vendredi 9 mars 2012

Les petits maux de la grossesse (11) : le mal au dos

On ne va pas s'étendre sur celui-ci, tant c'est évident. Avec dix ou quinze kilos de plus dans un ventre qui pointe dans le vide, on ne se tient pas de la même façon. On est cambrée, surtout si on l'était déjà auparavant ; ça tire sur les ligaments, sur les omoplates, etc. On a mal aux reins, ou en haut du dos, ou à la nuque, ou dans les fesses, avec sciatiques à la clef si on a de la veine. On n'est pas bien du tout debout, mais pas non plus assise, ni même allongée. Et pour peu que le gamin se mette dans une position bizarre, on peut aussi avoir mal aux côtes, ou au coccyx, ou dans n'importe quel point où il lui plaît d'appuyer. Sans même parler des dernières semaines, au cours desquelles le bassin s'écarte légèrement pour que la tête du bébé puisse passer, ce qui peut être très douloureux.

(Autant dire que ce n'est pas vraiment le bon moment pour faire de longues marches à pied, par exemple pour aller à la maternité trois fois par semaine pour surveillance rapprochée, ni pour porter à bout de bras des gamins d'une douzaine de kilos à mettre dans la baignoire ou dans leur lit, ni pour déménager tous les cartons d'un cagibi, ni pour rester assise pendant des heures devant un ordinateur. Mais personne n'aurait la folle idée de faire des choses pareilles pendant les derniers mois d'une grossesse, n'est-ce pas ?)

Et encore, dans la journée, ça va. C'est la nuit, quand ça fait une heure ou deux qu'on dort sur un côté et qu'on a la folle idée de vouloir se retourner et/ou aller aux toilettes, qu'on comprend l'étendue du problème – et qu'on se sent soudain très solidaire de sa grand-mère. Se mettre debout peut prendre dix bonnes minutes. Au moindre mouvement (et Dieu sait s'il en faut, des mouvements, pour se retourner ou se lever ; on ne s'en rend pas compte le reste du temps !) on a envie de lancer un "aïe" retentissant ; si on se retient, c'est uniquement pour ne pas réveiller notre moitié. Non pas parce qu'on veut qu'il profite de son sommeil, bien au contraire : si on s'écoutait, on l’assommerait volontiers à coups de lampe de chevet, d'abord pour oser ronfler pendant qu'on souffre le martyre, et ensuite pour nous avoir mis dans cet état-là, le vilain ! Non, si on veut préserver son sommeil, c'est parce qu'il nous reste une once de fierté et qu'après nous avoir vu avec les soutifs de notre grand-mère, les bas de contention de notre grand-mère, les culottes de notre grand-mère, et même les aiguilles à insuline de notre grand-mère*, on ne tient pas particulièrement à ce qu'il nous voit avec la démarche de notre grand-mère. Donc on souffre en silence, et une fois qu'on a réussi à se redresser, on fait un tout petit pas, puis un autre, jusqu'à ce que ça se dénoue un peu et qu'on arrive jusqu'au trône (où on aura bien du mal à trouver une position confortable, mais c'est une autre affaire).

Rassurez-vous, toutes ces douleurs cesseront bientôt : dès que vous aurez accouché... heu, fini d'allaiter... heu, fini de porter votre gamin à longueur de temps... heu, accouché du suivant... Enfin bref, pas de panique, ça finira par passer. Mais si.

* La grand-mère en question, aux grands soutiens-gorge informes et piqûres d'insuline, étant ma grand-mère italienne, "la Nonna", Darling plaisantait avec qui voulait l'entendre lors de ma dernière grossesse au sujet de "la nonnification de Fofo". Oui, je sais, je n'aurais jamais dû en faire un quatrième avec lui. Enfin, vous comprenez pourquoi je ne tiens pas à ce qu'il me voit boitiller, hein ?

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