samedi 31 janvier 2015

Chantage au dessert pour le Filou

Déjeuner. Le Filou prend une cuillerée de pâtes, puis ôte sa serviette, descend de sa chaise, et va jouer. J'ai renoncé depuis longtemps à lui courir après, dans ces cas-là. Quand le dessert arrive, cependant, le voilà qui rapplique :
— Crème au socolat !
— Tu veux une crème au chocolat ?
— Ui !
— Alors commence par manger tes pâtes.
— Non ! Fifi a pas y aime à ladons !
— Tu n'aimes pas les lardons ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
— Moi a pas y aime !
— Tu es sûr que ce sont les lardons qui te gênent ? Regarde, ça c'est un lardon, et ça c'est un petit bout de poireau.
— Moi a pas y aime à poyeaux !
— Ah oui, c'est bien ce qui me semblait. Tu n'aimes pas les poireaux ? Tant pis pour toi. Il n'y en a pas beaucoup, et si tu les manges en même temps que les pâtes et les lardons, ça passera tout seul.
— Non ! Moi veux pas !
— J'ai bien compris. Mais si tu veux manger cette crème au chocolat, il va d'abord falloir manger les pâtes. Avec les poireaux. Promis, ça ne te bouchera pas le derrière.
— Noooooooooon !
— Bon, alors tant pis, la crème au chocolat est pour moi.

Sur ce, j'ouvre le pot, et je mange une cuillerée. Hurlements de cochon qu'on égorge. Je propose :
— Tu as changé d'avis ? Tu la veux, cette crème au chocolat ?
— Ui !
— Alors d'abord, tu manges au moins dix cuillerées de pâtes.
— Non, non, NOOOON ! Fifi a pas y aime !
— Bon, tant pis.

Et j'avale une deuxième cuillerée de crème au chocolat. Il n'en croit pas ses yeux. Il crie sa rage avec une violence qui nous assourdit tous. Mais je tiens bon.
A la quatrième cuillerée de crème au chocolat disparue dans ma bouche, il a cédé. Et il a mangé toutes les pâtes qui étaient dans son assiette, avec lardons et poireaux, en oubliant totalement de s'arrêter à dix, ce qui prouve qu'elles n'étaient pas si mauvaises, en fin de compte.


Dîner. Rebelotte. Une cuillerée de risotto aux légumes, puis il va se promener. J'attends. Le dessert arrive. Chic, des poires ! Même chantage : tu manges d'abord ton risotto. Il râle. J'insiste. Pendant ce temps-là, j'épluche une première poire, je la coupe en quartiers, j'en donne un au Grand, un à Thing One, un à Thing Two, et j'en garde un pour moi, que je pose sur le côté de mon assiette pendant que j'entreprends d'éplucher un deuxième fruit.
Et là, le Filou, qui s'est résigné à manger son risotto, attrape mon quartier de poire, et avant que j'ai le temps d'intervenir, il le lèche.
Après quoi, mort de rire devant mon indignation, et très fier de lui, il m'a lancé :
— A goûte, moi !
Je pense qu'on peut dire qu'il m'a rendu la monnaie de ma pièce.
(Mais il a tout de même mangé son riz avant d'avoir son dessert, na !)

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