lundi 21 mai 2012

Mais alors, pourquoi allaiter ?

(Si vous êtes arrivés ici par hasard, ce billet fait suite à celui-ci et celui-là.)

Bon, mais alors, me direz-vous, pourquoi diable allaites-tu tes gamins pendant des mois alors que tu nous as donné une liste longue comme le bras d'excellentes raisons de ne pas le faire ?
Eh bien, pour deux ou trois mauvaises raisons qui ne sont pas dans les manuels, bien sûr.

- D'abord, parce qu'on m'a dit de le faire
(Ah ben oui, je vous avais bien dit que c'était pour de mauvaises raisons, hein.)
La sage-femme, Darling, et tout mon entourage en général étaient unanimes : il fallait allaiter, ça allait de soi. On m'avait même expliqué que ça allait être difficile, que j'allais faire face à des tas de gens qui essaieraient de me décourager, de me dire du mal du lait maternel, de m'encourager à passer au biberon. Ha ha ha. Bref, disciplinée, naïve, obéissante et faible, j'ai allaité. Je ne me suis même pas posé la question, en fait.
- Parce que j'aime être indispensable
(Mais oui, de mauvaises raisons, j'ai dit !)
Je sais bien qu'une mère est indispensable pour son enfant, mais une mère qui allaite, c'est le top de l'indispensabilité (oui, bon, d'accord, je n'utiliserai pas ce mot dans ma prochaine traduction). Et ça flatte mon égo. Narcissique, moi ? Si peu.
- Parce que ça me donne bonne conscience
Je suis écologique, je donne des anticorps à mon bébé, je réduis ses chances d'avoir des allergies, et tout le tralala (je ne vais pas vous refaire la liste) : je suis donc une mère formidable. Du coup je peux être aussi mère indigne que je veux sans trop culpabiliser, et ça, c'est inestimable.
- Et surtout, parce que ça me donne le temps de lire
Ce qui a sauvé mon premier allaitement, une fois sortie (très vite) de la phase "je ne me pose même pas la question" dont je parlais plus haut, c'est de découvrir que j'avais la place de poser un bouquin sur l'oreiller qui me servait de coussin d'allaitement. Au début, j'ai bien essayé de regarder le gamin dans le blanc des yeux, parce que ce vous comprenez, l'allaitement, moment sacré, communion entre la mère et l'enfant, intimité magique, et toutes ces salades. Il ne m'a pas fallu très longtemps pour découvrir qu'on ne peut pas fixer dans le blanc des yeux un môme qui garde les yeux fermés. Et au bout de trois jours, je me suis rendu compte que j'allais devenir folle à regarder le crâne de mon gosse pendant huit tétées d'une demi-heure par jour, soit quatre heures par jour (et je ne vous parle même pas des jumeaux). Du coup, bouquin ! C'est comme ça que j'ai lu plein de choses sans être payée pour ça, mais aussi relu pleins de choses (Au bonheur des dames, Le seigneur des anneaux, Harry Potter, Les royaumes du Nord, Anna Karénine...), ce qui est un luxe que je m'autorise encore plus rarement. Sacrebleu, quatre heures de lecture par jour, ça ne se refuse pas ! D'accord, au bout d'un moment, les tétées se raccourcissent, mais on peut toujours avaler quelques pages pendant que le gamin avale sa ration de lait.

D'ailleurs, je vous quitte, j'ai une dernière* tétée à donner, et Anna est sur le point de tomber dans les bras de Vronski.

* Dernière avant la suivante, qui a lieu juste après minuit, en ce moment... mais bon, techniquement, c'est bien la dernière de la journée !


9 commentaires:

  1. Dans le genre super raison pour allaiter: mes jumeaux, que j'ai allaité (enfin à mon niveau de mauvaise laitière... même s'il parait que c'est pas vrai que tout le monde peut allaiter, moi je peux si je passe mes journées à boire, manger et dormir!)j'ai donc allaité car mon gynéco avait dit que je n'y arriverais jamais!!!
    Tes billets m'ont bien fait rire!

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  2. Ah ben oui, forcément, bouquiner, c'est vital. Rien de moins.

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  3. Anne, j'adore ta mauvaise raison !

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  4. Pour bouquiner j'ai surtout aimé les fins de grossesses quand de toute façon je ne pouvais plus faire grand chose d'autre! Et Anna Karénine c'était mes derniers bébés! (Pour les Harry Potter, je n'ai même pas besoin d'excuse, une vraie accro!)

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  5. Alors l'ego prend lui aussi une taille de bonnet?

    Je trouve le tableau attendrissant, l'enfant qui biberonne, et Fofo qui lit ses livres comme on boit du petit lait. Gorgée par gorgée, page par page -tournée d'une main dextre-.
    Tu es une vraie marathonienne de la lecture, dis moi! Même si j'ai acquis une vitesse de lecture très confortable, je ne me suis jamais mis à lire des pavés.

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  6. alors je découvre cet article et je ris, mais je ris ! et le pire c'est que je m'y reconnais; en particulier dans la partie sur la bonne conscience / liberté d'être une mère indigne. Et dans la lecture, aussi. Mais uniquement les premières semaines, ensuite ça gigote trop chez moi pour que je puisse lire tranquille. Mais comme c'est aussi le stade où mes enfants décident que 3 repas par jour c'est suffisant, je ne me plains pas (trop)

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    1. 3 par jour ? Mais à quel âge ? Moi ils ont tété sept fois par jour, dont deux fois la nuit (!) jusqu'à la diversification, et même jusqu'au sevrage pour certains...

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    2. l'aîné, à 3 mois 1/2, la seconde, à peine dépassés les 2 mois... (probablement parce que comme j'avais déjà fait l'expérience avec le premier, j'ai été moins longue à reconnaître - et accepter - les signes qu'elle m'envoyait dans ce sens).
      J'ai visiblement des modèles à digestion lente, et à qui de bons gros repas, rares, profitent davantage.

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    3. du coup, tu m'as motivée pour terminer un billet sur le sujet
      http://petitbout-petitbout.blogspot.com/2016/01/bebes-3-repastetees-par-jour.html
      ;-)

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