Il y a un rassemblement quelque part ? Une brocante ? Non, pas un mardi, pas à 16h15.
Neuf, dix, onze...
Ce ne sont pas les parents qui viennent chercher leurs enfants à l'école. Il y en a toujours deux ou trois qui se garent n'importe comment, mais la majorité des parents ou des assistantes maternelles viennent à pied, par bonheur.
Dix-sept, dix-huit, dix-neuf...
De toutes façons, ce ne sont pas des voitures garées, je le remarque maintenant. Elles ont toutes un conducteur à l'intérieur, et presque toutes le moteur allumé.
Il y a des travaux ? Un accident ? Un feu rouge portatif ?
Vingt-deux, vingt-trois...
Non, pas de feu rouge, sinon toutes les voies seraient bloquées, alors que les véhicules sur la voie de gauche circulent normalement. Ah, tiens, on dirait que ça se termine là-bas, au niveau de la...

NON !

Si.

Les vingt-sept voitures attendaient de faire le plein à la station-service.

(Je préfère ne même pas commenter)
(Ou alors en image, tiens)



Edit : On me dit que ce billet est méprisant. Je précise donc que je ne me moque pas des gens qui ont vraiment besoin de leur voiture et que l'idée d'une possible pénurie d'essence inquiète. C'est le système que je trouve aberrant. Parmi les gens qui faisaient la queue, combien pourraient aller au travail en vélo (nous sommes à douze kilomètres du plein centre de Paris) ou en transports en commun ? Ou au minimum pratiquer le co-voiturage ? 27 voitures, une queue de 200 mètres de long, toute une voie occupée (ça prend une place folle, 27 voitures !), environ 1500 litres d'essence avalés, tout ça pour quoi ? Pour déplacer 27 personnes enfermées seuls dans leur véhicule, 27 personnes qui pourraient se répartir dans une demi-douzaine de voitures, 27 personnes qui n'occuperaient même pas la moitié d'un autobus ? C'est sérieux ?

PS : J'ajoute que chez nous, pour l'instant, l'essence n'est pas rationnée...

lundi 23 mai 2016

Planning et discussion conjugale

— Darling, je te l'ai déjà dit, mais la semaine prochaine, je serai absente du dimanche matin au jeudi soir.
— Je sais.
— Donc il faut que tu changes tes horaires à la librairie.
— Ah, oui, c'est vrai. Je vais m'en occuper demain. Qu'est-ce qu'il faut que je fasse, déjà ?
— Eh bien, que tu fasses l'ouverture tous les jours, et surtout pas la fermeture, pour pouvoir t'occuper des enfants le soir.
— Ah. D'accord. Quel jour tu reviens ?
(Ne nous énervons pas.)
— Le jeudi soir.
— Donc il faut que je changes mes horaires, euh...
— Le lundi et le jeudi, puisque normalement tu finis tard ces jours-là.
— Le lundi et le jeudi, c'est ça. D'accord. Et pourquoi tu pars, déjà ?
— Pour des tas de bricole, la succession à terminer, l'abonnement téléphonique à changer, la déclaration de revenus à faire, des devis à demander... Des trucs que je n'ai jamais le temps de faire quand j'y suis l'été avec les enfants.
— Mouais. En fait, tu y vas surtout pour te la couler douce pendant quelques jour, hein.
— Cela va sans dire. Je croyais que tu voulais la version officielle.
— Et donc, la version officielle, c'est quoi ? Qu'est-ce qu'il faut que tu fasses, en vrai de vrai ?
— Je viens de te le dire !
— Oui, mais tu ne peux pas trouver une raison plus convaincante ? Qu'est-ce que je vais leur dire, au boulot, quand ils vont me demander pourquoi je change mes horaires ?
— Pourquoi, la succession qui traîne, ça ne te plaît pas, comme raison ?
— Si, mais ils vont me demander pourquoi je ne les ai pas avertis plus tôt.
— Et je suppose que tu ne veux pas dire "Parce que ma femme m'a prévenu il y a trois mois, mais c'était beaucoup trop tôt, et elle me l'a répété il y a un mois, mais je l'ai ignorée, et elle me l'a répété il y a deux semaines, mais je n'ai pas écoutée, et elle me l'a encore répété il y a une semaine, mais je n'ai rien fait, du coup je m'y prends à la dernière minute alors que les billets de train ont été achetés en février", n'est-ce pas ?
— Mmm, non, je préférerais pas.
— Eh bien, débrouille-toi.
— Bon, je vais leur parler de problèmes administratifs imprévus.
— C'est ça.
— Alors, juste pour être sûr de ne pas me tromper... Il faut que je change mes horaires quels jours, déjà ?


Le temps va me paraître long jusqu'à dimanche...

dimanche 22 mai 2016

Passage à Bourges

Alors, bien sûr, je pourrais vous mettre une photo parmi celles que j'ai prises ce matin, par exemple celle-ci :



Mais ce ne serait pas très juste. Parce qu'il faut bien reconnaître que la plupart des villes de province ne sont pas très animées le dimanche matin, surtout quand il pleut. Et puis en fin de compte, personnellement, la pluie ne me dérange pas. Je me suis même promenée avec bonheur sur les pavés luisants, ce matin. Mais commençons par le commencement.

Hier matin, je suis donc montée dans un train qui n'était même pas un TGV (il y avait même des compartiments) (je vous jure), et j'ai dérangé quelqu'un qui s'était assis à ma place (je n'ai compris qu'après coup que la plupart des gens n'avaient pas de réservation) (oui, parce ce n'était pas un TGV) (je ne m'y habitue pas), et je me suis vaguement demandé comment c'était possible que le train soit plein (mais que vont faire tous ces gens à Bourges un samedi matin à 7h ?), et puis je me suis endormie avant même que le train ait commencé à rouler.

Deux heures plus tard, à peine plus réveillée, je suis arrivée à destination, et comme j'avais pris la précaution d'imprimer un plan, j'ai trouvé facilement le lieu de la formation. Je ne m'étendrai pas sur celle-ci, mais j'ai appris plein de choses, dont le mot "putaclic", qui manquait gravement à ma culture. Et puis c'était sympa de passer la journée avec des cyclistes du quotidien qui partageaient un certain nombre de mes opinions, qui savaient ce qu'était un biporteur, et que l'idée d'un rationnement de l'essence faisait bien rigoler (oui, nous sommes méchants).

Ensuite, pendant la soirée, et à nouveau ce matin, j'ai eu l'occasion de sillonner un peu le centre-ville. Et c'est là que je me suis rendu compte que c'était très joli, Bourges. Mais vraiment. Minuscule Pas très grand, certes, mais très joli. A tel point que j'ai décidé d'y retourner un jour avec les enfants. Hier soir, j'étais affamée et épuisée, donc j'ai juste fait une ballade dans les rues piétonnes, et ce matin il pleuvait des cordes, donc je me suis contentée d'aller voir la cathédrale (où je suis arrivée en pleine messe face à 40 gamins sur le point de faire leur première communion) (il y avait même des gamines avec des couronnes de fleurs blanches) (ça non plus, je ne savais pas que ça existait pour de vrai) (qu'est-ce qu'on découvre, comme trucs, quand on sort de chez soi) ; quoi qu'il en soit, la ville m'a bien plu, et si j'étais restée plus longtemps, j'aurais bien aimé aller voir les marais et quelques musées. Décidément, un weekend en famille (avec nuit à l'auberge de jeunesse) me semble une très bonne idée.
Il faudra juste que je pense à apporter un pique-nique pour le dimanche midi. Oui, parce que ce midi, après avoir cherché pendant une demi-heure de rue en rue, j'ai fini par comprendre que je ne trouverais ni restaurant ouvert le dimanche, ni même une boulangerie vendant des sandwichs. Du coup, j'ai dû me rabattre sur une salade en boîte (!) achetée au Casino (!!) de la gare (!!!). Mais bon, ça aussi, c'était une expérience que je n'aurais jamais eu l'occasion de vivre si j'étais restée chez moi, n'est-ce pas ?

vendredi 20 mai 2016

Départ pour Bourges

Demain, je vais à Bourges. Oui, oui. J'ai été désignée volontaire pour suivre une formation sur l'utilisation des réseaux sociaux dans le cadre des associations militantes cyclistes. Comme je vous le dis. Remarquez bien que j'avais déjà été désignée volontaire pour m'occuper du site internet et de la page facebook par le président de l'association cycliste locale, donc c'est plutôt cohérent, en fin de compte.
J'ai d'abord essayé de me défiler en disant que je ne pouvais absolument pas m'absenter le samedi puisque mon mari travaillait, mais figurez-vous que l'ancienne assistante maternelle du Filou est elle aussi membre de cette association de cycliste, donc elle a été désignée volontaire pour garder mes enfants, et le tour était joué. Elle s'est laissée faire beaucoup plus joyeusement que moi, d'ailleurs. Non mais parce que, enfin, quoi... Bourges ? Je veux dire, ça existe vraiment, comme ville ?
Bon, d'accord, j'arrête de faire ma parisienne. Je suis sûre que c'est très joli, Bourges. Je l'espère, parce que je n'ai pas trouvé de train qui me permette de revenir demain soir, sauf en quatre heures, en rentrant à minuit passé, avec un changement dans une ville qui, pour le coup, n'existe sûrement pas. (Non mais Bourges, à la rigueur, mais Vierzon, là c'est sûr, c'est une blague. Faut pas me prendre pour une niquedouille, non plus !) (Quoi ?) (Ah oui, j'ai dit que j'arrêtais)
 Donc je vais passer la nuit sur place, comme ça je pourrai visiter la ville le lendemain.
— Ah, Bourges le dimanche, ça doit être follement animé, m'a dit ma mère.
(On a beau déménager d'un bout à l'autre de la France tous les cinq ans, quand on est Parisienne dans l'âme, c'est pour la vie) (OK, OK, cette fois j'arrête vraiment, promis).

Bref, je pars à Bourges, et je reviens dimanche après-midi. Tout à l'heure, j'étais en train de choisir les quelques vêtements à mettre dans un sac à dos, et je m'apprêtais à prendre bêtement un t-shirt à manches longues et un jeans, quand tout à coup, j'ai eu l'idée géniale de regarder la météo. D'habitude, je saute cette étape, mais le temps est changeant, actuellement. Et s'il fait 26° et que je crève de chaud, hein ? Ou s'il fait 14 et que je gèle ? Il valait mieux vérifier, pour pouvoir, le cas échéant, remplacer ma tenue par un t-shirt à manche courte avec pantalon léger, ou ajouter un pull et un gros manteau...
Et donc, je viens de regarder la météo.
Samedi, il va faire 26°.
Dimanche, il va faire 14°.
Si c'est une plaisanterie, elle n'est pas drôle.

Donc voilà, en résumé, maintenant je dois prendre trois tenues différentes, pour pouvoir passer le samedi enfermée dans une pièce surchauffée à apprendre la différence entre "liker" et "follower" (??), et le dimanche à errer dans le froid et la grisaille par les rues de la ville après avoir été mise à la porte de l'hôtel à 10h du matin.

Mais bon, je ne me plains pas trop. Après tout, ma copine l'assistante maternelle va bien passer toute la journée avec mes gamins, elle...

jeudi 19 mai 2016

Moins de viande ?

Il faut manger moins de viande. Il faut manger moins de viande. Il faut manger moins de viande. Depuis quelques années, on n'entend que ça. Ce n'est pas bon pour la santé. Ce n'est pas bon pour le porte-monnaie. Et surtout, ce n'est pas bon du tout du tout pour la planète. Il faut 15.000 litres d'eau pour produire un kilo de bœuf alors qu'il n'en faut que 600 pour un kilo de pommes de terre. 70% des terres agricoles sont consacrées à l'élevage. Il faut trois à neuf calories végétales pour produire une calorie animale. L'élevage produit encore plus de gaz à effet de serre que les transports. Il faut manger moins de viande, on vous dit !

Alors j'essaie. J'adore la viande, pourtant, mais j'essaie. Je mets plus de légumes que de viande hachée dans mes lasagnes, je ne mets que 100g de lardons pour six dans les pâtes, je coupe un blanc de poulet en tout petits morceaux pour donner du goût au risotto. Je n'achète jamais de steaks, ni de rôtis, alors que ça m'arrivait encore très souvent, il y a dix ans. Nous mangeons moins de viande. Les enfants râlent, et moi ça me manque, mais je suis plutôt fière de moi. J'essaie de sauver la planète, voyez-vous. Je suis une héroïne.


A part ça, aujourd'hui, je suis allée donner mon sang.
Je me suis fait virer.
"Revenez quand votre taux de fer aura augmenté, madame. Il faut manger de la viande rouge plus souvent ! Au moins deux ou trois fois par semaine !"

Et voilà, parce que j'ai voulu sauver la planète, on m'a interdit de sauver une vie.

C'est compliqué, d'être une héroïne...

lundi 16 mai 2016

Amarrage

C'est une histoire de princesse avec des paillettes sur la couverture rose, et puis des bals, des belles robes, des pétales de rose dans l'eau du bain, des bons sentiments à n'en plus finir, et ça se passe à Venise, pour faire bonne mesure.

Et voilà que ma princesse monte sur une gondole (dorée, toujours dorée, avec des coussins de velours), et qu'elle ordonne au rameur de s'arrêter là, en lui désignant une... bitte d'amarrage.

Je cherche tout de suite une autre formulation, ou je suis joueuse et j'attends de voir qui, de l'éditrice, de son assistante, ou du correcteur, tiquera le premier ?

dimanche 15 mai 2016

Fête d'anniversaire : merci

Aujourd'hui, avec deux jours d'avance et une trentaine de personnes, j'ai fêté mon quarantième anniversaire. J'ai passé une journée merveilleuse (à tel point que je ne vous cacherai pas que j'ai un peu du mal à redescendre sur terre, ce soir). Rien de spécial, pourtant, ou plutôt rien de difficile, rien de coûteux, rien d'extraordinaire : juste un buffet chez moi avec famille et amis. Des gens que j'aime, qui me font rire, qui me tiennent chaud au cœur, et à qui je voudrais, ce soir, adresser un grand, un immense merci.

À ceux que j'avais vus il y a quelques jours et ceux que je n'avais pas vu depuis deux ans ;
à ceux qui sont venus de l'autre bout de la France et ceux qui ont fait l'effort de passer le périph ;
à ceux qui sont arrivés la veille pour m'aider à tout préparer et ceux qui ont fait la vaisselle discrètement pendant que j'avais le dos tourné ;
à ceux qui ont apportés des merveilles à manger et ceux qui se sont extasiés ;
à ceux qui ont participé au cadeau collectif* et ceux qui ont eu des idées prouvant qu'ils me connaissaient bien ;
à ceux qui avaient réservé leur weekend il y a six mois et ceux qui ne m'ont confirmé leur venue que quelques jours avant ;
à ceux qui ont bavardé avec tout le monde et ceux qui étaient plus timides ;
à ceux qui ont apporté des enfants de tous les âges** et ceux qui ont joué avec ;
à ceux qui m'ont débarrassée d'un certain nombre des livres que je bradais*** et ceux qui les ont oubliés en partant ;
à ceux qui ont picoré et ceux qui se sont empiffrés ;
à ceux qui parlaient de l'Eurovision et ceux qui ne savaient pas ce que c'était ;
à ceux qui sont partis à l'heure du goûter et ceux qui sont restés jusqu'en fin d'après-midi ;
à ceux que je reverrai dans deux semaines et ceux avec qui je planifie déjà une prochaine rencontre en janvier ;
à ceux qui avaient quinze ans de moins que moi et ceux qui en avaient quinze de plus ;
à ceux qui connaissaient par cœur tous les Fantômette et ceux qui m'ont promis d'en lire au moins un ;
à ceux qui m'ont fait rire et ceux qui m'ont embrassée ;
à ceux que je connais depuis ma naissance et ceux que j'ai eu la chance de rencontrer sur ma route...

Merci.

* Un futur voyage à vélo. Je vous en dirai plus le moment venu : l'idée me plaît tant que j'ai peur de trop me réjouir à l'avance, par superstition...
** Entre 2 mois et 10 ans : sept mômes en plus des miens, si j'ai bien compté.
*** Je n'en reviens toujours pas d'avoir réussi à caser un manuel de menuiserie en espagnol.

vendredi 13 mai 2016

La mutuelle, la sécu, et l'analphabète

Un petit récit de déboires administratifs ? Je sais, ce n'est pas passionnant, mais j'ai besoin de me défouler.

Le 1er janvier dernier, Darling a changé de mutuelle. Oh, pas volontairement : c'est sa librairie qui a souscrit un contrat avec une mutuelle auquel, suite à un accord de branche, tous les salariés devaient adhérer. Contrairement à l'ancienne (appelons-la, au hasard, Ancienne), cette nouvelle mutuelle (appelons-la, soyons fou, Nouvelle) fait payer pour chaque ayant-droit. Pour Darling, elle coûte donc presque six fois plus cher que l'ancienne. Mais c'est comme ça, on n'y peut rien.

Quelques semaines plus tard, j'ai reçu un courrier de Nouvelle, me signalant qu'il ne pouvaient pas nous inscrire à la transmission automatique des données entre la sécu et eux, car nous étions toujours rattachés à Ancienne.

J'ai donc appelé Ancienne. On m'a dit qu'on faisait le nécessaire.
Deux semaines plus tard, j'ai rappelé. Même réponse.
Deux semaines plus tard, je suis allée dans une agence. Même réponse.
Et cette fois, ça a marché... sauf pour Mr Thing Two., ainsi que je m'en suis aperçue quelques jours plus tard.
J'ai rappelé. On m'a dit qu'on faisait le nécessaire.
Et puis j'ai encore appelé, le 15 avril, et on m'a dit que cette fois, c'était bon. Pour tout le monde. Même pour Mr Thing Two. De leur côté, ils ne pouvaient plus rien faire. S'il y avait une erreur, ce n'était plus leur faute. Juré.

Pourtant, sur l'onglet "complémentaire santé" de mon compte Ameli, la liste se présentait ainsi :
Darling - - - - - - - - Nouvelle
Fofo - - - - - - - - - - Nouvelle
Le Grand - - - - - - -Nouvelle
Miss Thing One - - Nouvelle
Mr Thing Two - - - Ancienne
Le Filou - - - - - - - Nouvelle

J'ai donc écrit un email à la sécu, le 27 avril. Je suis tombée sur quelqu'un de compréhensif. Il m'a répondu que normalement, c'était aux mutuelles de s'occuper de mettre en place ou mettre fin à ce lien avec la sécu, mais que vu les circonstances, "exceptionnellement", ils le feraient eux-mêmes si je leur envoyais un certificat de radiation d'Ancienne.

J'ai envoyé un certificat de radiation d'Ancienne, le 2 mai. J'ai joint copie des emails. Et une lettre d'explication, pour mettre toutes les chances de mon côté. Une lettre polie, courte, précise.

Aujourd'hui, j'ai reçu une réponse :
Madame,
Nous ne sommes pas en mesure d'adresser vos informations de paiement à votre
complémentaire santé pour le motif suivant :
Aucun contrat n'est enregistré dans nos fichiers.
Sont concernés : Mr Thing Two
Il vous suffit de vous rapprocher de l'organisme complémentaire dont vous
relevez en lui demandant de procéder à la création dans nos fichiers de l'information
pour permettre la mise en œuvre de la procédure automatique.
Avec toute mon attention, votre correspondant de l’Assurance Maladie
Le responsable de service,

M.Analphabète Illettré
Bien sûr, sur mon site Améli, la situation n'a pas bougé d'un iota, et Mr Thing Two est toujours rattaché à Ancienne.
Me croirez-vous si je vous avoue que je me suis mise à pleurer de rage ?

(A présent – vertu thérapeutique de l'écriture – j'ai plutôt envie de rire, ou du moins j'aurais envie de rire si je n'avais pas des lunettes à verres progressifs à acheter à Mr Thing Two, et pas de mutuelle. Remarquez en particulier la merveilleuse ironie de la formule de salutation choisie par ce responsable de service (!) : "Avec toute mon attention". Ce n'est pas presque drôle, dites ?)

jeudi 12 mai 2016

De futurs potirons

Commande en ligne au supermarché. Six kilos de pâtes, cinq kilos de farine, trente œufs, vingt-quatre litres de lait, etc. Une fois mes produits habituels achetés, je vais faire un tour sur la page des promotions. Tiens, oui, des petits suisses, ça fera plaisir aux enfants : j'en prends deux paquets de vingt-quatre. Oh, des plantes pour le potager ! J'ai déjà deux plants de tomates, un de courgettes, et quelques salades dans mon mini-potager, mais il me reste un tout petit peu de place. C'est quoi, ça ? Un potiron ? Ma foi, pourquoi pas ? Je n'ai jamais testé, on va bien voir ce que ça donne. Ah, il lui faut un mètre carré de terrain, bien sûr, c'est une grosse plante... Bah, allez, je lui trouverai bien un petit coin. Et ce n'est vraiment pas cher. J'en prends une.

J'aurais dû me méfier. Ça m'était déjà arrivé avec du citronat, et avec des paquets de corn-flakes. Toujours, toujours, toujours vérifier le quantités avant de valider le panier. Mais là, franchement, je n'avais même pas envisagé que ce prix dérisoire puisse correspondre, non pas à un plant de potirons, mais à... six.

Bon. Plus qu'à trouver six mètres carrés de potager.

Après tout, a-t-on vraiment besoin d'une pelouse, dites ?


mercredi 11 mai 2016

De deux fautes, il faut choisir la moindre...

Je fais couler le bain qui servira tour à tour aux trois enfants, et j'appelle Mr Thing Two. Il arrive en mâchonnant quelque chose. Soupçonneuse, je l'interroge :
— Qu'est-ce que tu as dans la bouche ?
Il mâche de plus belle, aussi discrètement que possible, puis il déglutit, et répond :
— Rien !
Mais on ne me la fait pas, à moi. Son haleine le trahit.
— Du chocolat ? Où as-tu trouvé du chocolat ?
C'est ma faute, j'ai été négligente : j'ai abandonné deux carrés sur mon bureau parce que j'en avais pris trop pour mon goûter, et j'ai laissé la tablette sortie dans la cuisine. Comme il ne répond pas, j'insiste :
— Alors, tu l'as pris où, ce chocolat ? Sur mon bureau, ou dans la cuisine ?
— Ben... c'est quoi, le plus grave ?

mardi 10 mai 2016

Négociation pour des queues de cerises

Chère Fofo,
Je suis éditrice BD chez TrèsGrandeMaison et je vous écris sur les conseils de ma collègue Trucmuche, avec qui vous avez travaillé sur des romans jeunesse. Nous aurions besoin de faire traduire l'introduction d'une bande dessinée entièrement muette : un texte assez court, environ cinq pages (voir ci-joint). Le problème, c'est qu'il nous faut le texte pour la fin de la semaine... Serait-ce possible pour vous ?
Dans l'espoir d'une réponse positive,
Bien cordialement,
Éditrice

Chère Éditrice,
En effet, le texte est court, donc je devrais y arriver pour la fin de la semaine, même s'il y a quelques recherches à faire. Je peux m'en charger. Quelle rémunération envisagiez-vous ?
Bien à vous,
Fofo

Chère Fofo,
Je suis ravie que vous acceptiez ! Nous vous proposons un forfait de 100 euros.
Bien à vous,
Éditrice

Chère Éditrice,
Vu le nombre de signes, une rémunération de 100 euros serait inférieure au tarif habituel, celui que me paie Trucmuche pour les romans. Et bien entendu, traduire ce texte précis et complexe va me demander beaucoup plus de travail que si je traduisais cinq pages de romans ! Par ailleurs, selon l'usage, il devrait y avoir une revalorisation de la rémunération lorsque le traducteur est payé au forfait. Et puis il y a l'urgence... Bref, pouvons-nous monter jusqu'à 120 euros ?
Amitiés,
Fofo

Chère Fofo,
Cela nous paraît un petit peu élevé, mais nous acceptons les 120 euros. Je vous prépare tout de suite une lettre-accord pour finaliser cela.
Bonne soirée,
Éditrice


Une bande dessinée sans texte, en dehors de l'introduction, donc aucun frais de corrections ou de mise en page. Un dessinateur célèbre. Une des plus grosses maisons d'édition en France. Un texte avec beaucoup d'expressions concernant spécifiquement la bande dessinée (pas du tout mon domaine). Plusieurs heures de travail, à caser dans les trois jours. Et elle trouve que 120 euros, soit 20 euros de plus que ce qui était proposé, c'est "un petit peu" trop cher...

lundi 9 mai 2016

Les petites reines

Vous le savez : je ne suis pas seulement traductrice, je suis aussi lectrice. Ce qui signifie, pour les non-initiés, que je reçois des romans publiés dans une des langues que je traduis, et que je dois faire une fiche de lecture pour permettre à l'éditeur de décider si ça vaut le coup ou non de faire traduire ce roman en français. Je passe donc une partie de mon temps de travail à lire des romans jeunesse, en plus d'en traduire.

Du coup, il est devenu relativement rare que je lise des romans jeunesse "pour le plaisir", et encore plus rare que ce soit des romans français. Mais ça arrive. Quand j'ai vu que Les petites reines, de Clémentine Beauvais, paru chez Sarbacane, avait remporté le prix Sorcière, un des prix français les plus prestigieux pour la littérature jeunesse, j'ai noté ce titre dans un coin de ma mémoire. Mais c'est lorsque  Télérama y a consacré une demi-page que je me suis dit qu'il fallait vraiment que je le lise.

Et bon sang, que je suis contente de l'avoir fait ! L'histoire, en deux mots : trois filles entre 12 et 15 ans sont élus "boudins" de leur lycée sur Facebook, pour cause d'obésité, strabisme, et j'en passe. Oui : en un mot, elles sont moches. Ce malheur commun les amène à faire connaissance, et à découvrir qu'elles ont toutes les trois une bonne raison de vouloir aller à la capitale le 14 juillet pour "crasher" la fête de l’Élysée. Oui, mais comment aller de Bourg-en-Bresse à Paris ? Eh bien, en vélo, par exemple. Et comment financer leur voyage ? Disons... en vendant des boudins, tiens ! Et ni une ni deux, les voilà parties, accompagnées par le grand frère de l'une d'elle, amputé des deux jambes...

Soyons clair, ce roman n'est pas un hymne aux beautés du vélo, et ce n'est pas pour cela que je l'ai lu. A part dans un très court paragraphe au tout début, l'auteure n'évoque jamais l'intérêt ou la beauté de ce moyen de transport. Ce n'est pas non plus un roman sur les méfaits du cyber-harcèlement, ni un pamphlet féministe qui clame que la-vraie-beauté-est-intérieure, ni un roman sur la filiation (la narratrice ne connaît pas son géniteur) ; certes, ces thèmes sont effleurés, mais avec une très grande légèreté. Le gros atout du roman, c'est son style. Et surtout, son humour.

Car c'est amusant, c'est drôle, c'est hilarant ! Franchement, cela faisait longtemps que je n'avais pas autant ri en lisant un roman. La narratrice est un sacré caractère, une tête de mule qui n'a pas la langue dans sa poche (c'est le moins que l'on puisse dire), qui se moque de tout, y compris d'elle-même, et a qui il ne faut pas essayer de faire prendre des vessies pour des lanternes. Elle renvoie tout le monde dans ses cordes, y compris le lecteur, et on en redemande ! Et comme le style ne suffit pas, le roman a aussi d'autres qualités : les personnages, y compris très secondaires, sont merveilleux (ah, la copine du crétin qui a organisé le concours de boudins !), la fin est parfaite (je redoutais une fin trop naïve, et par-dessus tout – même si, au fil de ma lecture, j'ai vite compris que l'auteure était bien trop maligne pour en arriver là – la transformation des trois vilains canards en cygnes...), et l'histoire retient notre attention jusqu'au bout.

Bref, mon seul regret, c'est que Les petites reines ait été écrit en français, parce que je l'aurais volontiers traduit...

dimanche 8 mai 2016

Le futur métier de Mr Thing Two

— Quand je serai grand, déclare Mr Thing Two, je veux être escaladeur.
— Alpiniste ? Tu veux escalader des montagnes ?
— Mais non ! Le mot que tu m'as dit, l'autre jour... Les gens du cinéma qui font les choses trop dangereuses...
— Ah, cascadeur ? Tu veux être cascadeur ?
— Oui, c'est ça !

Ma foi, c'est une vocation assez originale, pour un enfant de six ans. Et je dois admettre qu'il passe beaucoup de temps à s'entraîner...

vendredi 6 mai 2016

La Mer de Sable

— Bonne idée, m'avait répondu ma mère quand je lui avais parlé de mon idée d'emmener les enfants à la Mer de Sable. Ça plaira sûrement aux enfants. Et en plus, il n'y a jamais beaucoup de monde, là-bas...

Comme quoi ma mère n'est pas infaillible, contrairement à ce que j'ai longtemps cru.

Je n'avais jamais vu une chose pareille – en dehors des manifs, je veux dire. Il faut dire que je ne suis allée qu'une seule fois là-bas, il y a huit ans. Les parcs d'attraction ne sont pas ma passion, mais avec d'autres toqués, nous avions voulu rendre hommage à Fantômette (si vous n'êtes pas familier avec l’œuvre de Georges Chaulet, vous pouvez toujours demander des explications à Google, qui vous répondra). Une journée épique, avec transport en car chaotique et pluie abondante ; mais au moins, il n'y avait pas grand-monde...

Aujourd'hui, je pense que la moitié des Franciliens ayant des enfants de moins de sept ans avaient eu la même idée que moi. En dehors du spectacle (un mini-western en live), nous n'avons pu faire que deux attractions. Oui, deux. Un voyage sur une rivière souterraine au milieu des décors d'automates le matin (après trois quarts d'heure de queue), et un trajet en petit train de dix minutes l'après-midi (après une heure et quart de queue). Nous avons beaucoup regretté le Grand Splash, mais il y avait une telle foule que ce n'était pas envisageable. Surtout que nous avions été coincés dans des embouteillages inattendus le matin. Et que, même si nous ne le savions pas encore, nous allions nous perdre atrocement sur le chemin du retour (suivre les indications d'un GPS requiert un talent de décryptage que je ne possède visiblement pas, et le Grand est encore pire navigateur que Darling, ce qui n'est pas peu dire).

Mais qu'importe, au fond ? Nous avons vu des Indiens, nous avons fait de la tyrolienne, nous avons pique-niqué avec des sandwichs au jambon et au sable, nous avons caressé un mouton noir, nous avons mangé une glace pour le goûter, nous avons improvisé des chapeau de soleil avec des t-shirts de rechange noués sur le crâne, et au retour, nous avons chanté des chansons de Walt Disney à tue-tête (surtout moi) avant de traiter de tous les noms l'autre crétine du GPS qui s'obstinait à me dire de me mettre sur la file de gauche pour tourner à droite. Certes, cette journée ne ressemblait absolument pas à celle que j'avais imaginé, et j'ai trouvé que c'était cher payé pour pas grand-chose. Mais les enfants, eux, n'avaient rien imaginé du tout, et n'ont donc pas été déçus. Et quand j'ai couché Miss Thing One à une heure indécente (pour couronner le tout, j'ai découvert que ma montre retardait, et qu'au lieu de rentrer à 19h15 comme je le croyais, nous étions enfin arrivés à la maison à 20h45), et que je lui ai fait remarquer que ça avait été une journée fatigante, elle a précisé :
— Oui, fatigante, mais très belle, aussi !
J'ai trouvé qu'elle avait raison.

jeudi 5 mai 2016

Peur sur la ville

Ce matin, promenade avec les trois petits : le Grand était chez un copain. Au retour, on passe par le marché, et j'achète quelques légumes et du fromage. Et puis on s'achemine vers la maison. J'ai un gros sac dans une main, et je tiens le Filou de l'autre. Je suis obligée de laisser les Things marcher sans les tenir. De toute façon, le trottoir est trop étroit pour qu'on marche à quatre de front, ou même à trois.
Et comme tous les jours, tous les jours – parce que tous les jours, pour aller à l'école, il y a forcément un enfant à qui je ne peux pas donner la main, et un trottoir trop étroit –, j'ai peur.

Et pourtant, croyez-moi, je ne suis pas une mère angoissée. Je laisse mes gamins grimper n'importe où, chahuter n'importe comment, courir, sauter, et tomber, très souvent. Parce que dans l'immense majorité des cas, ils risquent de se faire un bleu, ou une écorchure, ou tout au plus de se casser la jambe. Rien de bien grave.
Mais là, sur ce trottoir de moins d'un mètre de large, ce gamin de six ans qui sautille, ou qui s'amuse à grimper sur un poteau, il me terrorise. Je crie, je n'arrête pas de lui crier de se tenir tranquille, de marcher doucement, de ne pas bousculer sa sœur. Parce que je sais que s'il trébuche, il risque de tomber sur la chaussée. Et sur la chaussée, il y a des voitures.
Là, si mon gamin tombe de son poteau, il ne se casse pas la jambe.
S'il tombe, il meurt.

Ce matin, je me suis demandé : comment en est-on arrivé là ? Comment a-t-on pu laisser la ville devenir un lieu aussi dangereux ? L'être humain a mis des siècles, des millénaires à se construire un environnement sécurisé, à se débarrasser des bêtes féroces, à trouver des parades contre le feu, la glace, l'eau... et a ensuite laissé les voitures envahir cet environnement. Et la rue est devenu un endroit hostile aux enfants. Combien de fois ai-je grondé un enfant qui s'éloignait ?
Je me rappelle même une fois avoir donné un jour une fessée au Filou, parti en courant. Il avait traversé une rue. Il avait moins de trois ans, et il avait profité d'une minute d'inattention de ma part ; je devrais remettre des clefs dans mon sac, ou quelque chose du genre. Une voiture arrivait, lentement ; elle s'est arrêtée. J'ai récupéré mon fils et je lui ai donné une fessée monumentale, pour marquer le coup, pour qu'il s'en souvienne. Mais avec le sentiment d'une injustice terrible. C'est normal pour un enfant de suivre un papillon, de courir après un ballon, de se précipiter vers un ami aperçu sur le trottoir d'en face. Ce n'est pas normal qu'il ne puisse pas le faire. Ce n'est pas normal ! Tout le monde est habitué, personne ne se pose plus la question ou presque, mais ce n'est pas normal !

Je rêve d'un monde où les enfants auront de nouveau le droit d'aller à l'école seuls, dès le CP, parce qu'ils ne risqueront pas de se faire renverser s'ils traversent la rue sans faire attention. Un monde où ils pourront se retrouver dehors pour jouer au ballon ou à chat, au lieu d'être enfermés chacun dans leur appartement ou leur jardin privé, ou au mieux dans un square sordide. Un monde où les gamins pourront apprendre à faire du vélo autrement qu'en tournant en rond sur la dalle d'une résidence ou dans les allées d'un parc. Un monde où la ville sera conçue pour ceux qui y vivent, pour tous ceux qui y vivent, pas pour ceux qui y passent. Un monde, donc, où toutes les villes seront piétonnes, autorisées seulement aux transports en commun, aux véhicules d'urgence, aux taxis, aux livreurs, qui rouleront au pas en dehors des grands axes. Un monde où les parents qui ont trois jeunes enfants et seulement deux mains n'auront plus peur.

J'espère vraiment que je le verrai un jour.


PS : Un article de Rue 89 qui parle à peu près du même sujet, ici.

mercredi 4 mai 2016

La coquette et le pyjama

— Mamaaaaaan ! m'appelle Miss Thing One après la douche. Je trouve pas mon pyjamaaaa !

Voilà qui est bizarre. Je ne crois pas l'avoir rangé, donc il devrait être par terre dans sa chambre, comme d'habitude, ou tout au plus sur son lit. Je monte, je jette un coup d’œil. Rien en vue. Bon, elle a dû s'habiller ailleurs que dans sa chambre, ce matin, mais j'ai la flemme de chercher.
De toute façon, ça tombe bien, ça fait une semaine qu'elle le porte, c'est le moment de le laver. Et j'ai une bonne surprise pour cette petite coquette.

— Eh bien, tiens, tu vas en mettre un nouveau. Regarde, je viens de l'acheter !
— Youpi ! Il est tout neuf !
— Oui, enfin, tout neuf pour toi, disons.
— Tu l'as acheté dans un magasin ?
— En gros, oui. Un magasin qui s'appelle eBay. Regarde, sur l'image il y a la Tour Eiffel, et une petite fille qui fait du vélo, ça m'a plu tout de suite. Et toi, il te plaît ?
— Ouiiii ! En fait je l'avais déjà vu dans le tiroir, tu sais. Je vais le mettre tout de suite. Oh, regarde, ça alors ! Je viens de retrouver mon vieux pyjama, il était derrière la porte !

Sans commentaire.

mardi 3 mai 2016

Pavlova

Alors, à la demande générale, à partir de maintenant, rien ne va changer. Ah oui, c'est encore la solution la plus simple, il faut bien le dire. Donc, suite à ma petite crise de diva en proie à des questionnements métaphysiques hier, qui de toute façon ne posait pas de vraie question parce que je n'ai jamais envisagé sérieusement ni d'arrêter ni de changer de formule (ne me demandez donc pas quel était mon propos, je n'en suis pas certaine) (je crois que je voulais juste qu'on me dise "tout est parfait, continue", au fond) (oui, c'est pathétique, je l'admets), je vous annonce officiellement que je vais continuer à parler de mômes, de livres, de casseroles, et de vélos, mais aussi de plein d'autres choses, quoique assez rarement de mécanique quantique ou de crèmes antirides, mais sait-on jamais.

Et pour commencer, un petit article cuisine, parce que je continue à passer pas mal de temps derrière les fourneaux, et il y a parfois des trucs (ou des ratages) qui méritent d'être partagés. Sans aucune recette précise, comme d'habitude, parce que ça se trouve facilement sur Internet (et puis je pèse rarement mes ingrédients).

Alors, pour l'anniversaire de mon père adoptif, dimanche, j'ai fait un dessert relativement simple, mais qui a fait pousser des ohs et des ahs à la ronde, la pavlova.
(Je vous dirais bien que j'ai aussi fait deux tartes salées, une tarte sucrée, un tiramisu, des brownies, et des crudités avec quatre sauces différentes, mais je ne voudrais pas avoir l'air de me vanter, ni vous filer des complexes) (le premier qui se rappelle – sans tricher – comment s'appelle cette figure de style qui consiste à dire qu'on ne dira pas ce qu'on dit gagne une part de pavlova) (à venir chercher sur place).


Et pourtant, la pavlova, il n'y a rien de plus simple. Mais c'est vrai que c'est bon. Il vous faut : des blancs d'oeufs (six, ou sept, ou huit, ou plus, ça dépend du nombre de tartes que vous venez de faire), de la crème liquide, du sucre, et des fruits frais. Vous voyez, ce n'est pas le genre de recette qui comporte 57 ingrédients dont 32 qui n'ont jamais passé ma porte, comme dirait Gwen.

D'abord, vous faites une meringue. Et là, je dois vous avertir : si vous n'avez pas beaucoup de chance, il n'est pas impossible que ce soit à ce moment-là que votre kitchenaid rende définitivement les armes. Vous vous retrouvez donc avec huit blancs à moitié battus. Qu'à cela ne tienne, pensez-vous : j'ai d'autres ustensiles pour battre les blancs en neige (ferme, la neige, aussi ferme que possible). Le Cuisine Companion, par exemple. Sauf qu'il est dans le lave-vaisselle, parce qu'il vient de faire fondre le chocolat et le beurre des brownies. Alors un mixeur plongeant de bonne qualité, par exemple le Bamix. Sauf que pour une raison mystérieuse, ça ne marche pas. Peut-être n'utilisez-vous pas le bon embout : vous n'avez jamais battu des blancs en neige avec ce truc. Il faudrait vérifier sur le mode d'emploi. Mais où est le mode d'emploi ? Au pire, on peut le retrouver sur Internet. Ah oui, mais depuis hier soir, votre écran d'ordinateur est en panne. Ça commence à se compliquer, cette histoire. C'est alors que dans un éclair de génie, vous vous rappelez qu'à la cave, vous avez un carton qui s'intitule "Affaires de cuisine complètement inutiles". Même que ça avait passablement énervé votre mère, lors du déménagement, il y a trois ans. Et c'est vrai qu'elles étaient inutiles, ces affaires, puisque vous n'avez pas rouvert le carton depuis, mais vous avez catégoriquement refusé de les jeter, car "on ne sait jamais". Et vous avez bien fait. Car au fond de ce carton, entre une pocheuse à œufs qui n'a jamais fonctionné et une centrifugeuse à l'embout si petit qu'une carotte n'y entre pas à moins d'être coupée en deux dans le sens de la longueur, vous retrouvez un batteur à œufs qui doit dater des années 70, ce vieux batteur à œufs increvable que votre mère vous a donné quand elle s'en est acheté un beaucoup plus moderne et joli, cet affreux truc orange, oui, orange, mais qui fonctionne parfaitement. Vous remontez triomphalement avec, vous finissez de battre vos blancs, vous incorporez le sucre jusqu'à ce que ça fasse un bec d'oiseau (si cette expression ne vous dit rien, z'avez qu'à chercher sur Internet, j'ai le sentiment que ma recette est déjà un peu trop longuette), et aussi un peu de sel ou du vinaigre ou de la maïzena si ça vous chante mais on peut s'en passer, et vous étalez ça sur du papier sulfurisé ou une plaque en silicone, attention ça va gonfler, et vous mettez ça au four, à feu doux, genre une ou deux heures, et vous avez une meringue.

Ensuite, vous faites une chantilly, pas trop sucrée, avec l'instrument qui vous plaît le plus (débrouillez-vous, je vous ai donné plein de possibilités) mais avec un vrai fouet, pas avec du gaz, parce que même si ça dépanne bien et que le goût peut être très bon, la consistance est nettement moins bonne, et ça retombe vite.

Et ensuite, vous étalez des fruits frais découpés en petits morceaux dessus. A mon avis, c'est avec des fraises que la pavlova est la meilleure. Au moins un ou deux kilos, bien mûres. J'espère pour vous que vous avez un dépédonculeur. Moi j'en ai un qui a été très admiré, nananère. Mais vous pouvez aussi mettre d'autres fruits, de préférence légèrement acidulés : c'est meilleur, pour le contraste.

Et voilà, la recette est finie. Elle a l'air très longue, comme ça, mais l'étape du kitchenaid en panne n'est pas absolument indispensable. Sans, ça donne : vous faites une grande meringue, vous recouvrez de chantilly, puis de fruits frais. Et voilà, vous avez un dessert sain (mais si, y a des fruits), délicieux, et superbe. Tant qu'on ne commence pas à le découper, je veux dire. Dans l'assiette, c'est hideux. Mais on s'en fout : il n'y restera pas longtemps, dans l'assiette, croyez-moi.

(Je n'ai pas pris de photos de celle que j'ai faite dimanche, mais j'ai retrouvé une photo d'une autre faite il y a quelques années, en été, melon / framboises / reines claudes. Pas vrai que ça a l'air appétissant ?)

lundi 2 mai 2016

Interrogations créativo-existentielles et pollyanneries

(Je trouve ce titre délicieusement indigeste, pas vous ?)

Je m’essouffle un peu, sur ce blog, ces derniers temps.
Ah bon, vous aviez remarqué ?
Oui, oui, j'avoue, j'ai parfois un peu de mal à me mettre à écrire. Il m'est même arrivé d'oublier complètement. Manque de temps ? Oui, bien sûr, surtout ces deux dernières semaines à cause des vacances scolaires, mais pas plus que quand j'avais un bébé de six mois, deux bébés de deux ans et demi, un pré-ado et une traduction à finir pour avant-hier. J'ai même plutôt moins de travail que d'habitude. Et un planning plein de trous.  C'est peut-être ça qui me met le moral en berne, d'ailleurs. Si je suis tout à fait sensible à la philosophie du carpe diem, tout à fait capable d'apprécier un bon chocolat, une fleur à peine éclose ou le chant d'un oiseau, je fais partie de ceux qui ont absolument besoin de projets pour avoir envie de se lever le matin. Et peu de choses me mettent autant de bonne humeur que recevoir un email professionnel (sauf quand il dit "Au fait, cette série ne se vend pas bien, donc finalement on ne fera pas le volume 3, j'espère que vous n'aviez pas réservé vos mois d'avril et mai pour ça", bien sûr).

Et puis parfois, j'ai l'impression de ne pas avoir grand-chose d'intéressant à dire. Bien sûr, avec quatre mômes, il y a toujours un bon mot, un moment rigolo, une petite anecdote, mais ne parler que des enfants, ça me barbe. Et j'ai l'impression de me répéter. Ou de n'avoir aucune légitimité. Au début du blog, je parlais assez souvent de littérature jeunesse, ou de cuisine, mais finalement, avec tous les blogs culinaires ou littéraires mille fois plus détaillés ou argumentés, est-il vraiment nécessaire que j'ajoute mon grain de sel ? (C'est une vraie question, n'hésitez pas à répondre franchement.) J'ai aussi l'impression de naviguer entre deux écueils : soit je me plains (les "petits tracas" de la vie quotidienne sont souvent ce qu'il y a de plus drôle à lire, à défaut d'être drôles à vivre, mais au bout d'un moment, ça donne l'impression qu'on ne voit que le verre à moitié vide, non ?), soit je m'auto-congratule (hier, soleil, invités, journée parfaite, pavlova délicieuse... oui mais franchement, y a-t-il plus ennuyeux que le bonheur des autres ?).

Bref. Rien de grave, juste une petite crise de motivation. Ça va passer. Désolée pour ces jérémiades assommantes. Je promets d'essayer de reprendre un rythme de publication presque quotidien. En attendant, une petite liste de pollyannerie, histoire de retrouver le sourire ?

- Je suis contente parce que, justement, Pollyanna, ce roman qui m'a tant marqué dans mon enfance, est enfin ressorti en français ! Regardez, c'est ici. Hélas, ce n'est pas moi qui l'ai traduit, et je regrette que les éditrices à qui j'en avais parlé aient laissé passer cette occasion de republier un classique. Mais l'important, c'est que les non-anglophones peuvent enfin le lire, et je vous y encourage vivement. La première chose que j'ai faite après l'avoir acheté, c'est le coller dans les mains du Grands. Qui s'y est plongé en faisant la moue, pour me faire plaisir, et qui l'a lu en trois jours (en alternance avec son Atlas des relations internationales de 1993) avant d'admettre du bout des lèvres que c'était "pas mal". Un sacré compliment.
- Je suis contente parce que ce mois de mai sera riche pour moi en événements, sorties et même voyages. Et je vais revoir des tas d'amis, dont certains que je n'ai pas vus depuis des mois ou même des années. Et ça, c'est presque aussi motivant qu'un contrat de traduction.
- Je suis contente parce que le fait d'avoir moins de travail me laisse plus de temps pour faire autre chose. J'ai rangé certaines parties de la maison auxquelles personne n'avait touché depuis notre emménagement. L'armoire de la salle de bain, par exemple. J'ai retrouvé 37 brosses à dents, et 18 savonnettes. Je vais pouvoir arrêter d'en acheter pendant quelque temps.
- Je suis contente parce que même si Darling part demain pour une semaine, et que ce maudit pont rallonge indûment les vacances, je vais tout de même pouvoir faire des sorties. Parce que s'il y a quelque chose que ces vacances à Nantes a prouvé, c'est que je peux vraiment sortir avec mes gamins sans avoir besoin d'un autre adulte, surtout si le Grand est là. Plus qu'à trouver des endroits sympas où aller. Et à espérer que la météo sera clémente.
- Je suis contente parce que mon père adoptif a emporté mon Kitchenaid pour le faire réparer. Depuis deux ou trois mois, il marchait très mal, et je me rends compte à quel point je m'en servais tout le temps. Actuellement, une fois sur deux, nous n'avons pas de pain, parce que j'oublie d'en acheter, ou parce que celui qu'on achète devient dur au bout de 24h. Mais plus pour longtemps.
- Je suis contente parce qu'en fait, quand je m'y mets, ce n'est pas très difficile de pondre un texte probablement trop long en un temps relativement court... (La seule question qui se pose, c'est si ce texte vaut le coup d'être lu, mais ça, ce sont mes statistiques qui me le diront, n'est-ce pas ?)