mercredi 31 décembre 2014

Menu de fête pour les petits

Ce soir, ma mère et sa petite famille va fêter le nouvel an avec nous. Au menu : un saumon fumé d'extra-bonne qualité, une fondue savoyarde, une salade verte pour se donner bonne conscience, et un baba au rhum fait maison en dessert.

Ça, c'est le menu des plus de dix ans, bien sûr. Les trois petits vont manger avant nous, d'abord parce qu'ils n'aimeraient pas notre dîner, et ensuite pour que le repas soit un peu plus paisible.

Du coup, à 19h15, je commence à me demander ce que je vais leur préparer, à eux...
— Les petits, qu'est-ce que vous aimeriez manger pour le dîner, ce soir ?
— Des pâtes ! me répond Mr Thing Two.
— Avec quoi ?
— Des lardons ! me répond Miss Thing One.
— Et en dessert ?
— Crème au socolat ! me répond le Filou.

Parfait, c'était exactement la réponse que j'espérais. S'ils m'avaient réclamé de la blanquette de veau ou un cheesecake, j'aurais été bien ennuyée...

(Quoi, quoi ? Je n'y peux rien si c'est leur menu préféré. Pourquoi devrais-je leur imposer du saumon fumé, hein ?)

mardi 30 décembre 2014

De l'utilité des chaussons

Lundi matin :
— Mr Thing Two, va mettre tes chaussons, tes lunettes et un gilet avant de boire ton biberon !
Mardi matin :
— Mr Thing Two, va remettre tes chaussons avant de jouer aux légos !
Mercredi midi :
— Mr Thing Two, va remettre tes chaussons maintenant que tu as enlevé tes chaussures !
Jeudi midi :
—  Mr Thing Two, va remettre tes chaussons et faire pipi avant de déjeuner !
Vendredi après-midi :
— Mr Thing Two, va remettre tes chaussons et tes lunettes avant de regarder un DVD !
Samedi après-midi :
— Mr Thing Two, va remettre tes chaussons et un gilet avant de prendre ton goûter !
Dimanche soir :
— Mr Thing Two, va remettre tes chaussons et tes lunettes, maintenant que tu as pris ton bain !
Lundi soir :
— Mr Thing Two, va remettre tes chaussons avant de te laver les dents ! Oh, mais dis donc, tu es tout chaud ! Et tu as mal à la tête ? Et à la gorge ? Ah ben oui, tu es malade. Ça t'apprendra à traîner toujours pieds nus dans cette maison froide ! Allez, hop, doliprane et au lit.

[Mauvaise nuit, privé de sortie le mardi, manque d'appétit – c'est rarissime –, grosse sieste – encore plus rare –, re-doliprane, etc.]

Mardi après-midi :
— Mr Thing Two, va remettre tes chaussons ! Ah, mais c'est pas vrai, tu n'as pas encore compris la leçon ?
— C'est pas la peine, maman : j'ai déjà malade.

lundi 29 décembre 2014

Un déjeuner de vacances

Un déjeuner ordinaire, et même légèrement plus calme que d'habitude, puisque le Grand est chez un copain. Darling est enfin en congé, donc nous sommes cinq à table.

Le Filou commence le repas de manière traditionnelle, c'est-à-dire en pleurant et tempêtant :
— Non, pas ça ! Fifi a pas y aime !
— Mais c'est des pâtes, mon chéri !
Sauf qu'il ne s'agirait pas de le prendre pour un imbécile : il a parfaitement vu qu'il y avait des petits bouts de trucs verts planqués au milieu des féculents. Comme il ne sait pas encore dire "légumes", il insiste :
— Fifi a pas y aime à pâtes !
— Allons bon, ça c'est nouveau. Qu'est-ce que tu aimes, alors ?
— Crème au socolat ! Fifi a veut à crème au socolat !

Miss Thing One est fatiguée, et pleurniche sans cesse. Pendant que j'enfourne de force une cuillerée de pâtes (aux légumes) dans la bouche du Filou, et que celui-ci braille tant qu'il peut, menaçant de cracher sur mon plus beau pantalon, elle m'appelle :
— Maman ! Maman ! Maaaaamaaaaa ! OUUUUIIIIIIINNNNNN !
— Quoi, quoi, qu'est-ce qui t'arrive, ma puce ? Non, Filou, tu ne craches pas ! Sinon, tu ne manges rien d'autre, je te préviens !
— MAMAN ! BOUHOUHOUHOU !
— Attends, ma chérie. Filou, revient ici ! Oh, et puis va au diable. Oui, ma puce ?
— Ma fourchette est tombée ! BOUHOUHOU !
— Mais tu ne peux pas la ramasser toute seule ?
— Si mais je voulais te le dire et tu m'écoutais PAAAAAAAS ! Bouaaaaaaaahhhh !

Mr Thing Two, lui, ne pleure pas souvent, et n'est pas trop difficile face au contenu de son assiette (il est même rare qu'il n'en demande pas une deuxième ration). Mais il fait des bêtises. Planque son couteau sous ses fesses (sale, le couteau). Se retourne pour attraper un bougeoir sur la cheminée. Enfonce sa bouche dans son verre, et renverse de l'eau partout. Son père s'énerve :
— Mr Thing Two, qu'est-ce que c'est que cette manière de boire ?
— Je lèche l'eau !
— Eh bien arrête tout de suite ! Je ne veux pas de petit chien à ma table !
— Mais je fais pas comme un petit chien, je fais comme un petit chat !

Enfin, le repas se termine, et je vais coucher le Filou ("Maman, a raconte un lire ! Non, pas papa : MA-MAN !") et Miss Thing One ("Mais je veux pas dormir, je suis pas fatiguééééééée, bouhouhouhouhou ! Non, c'est pas papa qui me couche, c'est MA-MAN, bouhouhouhou !"). Darling débarrasse la table. Je redescends, et trouve Mr Thing Two avec une boule du sapin de Noël à la main :
— C'est en plastique, hein maman ?
— Ah non, c'est en verre, repose ça tout de suite, c'est fragile !
— Mais alors, si je la jette par terre, ça se casse ?
— Oui, bien sûr... Attends une minute, c'est comme ça que tu m'as cassé une boule hier et une autre avant-hier ? Tu les as jetées par terre ?
— Ben oui, mais il y en a qui ne se cassent pas, elles sont en plastique, regarde !
Un vrai scientifique, cet enfant : par élimination, il devrait réussir à déterminer assez vite quelles sont les boules en plastique et quelles sont celles en verre.

Je lui ôte la boule des mains, je lui interdis de démolir les quelques décorations qui ont survécu à la chute du sapin le 24 au soir, et je lui ordonne d'aller jouer dans sa chambre, en silence, parce que son frère et sa sœur font la sieste. Il proteste :
— Mais j'aime mieux rester ici !
— Oui mais moi je VEUX être tranquille un quart d'heure et prendre un café avec papa, alors tu fiches le camp ! Ouste !
— Non !
Le moment est venu d'employer les grands moyens. Je vais dans la cuisine, j'allume la machine à Nespresso, et je prends une barre de chocolat :
— Écoute bien, mon bonhomme : je te donne ces quatre carrés de chocolat à condition que tu ailles les manger là-haut et qu'on ne t'entende pas. C'est compris ?
— Oui, d'accord !

Il file. Je fais couler les deux cafés, j'en tends un à Darling, nous allons nous asseoir sur le canapé, et je pousse un grand soupir de soulagement :
— Ah, ça fait du bien d'être un peu seuls... Mais... C'est quoi, ce bruit ?
Ce bruit, c'est celui de quelqu'un qui descend l'escalier. Comme le Filou est coincé dans son lit-cage et que Miss Thing One doit déjà dormir profondément, il n'y a qu'une seule possibilité. Mon intuition se confirme une demi-seconde plus tard :
— Mr Thing Two ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Je t'avais donné du chocolat à condition que tu nous fiches la paix !
— Ben oui, mais j'ai déjà tout mangé !


La prochaine fois, je lui file la tablette entière.


(Je vous ai déjà dit que je détestais les vacances ?)

samedi 27 décembre 2014

Un américain à Paris

Aucune comédie musicale pendant des mois, et ensuite deux dans la même semaine. Auto-cadeau de Noël (les meilleurs), billets achetés à l'époque où j'ignorais encore que j'inaugurerai l'année 2015 par le plus gros découvert qu'ait jamais connu mon compte en banque.


Un américain à Paris, donc, au théâtre du Châtelet, en anglais (surtitré). Première mondiale, car contrairement à beaucoup d'autres, le film qui date de 1951 n'a pas été tiré d'un spectacle ; c'est donc l'inverse qui s'est produit. Et après Paris, la comédie musicale ira certainement s'installer à Broadway et ailleurs.

C'était splendide. Magnifique. Les acteurs, la musique, les décors, et surtout les numéros de danse, bien entendu. Car ça danse tout le temps, mais vraiment tout le temps, même lorsque les figurants changent les éléments de décor. Le scénario est assez fidèle à celui du film, un peu enrichi (j'aime entre autres que le rôle de la riche héritière amoureuse du jeune peintre ait été étoffé : il m'a toujours semblé qu'elle était un peu sacrifiée dans le film). Des danseurs étoiles dans les rôles principaux, des entrechats à donner le vertige, la musique de Gershwin, des toiles de fond de toutes les couleurs... Objectivement superbe.

Et pourtant, j'oserai vous avouer que cela m'a moins émue que bien des comédies musicales que j'ai vues à Londres. Pourquoi ? D'abord et avant tout parce que la danse n'est pas l'art qui me touche le plus, alors que le chant est sans doute au sommet de ma hiérarchie personnelle. Dans Les misérables, ça ne danse pas du tout, ça chante du début à la fin, et c'est ma pièce musicale préférée. Hier, ça dansait tellement que le chant était largement sacrifié. Le scénario aussi, d'ailleurs, interrompu qu'il était par de longs numéros de ballets qui n'avaient rien à voir avec l'histoire – comme dans le film, donc j'aurais dû m'y attendre. Peut-être aussi que la musique de Gershwin est moins "facile" que d'autres. Enfin voilà, que voulez-vous, je suis la fille qui préfère n'importe quel Walt Disney à n'importe quel Woody Allen ; c'est une fausse note ridicule dans ma composition d'intello bobo parisienne abonnée à Télérama, j'en ai bien conscience, mais c'est comme ça. Ceci étant, je ne regrette pas une seconde d'être allée au Châtelet, et je conseille à tous ceux qui, en regardant le film, ne seront pas tentés de sauter la scène où Gene Kelly danse pendant un bon quart d'heure dans un Paris de carton-pâte, sans que cela fasse progresser l'intrigue d'une virgule, de ne pas hésiter à s'y précipiter s'ils en ont la possibilité !

jeudi 25 décembre 2014

De belles fêtes de Noël (à quelques détails près)

En dehors du fait que la veille de la veille de Noël (le 23, quoi), ma gamine s'est ouvert le front contre un radiateur, se préparant ainsi une jolie petite cicatrice pour les années à venir, parce que bien sûr, après une hésitation d'environ trois secondes, j'ai décidé de ne PAS aller aux urgences pour lui faire faire deux points de suture, avec mes autres gamins sous le bras, un jour de grève des urgentistes (tant pis, elle n'aura qu'à porter une frange toute sa vie, voilà) ;

En dehors du fait que le 24, jour de fraternité et de liesse, j'ai appris à 17h après plusieurs relances auprès de la comptabilité d'un éditeur que le paiement de 2400 euros qu'on devait me verser le 20 décembre "au plus tard" n'avait "pas été validé" et que la comptable, quoique "vraiment désolée", ne pouvait "rien faire pour moi" avant la prochaine date de paiement, c'est-à-dire... le 15 janvier ;

En dehors du fait qu'en plein milieu de notre soirée en famille (16 convives), mon sapin a dégringolé, (un grand classique, je sais, mais qui ne m'était encore jamais arrivé personnellement), et qu'un certain nombre de mes fragiles et précieuses décorations collectionnées patiemment au fil des ans se sont brisées en mille morceaux (coupants) par terre ;

En dehors du fait que juste au moment de servir le Christmas pudding, j'ai découvert avec horreur qu'il était moisi (alors que le format miniature que j'avais prévu en guise de test et mangé quelques jours plus tôt était en parfait état de conservation) (je soupçonne que c'est le fait d'avoir enfermé trop hermétiquement le "vrai" qui ne lui a pas réussi, mais j'avais peur que les souris s'y intéressent de trop près) (heureusement, tous mes invités ont décidé en chœur que "le moisi, ce n'est pas dangereux, d'ailleurs il y en a dans le fromage", et quand j'ai ôté la couche poilue et généreusement flambé le pudding avec du rhum, tout le monde en a mangé et a apprécié) (sauf un hypocondriaque, mais nous n'avons pas insisté : il fallait bien qu'en cas d'intoxication alimentaire généralisée, il reste un adulte pour s'occuper des six orphelins) (24h plus tard, Darling, qui s'est resservi trois fois, se porte comme un charme, donc je pense que tout risque que j'aie commis un décuple homicide involontaire est à peu près écarté) ;

En dehors du fait que l'assistance électrique de mon triporteur m'a complètement lâchée et que j'ai donc bien souffert pour emmener les enfants au cirque le 25 après-midi (sachant que le Grand, désormais presque aussi grand que moi, était de la partie) (il a un problème au genou et est dispensé de sport, donc pas moyen de l'éjecter de la caisse et de le faire rouler sur son propre vélo) (je suis arrivée trempée de sueur et avec la langue au niveau des genoux  – il y a plusieurs montées sur le chemin – mais je me suis consolée en constatant que loin d'avoir une indigestion comme bien des gens le 25 au soir, j'étais affamée à l'heure du dîner) (le Christmas pudding est bel et bien digéré) ;

En dehors du fait que nous avons dû quitter le spectacle avant la fin parce que Miss Thing One piquait du nez, son pouce à la bouche, et Mr Thing Two gigotait à tel point que j'ai cru qu'il allait tomber dans la rangée devant la nôtre (mais nous avons eu le temps de voir le numéro de la dame qui fait apparaître des hommes torse nus dans des cabines, alors je n'ai pas eu trop de regrets) ;

En dehors de ces quelques détails, donc, nos fêtes de Noël se sont très bien passées. J'espère que c'est le cas pour vous aussi. Joyeux Noël à tous !

mardi 23 décembre 2014

Albums de Noël : comment devient-on le Père Noël ?

Juste avant qu'il ne soit trop tard, je veux vous présenter quelques albums de ma collection qui répondent tous à la même question : quelle est l'histoire de ce bonhomme qui distribue des cadeaux le jour de Noël ? D'où vient-il ? Pourquoi fait-il cela ?

Quand je serai grand, je serai le Père Noël, de Grégoire Solotareff (L'école des Loisirs, 1988) est un grand classique. Le jeune Noël, un petit garçon toujours vêtu de rouge, fait la rencontre de trois nains fabricants de jouets qui ont besoin d'aide pour les distribuer dans le monde entier... Aucune révélation fracassante dans ce récit, et pas autant d'humour que dans le Dictionnaire du Père Noël du même auteur, mais une histoire charmante, même si elle laisse pas mal de questions sans réponses.

Monsieur Noël, de Jean-Charles Sarrazin et Pascal Teulade (L'école des Loisirs, 2003), est nettement plus original, à tel point qu'on pourrait presque ne pas deviner tout de suite la direction que prend le récit. Pupuce et son papa bricoleur vivent heureux dans une cabane fait de bric et de broc, mais les voisins n'aiment pas ce taudis. Ils demandent alors aux oiseaux de les emmener ailleurs, et atterrissent au Pôle Nord... Aucune magie dans cette histoire (même le vol des rennes est expliqué). Amusant.

Un, deux, trois Saint Nicolas, de Peter Grosz et Giuliano Lunelli, traduit par Géraldine Elschner (Nord-Sud, 1998) a la particularité de nous présenter non pas un mais trois vieux bonshommes rouges qui distribuent des cadeaux (nommés ici Saint Nicolas, selon la tradition germanique, mais il s'agit bien du même personnage). Conte étrange et poétique où un brodeur de mots, un courbeur de bois et un lisseur de pierres se rencontrent, vivent ensemble, et finissent par distribuer le fruit de leur labeur... De très belles illustrations, et une sorte de post-scriptum sans mots que j'aime beaucoup dans la dernière page de garde. Une réussite, comme presque tous les albums Nord-Sud sur le thème de Noël.

L'histoire secrète du Père Noël, de Vincent Cuvellier et Sébastien Mourrain (Milan, 2005) est ouvertement inspiré des Misérables de Victor Hugo : un voleur évadé, condamné à dix ans de prison pour avoir volé un morceau de pain, est accueilli par un curé, le père Mirabelle ; mais pour tout remerciement, le voleur lui dérobe une bague... et c'est cette bague qui fera basculer l'histoire dans une nouvelle dimension en tombant dans une cheminée. Une sorte de fable, assez sombre (du moins au début), mais qui m'émeut toujours.

Enfin, il y a Le nouveau, de Didier Levy et Matthieu Roussel (Sarbacane, 2004), dont j'ai déjà parlé ici ; peut-être un de mes préféré sur ce thème.






lundi 22 décembre 2014

Le bal des vampires

Hier après-midi, direction le Théâtre Mogador pour voir sur scène Le Bal des vampires. Je n'ai jamais vu le film – une lacune que je m'engage à combler prochainement, j'ai même déjà le DVD qui m'attend sur une étagère depuis plusieurs mois – mais comme j'avais vraiment beaucoup apprécié La belle et la bête l'année dernière, dans ce même théâtre, j'ai supposé que ce serait un spectacle de qualité ; et je vous ai déjà dit ma passion pour les spectacles musicaux de ce genre.

(Cliquez pour agrandir)
Verdict ? C'était excellent. Plus ou moins dans l'ordre, j'ai énormément apprécié les décors fabuleux, qui justifient à eux seuls le prix de la place, et puis le talent des acteurs/chanteurs, en particulier l'énergie incroyable déployée par les figurants ou rôles secondaires, et puis l'humour omniprésent, en net contraste avec le film paraît-il, qui m'a fait parfois rire aux éclats (ah, l'éponge du comte ! Et l'aubergiste et le crucifix !), et puis aussi la musique (jouée par un véritable orchestre, bien entendu), etc. Un bémol : les paroles des chansons. Très plates, parfois même franchement mauvaises ("tu me laisses à genoux quand tu éclipses mon cœur", hurlé à pleine voix avec beaucoup de conviction à au moins dix reprises par deux des personnages principaux, m'a laissée franchement perplexe). Dommage, mais cela n'a pas gâché mon plaisir. En tous cas, j'en conclus que le théâtre Mogador ne fait pas les choses à moitié quand il s'agit de monter une comédie musicale à la manière anglo-saxonne, et cela me ravit. J'y retournerai, c'est certain !

vendredi 19 décembre 2014

Albums de Noëls : hors catégorie

Les années précédentes, au cours du mois de décembre, je vous avais présenté plusieurs albums sur le thème de Noël : je les collectionne depuis des années. Je voulais en faire autant en 2014, mais je n'ai pas eu le temps / le courage / l'envie... Alors hop, avant qu'il ne soit vraiment trop tard, je vous en montre au moins quelques-uns. Vous trouverez les autres sous la rubrique littérature de jeunesse : albums, dans la colonne de droite. Et je vais commencer par les deux que j'ai achetés cette année, qui sont tous les deux plus ou moins "hors catégorie", car ils n'effleurent que de loin le thème de Noël :


20 bonnes raisons de croire au Père Noël, de Michaël Escoffier et Romain Guyard, Editions Frimousse, 2010. Pourquoi faut-il croire au Père Noël ? Parce que s’il n’existait pas, les rennes n’auraient pas de travail. Sil les rennes n’avaient pas de travail, ils passeraient leurs journées au café. Si les cafés étaient remplis de rennes, les chasseurs s’ennuieraient. Si les chasseurs s’ennuyaient, ils passeraient leur temps à courir après des lapins. Si les lapins étaient persécutés, ils creuseraient plein de trous pour se cacher… Et ainsi de suite, en une chaîne d’événements totalement burlesques et absurdes qui passe par l’extinction du soleil, l’invention des aspirateurs à cauchemars, et une maîtresse qui mange des limaces, pour finalement retomber sur ses pattes (bancales)... Chaque phrase est illustrée par un grand dessin qui s’étale sur une double page. Un album qui amusera peut-être encore plus les grands que les petits.



L'étrange réveillon, de Bertrand Santini et Lionel Richeran, Grasset jeunesse, 2012.  En voilà un qui est vraiment très, très étrange : le titre n'est pas usurpé ! Très sombre, et même franchement macabre, il nous présente un petit garçon de sept ans orphelin de ses deux parents qui organise un réveillon avec des cadavres venus du cimetière voisin, dans l'espoir de les interroger sur le mystère de la mort... Les cadavres se réveilleront-ils ? Et les parents de l'enfant daigneront-ils se montrer ? Un livre un peu triste, qui rappelle vaguement L'étrange Noël de Mr Jack, en moins humoristique et plus touchant.


jeudi 18 décembre 2014

Considérations sociales à l'heure du goûter

— Dis donc, mon grand, où as-tu rangé le quatre-quarts que j'ai fait pour le goûter ?
— Ben, mon copain et moi, on l'a mangé.
(Je manque de m'étrangler).
— QUOI ? Vous avez mangé un quatre-quarts entier à vous deux ?
— Ah non, tu en avais pris une part avant d'aller chercher les petits !
— Pardon, c'est vrai, je reprends : vous avez mangé neuf dixièmes de quatre-quarts À DEUX ?
— Ben quoi, on a pris que trois parts chacun, c'est tout, je te jure !
(Trois parts de deux centimètres de large chacune, donc, à vue de nez).
— Non mais tu plaisantes, ou quoi ? Tu sais que je n'aime pas que tu t'empiffres pour le goûter, après tu n'as plus faim pour le dîner !
— Ben oui, je sais, mais tu comprends, quand c'est moi qui vais chez mon copain pour le goûter, ses parents me laissent manger autant de crêpes que je veux, alors quand il vient ici, je n'ose pas lui dire de ne pas trop se resservir, parce que sinon il va penser que tu es radine...
— Tu es vraiment trop gentil de te soucier de ma réputation. Mais à défaut de l'arrêter, lui, tu ne pouvais pas t'arrêter de manger, toi ?
— Ah non, il aurait peut-être été gêné d'être le seul à en reprendre !

Comment peut-on en vouloir à un enfant qui fait preuve d'un tel tact, dites-moi ?

(Surtout qu'en fin de compte, il n'a eu aucun mal à terminer son assiette de pâtes aux légumes, le soir, et il s'est même resservi...)


mercredi 17 décembre 2014

Les bruits du silence

Mon père adoptif est venu déjeuner chez moi. Il est arrivé un peu plus tôt, et lit pendant que je travaille. Un bruit se fait entendre. Il s'étonne :
— Qu'est-ce que c'est que ce bourdonnement ?
— La machine à laver, l'essorage a commencé.
Une minute plus tard :
— Et ces "bip bip" ?
— Le four, le pain doit être cuit.
Une minute plus tard :
— Allons bon, et ce souffle, maintenant ?
— Le déshumidificateur, il se déclenche quand le taux d'humidité dépasse un certain seuil.
Une minute plus tard :
— Mais c'est pas vrai ! Et ce grondement ?
— Le robot, il mixe la soupe après l'avoir fait cuire, on va bientôt pouvoir manger.
 Une minute plus tard :
— Et ce "dong" ? Ce n'est pas possible, ta maison est hantée, ou quoi ?
— Mais non, c'est juste un texto qui est arrivé sur mon portable...
Une minute plus tard, le "drrrrrring" de la sonnette a annoncé l'arrivée du Grand, et nous sommes passés à table. Je ne jurerais pas que mon père avait beaucoup avancé dans sa lecture...


(PS : Mon problème de santé est résolu, mais j'ai un peu le moral en berne, par moments. J'en suis à me poser de graves questions sur le sens de l'existence, la vie, la mort, tout ça, mais en fait, je soupçonne que ma tendance mélancolique à philosopher soit très étroitement corrélée à mon taux de fer...) (Ce qui veut probablement dire que dans quelques jours, ça ira mieux, et que mes "Pourquoi y a-t-il quelque chose au lieu de rien ?" auront cédé la place à "Quels petits gâteaux vais-je faire pour le goûter aujourd'hui ?) (Et de toute façon, dans deux jours, ce sont les vacances scolaires, donc je n'aurai plus le temps de m'interroger sur le sens du temps qui passe) (Et dire que certains se demandent pourquoi les grands philosophes sont rarement des mères de famille nombreuse) (Comme dit Jean-Jacques Goldman, "Fais des bébés, fais des bébés / Si tu sais plus ce que tu fous là ni à quoi tu sers / Eux le sauront pour toi, redeviens mammifère / Pas compliqué : fais des bébés !") (Ah, tiens, je crois que je viens de comprendre quelque chose...)

lundi 15 décembre 2014

Problème de santé et voyages dans le temps

Je ne suis pas très présente sur ce blog ces derniers temps, mais j'ai une bonne excuse. Deux, même. D'abord, j'ai tout plein de boulot ; mais cela n'a rien de nouveau. Ensuite, j'ai un problème de santé qui m'affaiblit beaucoup, et de plus en plus. Je ne rentrerai pas dans les détails ; la seule chose qui compte, c'est que ce n'est rien de grave. Le pire qui puisse m'arriver, si le médicament que je viens de commencer ne fonctionne pas mieux que les précédents, c'est de devoir subir une opération. Une opération bénigne, juste quelques heures à l'hôpital, ce qui ne m'aiderait pas à achever ma traduction d'ici Noël, mais me permettrait de terminer enfin ma relecture du Vicomte de Bragelonne, donc ce serait presque chouette, en fin de compte (Pollyannisons, pollyannisons).

Tout à l'heure, dans la salle d'attente d'un médecin, j'ai repensé à une auteure connue qui écrit des romans historiques et à qui j'ai servi d'interprète il y a quelques années. Ce jour-là, les enfants lui avaient posé plein de questions, et parmi celles-ci était tombée l'inévitable :
— Est-ce que vous aimeriez voyager dans le temps pour retourner au temps des pirates / de la Révolution Française / de la découverte de l'Amérique, comme vos héros ?
Au lieu de sortir une platitude quelconque, elle avait répondu tout net :
— Certainement pas. Parce que si j'avais vécu à une de ces époques, je serais morte en couche, et mon bébé avec moi.
La douche froide. L'assistance avait mis quelques secondes à s'en remettre.
N'empêche que cette piqûre de rappel était intéressante. Et j'y repense souvent, ces derniers temps. Parce que ce qui m'arrive n'est pas grave du tout... ici et aujourd'hui. Dans un pays pauvre, ou à une autre époque, qui sait ?
Cela n'empêche pas de rêver, bien sûr. Mais c'est une pensée à garder dans un coin de la tête, quand je me surprends, au fil de ma lecture, à me dire que je me verrais bien aux côtés de Louise de la Vallière, en demoiselle d'honneur de Madame, belle-sœur du roi Soleil...

dimanche 14 décembre 2014

Un fer à QUOI ?

Je branche un fer à repasser. Mr Thing Two m'observe, les yeux ronds :
— C'est quoi, ça ?
— Un fer à repasser, mon chéri. Ne t'approche pas, ça brûle.
— Mais à quoi ça sert ?
— Eh bien, à rendre les vêtements lisses, tu sais, sans plis.
— Mais pourquoi faire ?

Bonne question.

Ne vous étonnez pas trop du fait qu'à quatre ans et demi, il ne reconnaisse pas un fer à repasser : dix minutes plus tôt, j'avais téléphoné à Darling à son travail :
— Dis, tu sais où est le fer à repasser ?
— Il me semble que la dernière fois que je l'ai utilisé, il y a quatre ou cinq mois, c'était dans la cave. Regarde sur les étagères à droite en entrant.
— Ah, oui, je l'ai trouvé !
— Mais, mais, qu'est-ce que tu veux en faire ? Tu vas... repasser quelque chose ?
— Non, non, c'est juste pour faire un ourlet rapide au rideau qui traîne par terre, avec une bande thermocollante : j'ai peur qu'un gamin se prenne les pieds dedans.
— Ah, d'accord, je comprends mieux...

vendredi 12 décembre 2014

Pollyanneries

J'ai du boulot par-dessus la tête, j'ai 3,60 euros sur mon compte en banque et je dois de l'argent à toute ma famille (y compris mon fils) (j'ai vidé le livret A du Grand) (avec son accord, bien sûr) ("Surtout ne te gène pas, chère maman, je voudrais en avoir plus pour pouvoir t'aider encore plus", m'a-t-il dit) (non, en vrai il a dit "Heu, bon d'accord, mais alors tu me paies des taux d'intérêts comme la banque, ou plutôt, non, on va dire le double") (cet enfant ira loin), j'ai rendez-vous cet après-midi avec deux médecins spécialistes différents pour deux soucis de santé différents (rien de très grave, mais la barbe), mes nuits sont trop courtes, mon vieux vélo est en train de partir en morceaux, je ne suis pas allée au cinéma avec Darling depuis des mois faute de baby-sitter, nous venons d'annuler nos prochaines vacances de ski (ça c'est vraiment un crève-cœur), et le Filou a décidé depuis deux ou trois semaines de boycotter le pot pour la grosse commission et de déposer élégamment sa bouse quotidienne dans sa culotte.

Bref, tout ça pour dire que j'ai besoin d'une petite dose de pollyanneries.

- Je suis contente parce que comme j'ai plein de boulot, je sais que mes problèmes d'argent sont temporaires, et que ça ira beaucoup mieux dans deux ou trois mois. Le nouveau vélo et l'insert dans la cheminée peuvent attendre l'année prochaine, le ski aussi (snif) ; ce n'est pas comme si je devais compter les patates du gratin dauphinois ou mettre cinq pulls pour ne pas avoir à chauffer la maison (ça tombe bien, je n'ai pas cinq pulls).

- Je suis contente parce que ce compte qui crie famine me donne une excellente excuse pour ne pas acheter de nouveaux vêtements (je déteste le shopping) et pour offrir des cadeaux miteux à ma famille à Noël (ben quoi ?).

- Je suis contente parce que je vais sortir de chez moi cet après-midi, et voir du monde (les médecins, ça compte, surtout s'ils sont sympathiques et bavards, non ?).

- Je suis super contente parce que dans une semaine, je recevrai des amis que je ne vois pas assez souvent et avec qui je m'entends très bien (ça, c'est vraiment LA perspective qui me remonte le moral ces derniers jours) (et comme ce sont des gens bien, ils ne râleront même pas si je leur sers des patates à l'eau) (en outre, s'ils lisent mon blog, ils vont arriver avec des provisions) (eh, les copains, je rigole, hein !)

- Je suis contente parce que j'aime mon boulot, et que le bouquin que je traduis actuellement, suite d'un premier volume sur lequel je m'étais arraché les cheveux, est meilleur que le précédent, donc je m'y plonge sans déplaisir.

- Je suis contente parce que j'ai fait installer des rideaux entre mon bureau et le salon, et qu'à défaut de m'isoler phonétiquement, cela me permettra peut-être de faire comprendre à ma famille que quand je travaille, je ne suis pas disponible. Et puis comme ça, si je blogue ou si je traîne sur des forums au lieu de bosser, Darling et le Grand ne s'en apercevront pas.

- Je suis contente parce que bientôt, les jours vont recommencer à rallonger, donc je vais recommencer à voir un peu de lumière naturelle le matin et le soir dans les trajets école / ass-mat.

- Je suis contente parce que Avent, sapin, guirlandes, chapon, Vive le vent, cadeaux, chocolats, famille, illuminations, Noël, quoi.

Allez, haut les cœurs !





mercredi 10 décembre 2014

Lumineux

Je reviens de chez l'ass-mat en vélo avec le Filou. Soudain, en plein milieu d'une rue tranquille, le gamin pousse un cri strident :
— Là ! Là !
Je sursaute et je freine brusquement (par bonheur, je suis seule sur la chaussée) :
— Quoi, quoi ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Là ! Éteint !
Je traduis (c'est mon métier, après tout) :
— Allumé ? Je dois allumer quelque chose ? Mes lumières sont déjà allumées, je te signale.
Mais non, il tend le bras vers une maison :
— Là ! Fifi a y aime à Oël !

Oui, le Filou aime les décorations lumineuses qui clignotent dans certains jardins en période de Noël. Et il tient à le faire savoir. Il tient aussi à les admirer longuement. Toutes. Sans exception.

Depuis quelques jours, je mets facilement vingt ou vingt-cinq minutes au lieu de dix pour revenir de chez l'ass-mat en vélo. Je songe à lui bander les yeux pour faire les trajets jusqu'à la fin du mois...

mardi 9 décembre 2014

Un triporteur lyonnais

Et moi qui trouvais le mien un peu encombrant...

lundi 8 décembre 2014

Fête des Lumières

Escapade à Lyon, chez une amie, pour la fête des Lumières. Depuis le temps que je me promettais de venir... Deux jours sans enfants, sans boulot (les relectures d'épreuves, ça ne compte pas, hein ?), sans ordinateur, sans lessives et sans horaires. Une petite pause, le temps d'emmagasiner quelques belles images et quelques fous rires, et puis on recommence.




dimanche 7 décembre 2014

Le Grand a grandi

Il faut vraiment, vraiment que j'achète des nouveaux t-shirts à ce garçon.


samedi 6 décembre 2014

Les six chaussettes de Saint-Nicolas

Nous avions beau en parler depuis une semaine, hier soir, à l'heure d'aller se coucher, ni enfants ni parents ne se sont souvenus de laisser un verre de lait pour Saint-Nicolas et une carotte pour son âne – et dire que j'en avais gardée une exprès.

Malgré tout, miraculeusement, Saint-Nicolas n'a pas oublié de faire un crochet par Paris au milieu de sa tournée des pays germaniques (et assimilés) afin de nous apporter plein de bonnes choses. Je dis bien miraculeusement, car ça ne lui est revenu à l'esprit que vers minuit et quelques, alors qu'il venait de fermer les volets et s'apprêtait à aller se coucher après s'être usé les yeux sur un écran d'ordinateur toute la soirée. Un peu étourdi, parfois, le Saint.

Tout le monde a été bien gâté, même Darling qui, peu friand de sucreries, a eu la surprise de trouver une bouteille de bière dans une chaussette à son nom (même sans savoir lire, les trois petits ont tout de suite compris à qui était elle était destinée, ce matin). Et depuis, le Grand dévore du pain d'épices, Miss Thing One dévore du chocolat, et le Filou et Mr Thing Two dévorent tout ce qui leur tombe sous la main, du moment que c'est sucré.

Voilà, ça, c'est fait, tout comme les calendriers de l'avent, les décorations, et la crèche. Prochaines étapes : les lettres au Père Noël, le sapin, le réveillon du 24, le déjeuner du 25, le nouvel an, la galette des rois, et éventuellement la Befana. J'ai eu beau scruter mon arbre généalogique sous tous les angles, je n'ai trouvé aucun ancêtre suédois à prendre pour prétexte pour fêter Sainte Lucie. Mais en fin de compte, je ne le regrette pas tant que ça...

vendredi 5 décembre 2014

Couvercle retourne-omelette

Parmi les ustensiles absolument indispensables qui occupent ma cuisine, il y a un couvercle retourne-omelette.
Vous vous moquez ? Vous avez tort.

Les omelettes à tout et n'importe quoi, c'est un excellent moyen d'écouler les restes, en y ajoutant simplement des œufs, du fromage, et un peu de lait. Et ce qu'il y a de mieux, c'est que même si les gamins ont détesté cette poêlée de légumes accompagnée de riz basmati, par exemple, lorsque ce qu'ils ont dédaigné est transformé en omelette, ils n'y voient que du feu, dévorent leur part, et en redemandent, même le Filou, toujours si pénible au moment des repas !

Le problème, c'est que retourner une grosse omelette bien épaisse de 30 cm de large n'est pas facile. Avant, je faisais glisser l'omelette dans une grande assiette, puis je posais la poêle par-dessus, puis je saisissais le tout avec de grosses maniques, puis je faisais pivoter l'ensemble en priant pour que l'assiette ne glisse pas, et en m'éclaboussant d'huile bouillante au passage.

Jusqu'au jour où, donc, j'ai acheté cette "tapa voltea-tortilla" tout droit venue du pays des omelettes aux pommes de terre. En réalité, ce n'est qu'un couvercle tout simple, mais parfaitement lisse (à l'exception de la petite vis qui tient la poignée) et sans trous. Pas plus cher qu'un couvercle quelconque, d'ailleurs, et vous pouvez aussi l'utiliser sur une casserole pour faire bouillir de l'eau, il ne se vexera pas. Un achat pas ruineux, et bien utile, donc.

Je dois cependant avouer que ce soir, pour la première fois, mon couvercle m'a fait défaut. Ou peut-être est-ce moi qui ai voulu aller trop vite ? Toujours est-il que cinq minutes avant de passer à table, au moment de retourner une énorme omelette au riz et légumes, j'ai raté mon coup, et j'ai fichu la moitié de mon omelette par terre.

Ce que j'ai fait ?
A votre avis ?

Franchement, qu'auriez-vous fait, vous ? Vous auriez partagé une demi-omelette entre six affamés ? Vous vous seriez lancé dans la confection d'un autre repas à 19h30 ?

De toute façon, ensuite, l'omelette a passé encore quelques minutes sur le feu, dans l'huile bouillante ; il n'y a pas beaucoup de microbes qui peuvent survivre à ce traitement, pas vrai ? Et trois grains de poussière frits n'ont jamais tué personne..

mercredi 3 décembre 2014

Le vélo, le chauffard, le loisir et le Bon Coin

Sur le site Le Bon Coin, les caravanes et les bateaux sont rangés dans la catégorie "véhicules", comme les voitures et les motos, mais les vélos sont rangés dans la catégorie "loisirs".

Ce qui me rappelle qu'il y a deux ou trois semaines, un dimanche soir, avec mon triporteur vide, dans une toute petite rue en zone 30 semi-piétonne, je me suis fait klaxonner par un goujat qui estimait que j'aurais dû m'arrêter et grimper sur le trottoir pour le laisser passer, puisqu'il n'avait pas la place de me doubler. Ce que j'ai fait, d'ailleurs, parce que c'est horrible d'être talonnée par une tonne de métal dirigée par un type énervé, potentiellement aussi meurtrière que n'importe quel flingue. Quand il est passé devant moi, cependant, je l'ai copieusement injurié – autrement dit, je lui ai lancé un "Non mais ça va pas ?" du plus bel effet (admirez mon courage et mon vocabulaire). Sur quoi il a pilé net et m'a hurlé par la portière : "Ta gueule, espèce de salope, va te promener à la campagne, je n'ai pas le temps de me traîner derrière une connasse qui fait du vélo !"
Après quoi, il a redémarré et a filé à toute allure, pour aller rejoindre les grands boulevards à cent mètres de là, probablement très fier d'avoir gagné au moins cinq secondes.

Alors, bien entendu, on pourrait épiloguer sur la violence du langage utilisé ; ou sur l'ironie qui consiste à s'arrêter pour expliquer qu'on est pressé ; ou sur la stratégie qui consiste à remprunter une zone 30 pour aller plus vite que sur les grands axes (assez peu embouteillés le dimanche soir, mais comprenant quelques feux rouges). Mais laissons cela pour un autre jour. Car en fait, ce qui m'a le plus frappé, une fois mon rythme cardiaque (fortement ébranlé, d'abord par le coup de klaxon inattendu, ensuite par les insultes) redevenu normal, c'est cette idée selon laquelle je me promenais. Pour ce charmant monsieur, je "faisais du vélo". Un dimanche soir, en pleine nuit, sous une petite bruine glaciale, dans une banlieue sans intérêt, seule sur un triporteur de 56 kilos, je n'allais pas quelque part dans un but précis, non : je flânais, très certainement. Parce que le vélo, aux yeux de bien des gens, c'est un loisir, pas un moyen de transport, et encore moins un véhicule permettant d'aller chercher un meuble à huit kilomètres de chez soi. Juste un loisir – ce que confirme Le Bon Coin.
Tous les cyclistes à qui des chauffards ont déjà lancé "dégage, moi je travaille" alors qu'ils roulaient en ville un jour de semaine à 9h du matin avec attaché-case sur le porte-bagage apprécieront.

mardi 2 décembre 2014

Paroles d'auteurs, Salon de Montreuil 2014

Allez, quelques derniers extraits du salon, et après on passe à autre chose, avant que ça fasse trop "réchauffé" :

— Monsieur, pourquoi vous écrivez des livres ? demande un jeune ado.
— Et toi, pourquoi est-ce que tu as un chapeau en carton sur la tête ?
(Je suppose que l'auteur voulait dire par là "parce que j'en ai envie", mais l'ado a eu envie de rentrer sous terre.)

— Est-ce que votre livre est disponible en e-book ? demande un technophile.
— Pas encore, je crois. Mais c'est assez facile de le pirater.
(L'éditrice était dans la salle. Je ne vous raconte pas sa tête.)

— Tu dois en avoir marre de signer des dédicaces à la chaîne,  dis-je à l'auteur que j'accompagne, compatissante. Même si ça doit faire plaisir de voir tout ce monde qui t'admire...
— Oui, et surtout, je me dis qu'à chaque livre que je signe, c'est un euro de plus sur mon compte en banque.
(Je me suis abstenue de traduire ça aux fans qui l'attendaient depuis des heures.)

— Aux débuts de l'internet, j'étais un vrai hacker, se vante un auteur. J'avais même réussi à créer une carte bleue virtuelle, et je me suis amusé à commander vingt exemplaires d'un bouquin. Ce n'est que quand les bouquins sont arrivés chez moi que j'ai mesuré l'erreur que j'avais commise.
— Vous avez dû être horrifié d'avoir commis un vol ! appuie le professeur qui accompagne la classe.
— Non, je me suis dit que j'aurais mieux fait de commander vingt livres différents, plutôt que vingt fois le même !
(Morale de l'histoire : cet auteur n'a pas de morale.)

— Combien de temps mettez-vous pour écrire un roman ? demande un jeune lecteur.
— A ton avis, combien de temps faut-il ?
— Six mois ? Un an ?
— C'est ce qu'on dit, en effet. Moi, les miens, je les écris en trois ou quatre semaines...
(Ah, d'accord, je comprends mieux.)

Je termine sur ces quelques mots prononcés non pas par un auteur, mais par un haut-parleur, à 8h59, juste avant l'ouverture, pendant que sur tous les stands, les éditeurs, libraires et organisateurs s'affairaient pour que tout soit prêt à temps :
— Mesdames et Messieurs, il est bientôt neuf heures. Le salon va ouvrir ses portes. Bon courage...
(Rassurant, non ?)

lundi 1 décembre 2014

La digne conclusion d'une journée bien remplie

Après s'être levée aux aurores, et habillée élégamment (enfin, avec des vêtements moins moches et troués que d'habitude, quoi), et avoir accompagné le Filou chez l'ass-mat une heure plus tôt que d'habitude, afin d'arriver au salon du livre jeunesse juste avant l'ouverture ;
Après avoir passé la matinée à parler dans une langue avec un auteur, et avoir joué l'interprète lors de deux rencontres, un rendez-vous avec une éditrice, et une séance de dédicaces ;
Après avoir déjeuné sur le pouce avec cet auteur très bavard, cherché un taxi, accompagné l'auteur jusqu'à la gare ;
Après avoir accueilli quelques minutes plus tard un autre auteur parlant une autre langue, et l'avoir accompagné aussitôt dans une autre gare que celle par laquelle il était arrivé ;
Après être allé avec lui en province, à une heure et demie de Paris, dans une librairie où il était attendu depuis des heures par des fans hystériques ;
Après avoir écrit en lettres capitales des centaines de prénoms, avoir offert des centaines d'autocollants, avoir eu le plus grand mal à trouver le temps de passer aux toilettes, et avoir renoncé à réclamer un goûter ;
Après avoir attrapé un train deux minutes avant son départ, et avoir espéré rentrer suffisamment tôt pour pouvoir dîner avec un ami de passage à Paris ;
Après avoir subi une panne de train en rase campagne, avoir attendu deux heures, avoir dû descendre du train dans une gare où il n'y a jamais dû y avoir plus de trois voyageurs à la fois (les jours d'affluence), dans le vent glacial ;
Après être monté dans un autre train, et avoir passé le reste du voyage assise par terre, étant donné que ce train-là était déjà plein de voyageurs ;
Après avoir négocié avec l'éditeur ayant invité cet auteur pour pouvoir se faire rembourser un taxi vu l'heure tardive, avoir cherché un taxi pendant un quart d'heure, et avoir finalement dû se résigner à prendre le RER ;
Après une journée pareille, donc, quand on a l'impression d'être parti depuis 48 heures, qu'on a jonglé avec trois langues, qu'on a sauté deux repas (oui, le goûter, c'est un repas), qu'on a passé cinq heures dans un train, qu'on a le crâne prêt à exploser, qu'on arrive chez soi à 23h40, que n'a-t-on pas forcément envie de découvrir ?

Réponse : que Darling, qui est exceptionnellement allé se coucher de bonne heure (ce qui lui arrive quatre fois par an), a certes caché dans le jardin les clefs (prêtées le matin même à une autre invitée qui quittait la maison), comme convenu, afin que l'on puisse pénétrer dans la maison, mais qu'il a omis de laisser le portail ouvert.

C'est ainsi qu'à minuit moins le quart, j'ai manqué de déchirer mon seul pantalon "de dame" en escaladant la grille du jardin hérissée de piques pointues. Une veine qu'aucun voisin n'ait regardé par la fenêtre à ce moment-là.

Et dire qu'il y a tant de journées où je me plains qu'il ne se passe rien...