samedi 30 janvier 2016

Voyage en première classe

Vingt heures de train en une semaine ; quinze heures rien que ces trois derniers jours... Ouf ! Pas fâchée que ce soit (presque) terminé.

Cela dit, il y a des bons côtés. J'ai toujours envié les hommes et femmes d'affaire qui voyagent en première classe et qui se font apporter un plateau-repas directement à leur place, sans avoir besoin d'aller à la voiture-bar (où je ne vais jamais, de toute façon, car c'est très cher, et je préfère emporter mes propres sandwichs, ma gourde, et une thermos à l'occasion).

Maintenant, grâce à la générosité d'un éditeur, j'ai pu en faire l'expérience.


Bon, en toute franchise, ce n'était pas excellent. Pas franchement mauvais non plus, mais enfin, mes sandwichs maison sont bien meilleurs. Mais voilà, ça, c'est fait !

vendredi 29 janvier 2016

Concert imprévisible

Qui aurait pu penser qu'un jour, pour des raisons professionnelles, j'assisterais à un concert de rock dans une librairie ?

mardi 26 janvier 2016

Menu standard

Moi, aujourd'hui, à 11h50, dans la petite épicerie du village :
— Donne-moi, euh... une tranche de jambon... deux pommes... Pff, je ne sais pas quoi manger ce midi.
Derrière moi, un parfait inconnu se mêle de la conversation :
— Des pâtes ?

Je pense que mes gamins aimeraient habiter dans ce pays.

lundi 25 janvier 2016

Cafés et ségrégation sexuelle

Si j'osais, je prendrais des photos pour vous montrer.
Un café sur la place, banal, qui vend des boissons chaudes froides, et quelques friandises, et des glaces maison en été. Et qui a le wifi.
A l'intérieur : dix-sept hommes. Oui, je les ai comptés.
Et une seule femme.
La serveuse.

Et puis un peu plus loin, un autre café, banal aussi, qui fait de très bons cappuccini et des amaretti tout à fait honorables. Et qui a le wifi.
A l'intérieur : treize femmes. Non, quatorze, en comptant la serveuse. Aucun homme, à l'exception d'un petit garçon de six ans qui est en compagnie de sa mère, sa tante et sa grand-mère.

Et pourtant, ce n'est écrit nulle part que le café numéro un est interdit aux femmes. J'y suis d'ailleurs déjà allée, quelques fois. Les papys qui bavardaient à l'entrée m'ont dévisagée, mais personne ne m'a chassée.
Et Darling est déjà entré dans le café numéro deux sans se faire rire au nez.
C'est une règle non écrite. Et néanmoins très largement respectée.

A votre avis, dans quel café suis-je allé pour prendre mon goûter et vérifier mes emails ?

(Réponse : perdu ! Mon esprit de contradiction est moins fort que ma gourmandise, et le café numéro deux fait vraiment de très bons cappuccini...)

samedi 23 janvier 2016

Une semaine trépidante

Demain dimanche, à 5h du matin, début d'une semaine (de huit jours) particulièrement intense. Dans un premier temps, passage de la frontière, campagne, maison vide, démarches administratives pas forcément très drôles, mais silence et repos à volonté. Et puis à la fin de la semaine, accompagnement dans des grosses villes de France d'un auteur, dédicaces, foule, repas au restaurant, bruit et bavardage. Un enchaînement de deux parenthèses aussi éloignées de mon quotidien qu'elles le sont l'une de l'autre. Ça va être dur, le lundi 1er février, de retrouver mon train-train quotidien...

vendredi 22 janvier 2016

Le rêve du Filou

— Maman, m'annonce le Filou au réveil, z'ai rêvé que y avait plus du tout de voiture dans la ville, du tout partout, et alors on pouvait traverser la rue tout seul !

(Très bien, le bourrage de crâne anti-voitures commence à faire de l'effet, on dirait.)

— Et pis après, continue-t-il joyeusement, z'ai rêvé que y avait un chevalier qui venait, et moi ze lui ai sauté dessus et ze l'ai tout coupé en morceaux !

(Hein ??? Euh, qui d'autre s'est amusé à bourrer le crâne de mon fils ?)

jeudi 21 janvier 2016

Des cyclistes militants, Facebook, et des gâteaux

Hier soir avait lieu la réunion mensuelle de l'association de cyclistes locaux à laquelle j'ai adhéré dès que je suis arrivée ici et que j'ai constaté l'inexistence d'aménagements pour les vélos. En septembre, lors de l'assemblée général, j'avais été propulsée membre du conseil d'administration, et même du bureau. J'avais bien essayé de protester ("Mais euh, je travaille à temps plein, j'ai quatre enfants en bas âge..."), mais on m'avait fait taire ("Moi pareil", avait dit l'ex-trésorière. "Moi j'en ai trois", avait dit la nouvelle trésorière, également désignée volontaire. "Moi aussi, j'en ai trois", avait dit le secrétaire.) (Ces parents actifs de familles nombreuses qui trouvent encore le temps de participer aux actions d'une association alors que tant de retraités sans enfants ne le peuvent pas, c'est tout de même assez mystérieux...).

Toujours à l'AG, quand nous nous étions creusé la tête pour essayer de toucher plus de monde et de trouver de nouveaux adhérents, j'avais suggéré une page Facebook. Je ne suis pas une adepte, pourtant : je me suis créé (ou plutôt, une amie m'a créé...) un profil avec un faux nom il y a quelques mois pour "surveiller" le Grand en prévision de son inscription en juin, à ses treize ans, sauf qu'il ne s'est pas (encore ?) inscrit. Malgré tout, j'ai bien compris l'intérêt de la chose quand il s'agit de suivre l'actualité d'une marque, d'un éditeur, d'un organisme.
— Vous comprenez, avais-je expliqué, on ne peut pas envoyer un email aux adhérents tous les trois jours, ça les énerverait. Mais avec Facebook, s'il y a une alerte pollution, un nouveau plan vélo de la ville de Paris, un article intéressant dans Le Monde, un nouveau vélociste qui ouvre dans le quartier, hop, on peut tout mettre, et tous ceux qui suivent la page verront les infos leur tomber tout cuit dans le bec, pardon, sur le mur !
J'avais récolté des regards de merlans frits. Une douzaine ou une quinzaine de membres du CA et d'adhérents actifs, et pas un seul inscrit sur Facebook. Du coup, le président, un vieux monsieur à la voix douce qui a une autorité incroyable mais qui cache très bien son jeu, m'avait dit aimablement :
— Eh bien, c'est une excellente idée. Donc tu nous fais ça, et tu nous racontes ce que ça donne la prochaine fois, d'accord ?
— Mais, mais, mais, je n'y connais RIEN en Facebook !
— Ce n'est pas grave, on te fait confiance.

J'ai mis un certain temps, parce que je partais de zéro, et puis l'automne n'a pas été de tout repos, mais j'ai fini par prendre le coup de main. Du coup, hier, j'ai demandé la parole, très fière de moi :
— J'ai réussi ! Maintenant, si la curiosité vous prend d'aller voir, vous verrez que je l'alimente tous les deux ou trois jours. Je pense qu'on peut envoyer un email au adhérents pour leur signaler l'existence de la page, maintenant.
— Ah, parfait ! a dit le président. Eh bien, ça tombe à pic, parce que je voulais justement annoncer qu'à partir du 1er février, l'association nationale va avoir un nouveau site, qui pourra héberger les sites des associations locales. Comme notre site internet est moribond, j'ai pensé que tu pouvais te charger de transférer ce qui doit l'être et de l'alimenter comme tu le fais avec Facebook, non ?
— Mais, mais, mais, je n'y connais RIEN en programmation !
— Ce n'est pas grave, on te fait confiance.

(Voilà, à part ça c'était super chouette, beaucoup de discussions sérieuses, mais aussi des plaisanteries, deux gros fou-rires, des rencontres avec des gens avec qui a priori je n'ai pas grand-chose en commun, le sentiment d'appartenir à une communauté, et puis deux gâteaux délicieux que j'ai fait l'effort de terminer pour faire plaisir à ceux qui les avaient apportés. Ben quoi ? Il me fallait bien cinq parts pour affronter ensuite vingt minutes de pédalage par -7°C, dans la ville morte, à 23h45...)

mardi 19 janvier 2016

Une règle archaïque...

Un passage de ma traduction (roman jeunesse, niveau collège, langue latine) qui me pose problème :

"C'était un homme très à cheval sur ses principes. En tant que professeur, il ne tolérait pas le moindre contretemps, pas la moindre infraction. Il tenait beaucoup aux règles établies, même les plus archaïques : par exemple, il exigeait que les élèves l'appellent "monsieur", et non par son prénom, et qu'ils le vouvoient".

lundi 18 janvier 2016

Les trois petits à la pharmacie

Quand je récupère les trois petits à l'école maternelle à 16h15, l'instit me dit que le Filou a une conjonctivite, et qu'il faut absolument commencer un traitement, sinon elle ne veut pas le voir demain.
Bien.
(Façon de parler.)
Au lieu de rentrer à la maison, je pars donc avec les mioches dans la direction opposée, vers la pharmacie la plus proche. Je suis fatiguée, ils sont déchaînés. Quand j'arrive dans la pharmacie, ils commencent à jouer à chat entre les présentoirs. Heureusement, c'est très vite mon tour.

— Bonjour, madame, je pense que mon plus jeune a un conjonctivite...
— Je peux voir ?
— Oui, bien sûr. Filou, viens ici !
— ...
— Filou, viens, que la dame puisse regarder tes yeux !
— Nan !
— ...
— ...
— Donnez-moi juste une minute, madame.

Je vais chercher le gamin, je l'empoigne sans ménagement, je l'emmène jusqu'au comptoir et je le soulève de manière à ce qu'il fasse face à la pharmacienne.
— Voilà, vous voyez ?
— Euh, en fait, il ferme les yeux...
 — ...

Une minute plus tard, à force de déployer des trésors de pédagogie ("Mon poussin, je te promets que la dame ne va pas te toucher, juste te regarder. Tu m'écoutes, mon chéri ? Sacrebleu, ouvre les yeux tout de suite ou tu seras privé de goûter, et je te préviens, j'ai fait des cookies au chocolat !"), j'ai réussi à convaincre le gamin de montrer ses yeux rouges à la dame. Elle part chercher un collyre.

Derrière moi s'est formée une queue de quatre ou cinq personnes qui nous observent pour passer le temps. La bonne nouvelle, c'est que les Things ont arrête de chahuter. Ils bavardent avec une vieille dame qui s'est assise sur une chaise.
— Alors, vous êtes allés à l'école, mes mignons ?
— Oui, dit Miss Thing One.
— Et vous avez appris des choses, aujourd'hui ?
— Oui, on a écrit des mots. Et puis on a eu ça.
Et la gamine montre fièrement à la vieille dame le prospectus qu'elle tient à la main depuis la sortie de l'école.
— Oh, il y a des belles images, commente la dame. Je n'y vois pas très bien, vous savez. C'est quoi, ça, un bonhomme ?
— Non, la corrige aimablement Miss Thing One. C'est un pou.
— Un pou ? fait la gentille dame, un peu surprise.
— Oui, confirme Mr Thing Two de sa voix stridente dans le silence de la pharmacie. C'est un papier pour dire qu'on a des poux que la maîtresse nous a donné.

Ils n'ont pas du tout compris pourquoi tous les clients qui attendaient leur tour s'esclaffaient. Même la pharmacienne a eu du mal à garder son sérieux. Quant à moi, jamais je n'ai aussi bien compris l’expression "avoir envie de rentrer sous terre"...

(Le pire, c'est qu'ils n'ont PAS de poux, à ma connaissance. C'était juste un prospectus d'information, pour recommander aux parents de bien regarder et de traiter aussi souvent que nécessaire. C'était bien le jour...)

dimanche 17 janvier 2016

Un quasi-camarade (parfois)

Vient un moment où les enfants grandissent, et où, occasionnellement, ils deviennent de véritables camarades.

Hier soir, le Grand et moi avons regardé Le Corniaud, et nous avons ri ensemble.
Cet après-midi, nous sommes allés au musée Jean Moulin, et nous nous sommes instruits ensemble.
Ensuite, nous avons pris un goûter à base de cannelés achetés gare Montparnasse et de thé en thermos, et nous nous sommes régalés ensemble.
Enfin, nous avons marché dans le crépuscule à travers les rues de Paris, que nous avons admirée ensemble.

Bon, après il y a eu un échange un peu moins plaisant sur le thème des devoirs pas encore terminés (et même pas commencés), mais quels moments précieux que ceux où on oublie un peu la hiérarchie mère/fils pour profiter de la vie presque sur un pied d'égalité...

Joue de bœuf en sauce

Joue de bœuf en promotion, au marché. Deux kilos pour le prix d'un et demi. C'est beaucoup pour six personnes, mais nous ne mangeons pas souvent de viande, et puis les restes de viande en sauce sont délicieux réchauffés – au pire, s'il en reste vraiment beaucoup, ça fait un excellent hachis parmentier.

Mais attention, pour que la viande soit bien tendre, il faut qu'elle mijote longtemps. Au moins trois heures, me dit-on.

À 16h30, je m'y suis mise. J'ai découpé, j'ai fait rissoler, j'ai ajouté des carottes, du céleri, des oignons, un poireau, du vin rouge, des herbes du jardin, tout ça dans mon immense cocotte Le Creuset, à feu extra-doux. Chic, me suis-je dit, je n'aurais plus qu'à faire cuire du riz ou des pommes de terre à la dernière minute, et le dîner sera prêt.

Trois heures plus tard, il a bien fallu se rendre à l'évidence : ce n'était pas prêt du tout. Normalement, la viande doit devenir "così tenera che si taglia con un grissino", si tendre qu'on peut la couper avec un gressin, comme le dit le slogan d'une célèbre marque de thon italienne. Ce n'était pas le cas. Je savais que Darling, au minimum, ferait la fine bouche. Et ç'aurait été dommage de la servir comme ça, quand on sait à quel point ça peut être bon quand c'est fondant.

Du coup j'ai dû improviser un risotto aux choux de Bruxelles à la dernière minute.
Du coup nous avons mangé tard, et les enfants se sont couchés tard.
Du coup j'ai encore laissé la viande mijoter pendant toute la soirée.
Du coup, à 11h du soir, elle était parfaite. D'une tendreté incroyable.
Et toute la maison embaumait. Jusqu'au deuxième étage. Jusqu'à notre chambre.

J'ai eu faim toute la nuit.

jeudi 14 janvier 2016

Une fille, trois frères, zéro possibilité

Miss Thing One vient me voir pour se plaindre, boudeuse :
— Maman, le Grand il est pas là, et je veux pas jouer avec le Filou, et Mr Thing Two veut pas jouer avec moi, et j'aime pas jouer toute seule !

(J'avoue, j'ai ri, ce qui l'a rendue encore plus furieuse. C'est sûr qu'à son âge, je n'avais pas ce genre de problèmes : j'étais encore fille unique...)

mercredi 13 janvier 2016

La torta della nonna

Dans un magasine de cuisine, un gâteau me fait de l’œil, d'abord à cause de son nom : torta della nonna, "gâteau de la grand-mère" ! Certes, ma propre Nonna n'a jamais fait un seul gâteau de sa vie : autant on pouvait compter sur elle pour les plats salés, autant le sucré, ce n'était pas son truc. Une absence de tradition pâtissière partagée par la plupart des habitants de la région qui, comme elles, vont plutôt acheter une bonne glace lorsqu'une occasion particulière requiert un dessert (je suis toujours frappée par l'indigence du rayon pâtisserie dans les supermarchés piémontais).

N'empêche, ce nom, "torta della nonna", était évocateur, et puis la photo était appétissante. J'ai donc pris la peine de faire la pâte sablée à l'avance, et la crème à la ricotta, et de zester, de dorer, de torréfier les pignons, etc. Normalement, j'évite les recette qui se font en plusieurs étapes et avec temps de repos ou refroidissement, mais pour une fois, je fais un effort !

Le résultat fut excellent. Un goût très fin, un peu comme une tarte tropézienne mais en moins bourratif ; vraiment, ça m'a beaucoup plu. Et j'étais très contente de servir avec le thé quelque chose qui changeait un peu des cookies, muffins, quatre-quart et autres trucs rapides que je fais d'habitude pour le goûter.

Sauf que...
— J'aime pas, a dit Mr Thing Two.
— C'est pas bon, a dit Miss Thing One.
— Ça pique, a dit le Filou.

(Ils m'énervent.)

mardi 12 janvier 2016

La vétérinaire et le courage

Première fois de ma vie que je mets les pieds chez un vétérinaire. Non, rassurez-vous, Monseigneur Virgile va bien, mais comme c'est mon premier chat norvégien à poils longs, et même mon premier chat tout court, je n'ai pas compris tout de suite comment j'étais censée le brosser et le peigner, et sa fourrure était pleine de gros nœuds qu'il a donc fallu raser. Par ailleurs, nous avons finalement décidé d'adopter ce chat, un peu parce que ça me fait de la peine de le faire encore déménager alors qu'il s'est enfin habitué à nous, un peu parce que les Things (en particulier Miss Thing One) n'arrêtent pas de me supplier de le garder, un peu parce que c'est le chat le plus placide et le plus sage que j'aie jamais connu, et un peu parce que Darling lui-même a fini par s'y attacher. J'ai donc pensé qu'une visite chez la vétérinaire pour apprendre quelques points fondamentaux (vermifuge, nourriture, toilette, etc.) n'était pas du luxe.

Bref, j'arrive dans le cabinet du vétérinaire et j'explique la situation. Oui, il a plein de nœuds, je suis désolée, c'est la première fois que j'ai un chat, je l'ai hérité de ma grand-mère, etc.
— Et à part ça, il va bien ?
— Franchement, je crois que oui. Au début, je pense qu'il était un peu déboussolé, ou déprimé, ou les deux... Mais là, il s'est vraiment habitué à nous, il dort sur le tapis à côté de moi quand je travaille, il se promène dans le jardin, il va même s'installer près des enfants dans la salle de jeux. Il a du mérite, parce que j'ai quatre enfants, dont trois encore petits et très bruyants...
— Quel courage !
— Oui, il est courageux. Enfin, il faut dire qu'il peut tout de même se retirer à la cave quand les enfants lui cassent les pieds, ce qu'ils ne font pas trop, d'ailleurs.
— Je parlais de vous, pas du chat.
— Ah ! C'est vrai que je n'avais vraiment pas besoin de ça, je ne sais pas du tout comment je vais faire pendant les vacances, et puis il est déjà vieux et j'ai peur qu'il tombe malade et que ça me fasse des soucis en plus, et puis la nourriture coûte tout de même assez cher... Mais le pauvre, je n'allais pas l'envoyer à la SPA, quand même.
— Je ne voulais pas dire que c'était courageux de prendre un chat, madame. Je parlais des quatre enfants...

lundi 11 janvier 2016

Vous souvîntes-vous ?

C'est un "premier roman", un de ces romans qu'on peut lire à partir de la fin du CP, disons. Des chapitres courts, des mots simples, des illustrations à chaque page.
La première phrase du roman est presque un cliché : "D'aussi loin qu'il se souvienne..."
Sauf que le roman est écrit au passé.
Du coup, j'ai le choix entre ces deux phrases :
- D'aussi loin qu'il se souvienne, il avait toujours habité à Londres.
ou
- D'aussi loin qu'il se souvînt, il avait toujours habité à Londres.

J'ai presque envie d'appeler l'éditrice et de lui demander "Qu'est-ce que vous préférez voir figurer dans la première phrase de ce roman destiné aux lecteurs débutants : une mauvaise concordance des temps ou un subjonctif imparfait ?"

(Je sens que je vais devoir chercher une autre formulation...)

dimanche 10 janvier 2016

Je joue à la coiffeuse

Du moment que j'avais une famille nombreuse, qu'elle soit composée de garçons ou de filles, je m'en fichais un peu...

... sauf pour ça.


— Tu sais maman, dans ma classe je suis la seule qui change de coiffure aussi souvent, m'a dit hier Miss Thing One. Les autres filles, elles sont presque toujours coiffées pareil !

(Bien sûr, comme je suis féministe et que je refuse tout net l'idée qu'il faut souffrir pour être belle, je lui dit souvent que si elle veut se faire couper les cheveux, elle n'a qu'à le demander. Jusqu'à l'été dernier, elle a quasiment toujours eu les cheveux courts. C'est plus pratique, ça tient moins chaud, ça fait moins mal quand on les peigne, ça se lave plus vite, ça ne s’emmêle pas sous un bonnet, ça attire moins les poux, ça ne tombe pas dans les yeux, et en plus, franchement, ça lui va très bien. Mais maintenant, elle désire les faire pousser, et j'avoue que je je cherche pas trop à lui faire changer d'avis...)

vendredi 8 janvier 2016

Sortie scolaire au cirque

Sortie au cirque avec les petites sections de la maternelle. Quand je ne suis pas trop débordée, je me porte volontaire comme accompagnatrice, parce que j'ai des bons souvenirs des fois où ma mère accompagnait ma classe quand j'étais petite. Et c'est la première sortie scolaire du Filou. Ça tombe bien, nous devions aller au cirque pendant les vacances de Noël, mais nous n'avons pas pu pour cause de vilain virus...

Cirque avec des enfants de 3 ans, donc. Certains numéros ne leur font ni chaud ni froid : la contorsionniste qui pose un chapeau sur sa tête avec ses pieds tout en étant en équilibre sur son ventre, elle oublie qu'il n'y a pas si longtemps qu'ils se grattaient le nez avec leurs orteils. Les trapézistes, c'est un peu plus spectaculaire. Bien entendu, ce qu'il y a de mieux, ce sont les clowns et leur humour si fin à base de baffes à répétitions. Mais les animaux récoltent eux aussi un petit succès, même quand ils ne font que tourner autour de la piste. Des lions, des chameaux, des poneys, des zèbres, et même des lamas ! Chaque nouvelle arrivée déclenche de nouvelles acclamations. Le Filou lui-même cesse de gigoter deux minutes pour mieux regarder. Et puis, derrière moi, un petit bonhomme demande avec curiosité à son instit :
— Et après, il y aura un dragon ?
3 ans, l'âge où tout est possible...

jeudi 7 janvier 2016

Projets de vacances à la neige

Alors, on fait son deuil du petit cinquième, et on cherche des compensations, on a dit. Et bien avant le fait de pouvoir manger des sushis ou du fromage non pasteurisé ou même du chocolat (en cas de diabète gestationnel), ce qu'il y a de plus chouette quand on est sûre de ne pas tomber enceinte, c'est qu'on peut recommencer à skier.
Le problème, c'est que c'est un peu plus cher qu'un Mont d'Or ou un resto japonais. Petit calcul : partir à six, pendant les vacances scolaires, nous coûterait... gloups. Plus d'un mois de revenus. Inenvisageable.
Sauf que je n'y suis pas allée l'année dernière, et que pour moi, c'est LA semaine de vacances qui vaut toutes les autres réunies. Offrez-moi une semaine au ski à vie contre la promesse de ne plus jamais mettre les pieds sur une plage, et je signe tout de suite. Je ne sais pas très bien comment l'expliquer, mais le simple fait d'être à la montagne me donne l'impression que je respire mieux, que je respire enfin, comme si j'étais en apnée toute l'année sans vraiment m'en rendre compte. Et si, en plus, il y a de la neige, c'est double ration d'oxygène.
Ce n'est pas raisonnable, ce n'est pas écologique, ce n'est pas très prudent, ce n'est pas reposant, mais je VEUX aller skier cette année. Et j'aimerais bien emmener aussi les Things, qui me l'ont réclamé à moult reprises l'année dernière et de nouveau cette année. Le Filou est trop petit, et trop casse-pied en ce moment, avec ses caprices et ses colères à répétition ; et je sais que le Grand s'en passera sans grand regret, tout comme Darling. Et puis à trois, c'est beaucoup moins cher, surtout qu'on peut partir hors vacances scolaires...

J'en suis là de mes calculs et de mes réflexions quand Miss Thing One vient me voir pour se plaindre de je-ne-sais-quoi. Elle me surprend en train d'errer sur des sites d'offices de tourisme pleins d'images de neige. Elle s'étonne, et je lui explique :
— Je vais essayer de vous emmener au ski. Ce n'est pas sûr que ce soit possible, mais j'aimerais qu'on y aille tous les trois : toi, ton jumeau, et moi.

Ses yeux s'illuminent comme si je lui avais annoncé qu'on allait de nouveau fêter Noël, voire plus, et elle part en courant. Une demi-seconde plus tard, je l'entends qui assène au Filou :
— Nous, on va aller au ski avec maman, mais pas toi. Juste Mr Thing Two et moi, mais pas toi, ni le Grand. Vous, vous resterez ici. On irai au ski sans vous.

Sur quoi le Filou a piqué la dixième colère de la journée, à base de hurlements stridents, de roulades par terre, et de lancers d'objets à travers la pièce. Il voulait aller au ski, lui aussi, parce qu'il n'était plus malade, et qu'il était déjà grand. Il voulait y aller tout de suite. Non, il ne voulait pas prendre un bain, ni manger des pâtes pour le dîner : il voulait partir au ski TOUT DE SUITE.

(Aïe aïe aïe. C'est loin d'être gagné...)

mardi 5 janvier 2016

Adieux à un enfant qui ne naîtra pas

Il y a six mois, la gynéco m'a annoncé que je n'aurais très probablement plus d'enfant.

Oui, nous y pensions, et oui, je suis sérieuse. Je vous ai raconté que quand j'étais ado, j'aurais voulu avoir douze enfants, comme dans Treize à la douzaine. Plus tard, j'ai bien plus raisonnablement baissé mon ambition à six, et après les Things et le Filou, j'ai petit à petit admis que cinq suffiraient peut-être. Mais je le voulais, ce cinquième. J'ai gardé tous les vêtements de bébé, les jouets, les livres, le matériel de puériculture. Nous avons emménagé dans une maison avec une chambre de plus, actuellement salle de jeux. C'est aussi rentré en ligne de compte dans le choix que j'ai fait d'un triporteur plutôt qu'un biporteur à seulement trois places. Je me suis posé la question de savoir si je m'inscrirais dans la même maternité, où il y a déjà un dossier sur moi épais comme un dictionnaire, ou dans une autre plus proche. Nous nous sommes déjà disputé plusieurs fois au sujet du prénom. Et je lui ai choisi un surnom pour ce blog.

Mais voilà, le petit cinquième ne verra pas le jour. J'ai eu du temps pour me préparer à cette idée, car j'ai commencé il y a un an à avoir des problèmes de santé qui ont conduit à plusieurs examens et traitements qui ont à leur tour conduit à cette conclusion. Quand la gynéco me l'a dit en juin dernier, donc, je ne suis pas tombée des nues. Et je me suis dit qu'en fin de compte, c'était aussi une chance. De le savoir, surtout. Je l'ai d'ailleurs chaudement remerciée :
— Vraiment, c'était bien que nous fassions ces examens, au moins je vais pouvoir passer à autre chose. Rendez-vous compte, entre les grossesses, les moments où j'attendais d'être enceinte, et les accidents de parcours, ça fait quatorze ans que je baigne là-dedans ! Je vais enfin pouvoir passer à autre chose. Je vais pouvoir faire des projets ! Pour la première fois, je vais pouvoir dire des choses du genre "L'été prochain, nous irons camper" ou "L'hiver prochain, nous irons au ski", ou prendre des engagements professionnels à long terme, sans ajouter à chaque fois à voix haute ou mentalement "... sauf si je suis enceinte" ! Je vais pouvoir me débarrasser une bonne fois pour tout des caisses de vêtements trop petits, je vais pouvoir me projeter dans l'avenir. Et ça, c'est chouette. Pour la première fois, je vais pouvoir me représenter notre famille dans cinq ou dix ans. Je vais pouvoir penser un peu à moi, aussi. Vous vous rendez compte, je n'aurai plus jamais de petit crampon de moins de trois ans à la maison ! Fini, les nuits blanches à répétition ! Fini, les couches ! Dans seulement trois ans, je pourrai m'absenter le soir, même si Darling n'est pas là ! Et je vais avoir plus de temps libre, et je ne risquerai plus de voir s'installer le diabète gestationnel, et je vais pouvoir réfléchir à mes ambitions personnelles... En fin de compte, je suis très contente !

Sur quoi j'ai éclaté en sanglots.

Le fait que j'aie pleuré à chaudes larmes ne signifie pas que tout ce que je venais de dire était faux, pourtant. D'un certain côté, c'est réellement un soulagement de me dire que je vais passer à autre chose. Et franchement, je serais très, mais vraiment très mal venue de me plaindre alors que j'ai eu quatre enfants qui sont tous en très bonne santé (les angines et otites et strabisme et même l'asthme, ça ne compte pas). Je sais que bien des gens n'arrivent pas à en avoir, je sais que d'autres en ont un ou deux et auraient aimé en avoir davantage. Il est évident que j'ai énormément de chance.

N'empêche que ça me pince encore le cœur, souvent. Quand je vois ma sœur avec son mignon petit Gnafron. Quand je retrouve un soutien-gorge d'allaitement au milieu de mes slips. Quand je me rends compte que dans quelques années à peine, je n'aurai plus que des ados ou pré-ados pour décorer le sapin de Noël avec moi. Quand je reçois un faire-part d'une copine qui vient d'avoir un bébé. Quand j'entends parler d'une famille de cinq ou six enfants. Quand ma mère me persuade de donner mes vêtements de grossesse à Emmaüs. Vous savez quoi ? Je n'ai pas pu. J'ai récupéré le sac poubelle qu'elle avait préparé, et je l'ai remis à la cave. C'est complètement idiot, je sais. En plus, je déteste être enceinte. Mais penser que ce petit numéro cinq que j'étais toute prête à accueillir ne viendra jamais me fait comme un trou dans mon amour. Un petit trou discret, comme celui de ces petits fugueurs qui ont joué à un-petit-tour-et-puis-s'en-va entre le Grand et les Things. Mais un trou qui, je crois, ne se refermera jamais complètement. Comment un être qui n'a jamais existé qu'en imagination peut-il me manquer ainsi ?

Adieu, mon petit bonhomme. Je t'aurais aimé, tu sais...

lundi 4 janvier 2016

Spam écolo (ou presque)

Spam du jour :

 Dans le cadre de l'initiative EcoMachinTruc, vous avez été sélectionnée pour participer à une étude portant sur la protection de l'environnement. Nous souhaiterions vous inviter à remplir une courte enquête composée d’une dizaine de questions portant sur vos habitudes au quotidien en termes d’écologie : recyclage, aliments bio, économie d’énergie, etc. La participation à l’enquête est anonyme et vous prendra tout au plus 2 minutes.
Votre participation à l’enquête nous aidera à motiver les citoyens européens et à les sensibiliser aux problèmes écologiques auxquels est confrontée notre planète.
Le partenaire de notre étude a soulevé des fonds pour offrir aux participants la possibilité de retirer un Voucher hôtelier donnant droit à un hébergement dans un établissement d’Europe.

Suit une liste d'hôtels luxueux.

Franchement, pendant qu'ils y étaient, ils auraient pu aussi nous offrir le billet d'avion, pour nous récompenser de notre engagement écologique, non ?

(C'est dommage, ça démarrait bien, je trouve. C'était presque crédible... Je leur écris pour leur dire qu'on s'y laisserait davantage prendre s'ils offraient, que sais-je, un repas dans un restaurant bio végétarien, ou un pull en coton recyclé estampillé commerce équitable ?)

dimanche 3 janvier 2016

La coupelle était pleine...

Allez, une petite anecdote, que j'ai un peu hésité à raconter parce qu'après l'histoire du plancher cassé et de la porte défoncée, entre autres, j'ai un peu peur de passer pour quelqu'un de violent, alors que je suis douce comme un agneau (hum, hum)... Mais après tout, c'est plutôt une histoire drôle, et puis souvenez-vous que je ne raconte que les fois où il se passe quelque chose, et pas les nombreuses soirées où tout va bien !
Bref, trêve de précautions oratoires :

Vacances de Noël, une journée pénible, en huit-clos, et un dîner exaspérant, avec des gamins qui n'arrêtent pas d'enchaîner bêtises, caprices, et râleries. J'essaie de leur faire plaisir en allant chercher de la glace pour le dessert. Pendant que je l'ouvre, le Grand apporte des coupelles : trois très belles coupelles en céramique pour les plus de 10 ans, et trois coupelles en mélamine (une rose, une bleue, une jaune) pour les petits. Qui se mettent aussitôt à se disputer :
— Je veux la rose !
— Non, elle est à moi !
— Non, c'est pour moi !
J'essaie d'intervenir, mais ils sont fatigués, casse-pieds, de mauvaise humeur (moi aussi). Il y en a déjà deux qui pleurent ou qui crient d'une voix stridente, avant même que j'aie eu le temps de négocier. J'essaie de les faire taire, en vain. Une énorme vague de ras-le-bol m'envahit. J'ai mal à la tête. J'en ai marre. Je veux du silence. J'ai envie de hurler (mais non, ce n'est pas contradictoire), ou de leur taper dessus. Finalement, je me contente de prendre la coupelle en mélamine rose et de la balancer à travers la pièce. Un peu trop fort. Si fort, en fait, qu'à ma grande surprise, elle éclate aussitôt en morceaux.
Tout le monde fige.
Silence total.
Plus personne ne pleure. Au moins, ça a marché.
Et du coup, je n'ai plus envie de les taper. Autre bon point. Tout cela en échange d'une coupelle quasi-incassable, ce n'était pas trop cher payé, je trouve.
Je commente :
— Voilà. Comme ça, vous n'avez plus besoin de vous disputer.
Les trois plus jeunes sont encore sous le choc. Ils me dévisagent, les yeux ronds. Leur père n'ose pas bouger non plus. Et puis, à côté de moi, je perçois un léger mouvement. Je me tourne, et je m'aperçois que le Grand, qui était en train de distribuer les coupelles, a récupéré avec discrétion celles en céramique qui étaient à ma portée, et les éloigne prudemment...

Du coup, croyez-y ou non, mais le dîner s'est terminé par un énorme fou-rire général qui a remis tout le monde de très bonne humeur. J'en ri encore quand j'y repense.

(Une famille de fous, je sais) (Et c'est moi la plus folle, je le sais aussi)

samedi 2 janvier 2016

L'ennui

"Le bonheur n'est pas très intéressant à raconter", ai-je lu quelque part aujourd'hui. L'ennui non plus, quand on n'est pas Moravia. Au bout d'une bonne semaine, le Filou étant guéri, Darling ayant repris le travail, j'espérais enfin sortir avec tous les enfants, et voilà que le Grand est invité à passer le weekend chez un copain, et je n'ose pas encore me risquer dans le RER toute seule avec les trois. Alors quoi ? On va à la bibliothèque ? Raté, elle est exceptionnellement fermée ce samedi. Bon, ben on reste à la maison, comme hier et avant-hier, et on joue aux Lego, et on mange des pâtes, et on passe trois quarts d'heures dans le jardin ; il y a des disputes, une sieste pour le petit, un Winnie l'Ourson pour faire passer 75 minutes, et puis des bêtises (oh non, ne me dites pas qu'ils ont encore entièrement vidé l'armoire pendant que je faisais la vaisselle !), les incontournables lessives, quelques cris, et cette impression de faire de la garderie – et mal. Je n'ai jamais passé aussi peu de temps assise devant mon ordinateur, même pendant l'été. C'est peu dire que j'ai hâte de retrouver une vie normale. De commencer une nouvelle traduction. D'avoir un rendez-vous professionnel. De recommencer à faire du sport. De lire. De ne cuisiner qu'une fois par jour (deux en comptant le goûter). D'être seule.
Allez, plus qu'une journée, je vais y arriver !

vendredi 1 janvier 2016

Des crêpes, un film et des souhaits

Une fois de plus – c'est une habitude, chez nous – le réveillon s'est fêté en toute discrétion chez nous pour cause de microbes et de manque d'organisation (mais depuis notre jour de l'an 2013, je ne me plains plus). Le dîner de crêpes très vite expédié (Mr Thing Two, qui n'aime pas les crêpes, est allé se coucher sans dîner en protestation ; le Filou traîne encore sa saleté de virus qui l'empêche de se nourrir d'autre chose que de compotes à boire et yaourts à boire ; Darling était à ramasser à la petite cuillère après son retour au boulot, et Miss Thing One était trop fatiguée pour avoir très faim...), les ados et moi avons décidé de regarder un film, histoire de ne pas aller nous coucher à 10h le soir du réveillon. Le cahier des charge était assez précis :
- Un film français, car ma soeur ne tolère pas les sous-titres, et moi je ne voulais pas voir un film anglais doublé en français ;
- Une comédie, car le Grand n'aime pas quand c'est triste.
Du coup nous nous sommes souhaité une bonne nouvelle année après avoir vu La grande vadrouille. On va dire qu'il y a pire. Au moins, nous avons commencé 2016 en riant...

Sur ce, je vous souhaite une année avec aussi peu de virus et de bombes que possibles, une année pleine d'amour donné et reçu sous toutes ses formes, une année où vous aurez le courage, l'énergie et la chance de mener à bien les projets qui vous tiennent le plus à cœur. Et c'est aussi ce que je me souhaite. Bonne année à tous !