dimanche 2 juin 2013

Descente de lit

Nous venions de coucher les enfants, quelques minutes plus tôt. Le calme régnait dans la chambre des Things. Enfin, le calme habituel, quoi. Ils rigolaient, chahutaient, se lançaient des trucs d'un lit à l'autre, bavardaient, ce genre de choses, mais ils ne hurlaient pas, ne se disputaient pas, ne jouaient pas à déplacer leurs lits à barreaux en les secouant, n'arrachaient pas les rideaux, donc on peut parler de calme.
Darling comatait devant la télé, et je bossais, comme d'habitude. Ou je faisais semblant.

Soudain, nous avons entendu un grand crac !
Parents figés, oreilles dressées, muscles tendus. Prêts à bondir.
Dans la chambre, silence. Pas de hurlements, ni rien. Même plus de bavardage.
Pour le coup, on s'inquiète.
Et puis une petite voix qui s'élève :
— Oh, t'as cassé le lit, Lila !
HEIN ?

Une demi-seconde plus tard, il a bien fallu nous rendre à l'évidence. Mr Thing Two s'exprime désormais tout à fait correctement. Sa soeur avait bel et bien cassé son lit, ou plus exactement son sommier, à force de sauter dessus à pieds joints. Pas une petite latte chétive, non : carrément le cadre du sommier, un gros machin en bois massif. Brisé en deux.
Debout sur son matelas enfoncé dans le trou, la gamine constatait, penaude, qu'elle s'était rapproché du sol de quinze bons centimètres.

On passe rapidement en revue toutes les solutions possibles. Lit parapluie ? Sauf qu'il est dans la chambre du Filou que je ne veux surtout pas réveiller, et puis je n'ai aucune confiance, elle va le démolir. Matelas par terre ? Hors de question, elle va se relever dans la seconde ; elle ne le ferait peut-être pas si elle était toute seule, mais encouragée par son jumeau... Tasseau, bricolage, pour que ça tienne encore un mois, jusqu'au déménagement et aux lits de "grands" ? Pas à 21h30, merci.

Finalement, pendant que Mr Thing Two sermonnait très sérieusement sa sœur ("C'est pas bien, Lila ! Faut pas casser le lit ! Maman pas contente ! Oh, rega'de ! L'est tout cassé, maintenant !) (discours particulièrement cocasse quand on sait que c'est lui, de très loin, le plus chahuteur des deux), j'ai tout simplement fait une grosse pile de dictionnaires sous le sommier brisé, ce qui a permis au matelas de retrouver provisoirement son horizontalité. Et pendant qu'ils s'endormaient enfin, je me suis dit que les "vrais livres" avaient tout de même quelques atouts par rapport aux gadgets modernes. Vous vous imaginez caler un meuble, rehausser un gamin sur une chaise ou improviser un escabeau de fortune avec une pile de liseuses ou de tablettes électroniques, dites ?

2 commentaires:

  1. Je viens de découvrir votre blog et je me régale ! Quel bonheur de vous lire ! Une bouffée de bonne humeur, de fou rire !
    Je me revois avec mes enfants quand ils étaient petits (mais je n'en ai que 2) qui sont ados maintenant.
    Merci pour cette fraicheur et cette spontanéité.
    Tinou

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  2. Nous aimons vous lire. Félicitations pour le blog.

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