samedi 22 juin 2013

Bonheur chaotique

... et puis tout à coup, c'est le miracle, une soirée comme une autre, rien de plus, mais tout y est : Miss Thing One qui vient me mendier une cuillerée de tapioca à la canette toutes les quinze secondes, le Petit qui escalade le canapé et manque de tomber, Darling qui chante "Je perds mon pantalon, j'ai les fesses à l'air" à Mr Thing Two trop concentré sur le pistolet en légo qu'il tient d'une main et le bout de pain qu'il tient dans l'autre pour se rendre compte que son pyjama est en train de glisser, le Grand qui s'étrangle de rire et demande si c'est vraiment, comme le prétend son père le plus sérieusement du monde, une chanson de Johnny Hallyday, et moi qui repense à ce livre qu'on m'a offert récemment, Louise a une famille nombreuse, où j'ai appris que dans une famille nombreuse, on doit bien se tenir à table – mais bon, on s'en fiche, après tout, puisque la moitié de la famille n'est plus à table, quoique toujours en train de manger : les petits courent dans tous les sens ; les coussins et le jeté de canapé sont par terre ; les jouets envahissent la pièce et l'appartement tout entier ; on marche sur des bouts de haricots verts, de melon, de pâtes ; le moindre centimètre carré du très grand plan de travail de ma cuisine est occupé, à tel point qu'on ne sait plus ou poser une assiette ; tout le monde parle, rit ou crie ; l'heure théorique du coucher est déjà dépassée depuis quarante minutes ; personne n'a mangé un repas vraiment équilibré, car tout le monde a sauté soit les légumes, soit la viande, soit les féculents, soit le laitage ; je sais déjà qu'il va me falloir au moins trois quart d'heures pour calmer et coucher les enfants pendant que Darling range avant même de pouvoir me lancer, à dix heures du soir, dans la correction orthographique de ma traduction ; mais pendant ces quelques minutes, à mille lieues de cette idée d'organisation et de responsabilisation que j'avais sans doute en fondant une famille nombreuse, dans le chaos le plus total, je suis heureuse.


(Quoi, elle est trop longue, ma phrase ?)


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