mardi 13 mars 2012

La bourse et la belle vie

Depuis quelques mois, je suis membre d'une commission qui attribue des bourses de travail à des auteurs de littérature jeunesse, et qui se réunit trois fois par an. La dernière en date a eu lieu hier, et courageusement, j'y ai traîné mon gros bidon pour débattre de neuf heures du matin à sept heures du soir (avec une pause déjeuner, tout de même !) des mérites de tel ou tel auteur ou illustrateur.

Sur les soixante ou quatre-vingt dossiers présentés, deux nous ont bien fait rire (jaune) :
- Celui de cette femme qui avait écrit deux petits romans pour les 5-7 ans diffusés uniquement en Corse, et qui expliquait que comme elle avait démissionné de son boulot rémunéré pour se consacrer à l'écriture, elle demandait une bourse pour tenir jusqu'en mai, date à laquelle elle toucherait ses premiers droits d'auteurs (elle semblait certaine de pouvoir ensuite en vivre*) ;
- Celui de ce monsieur qui expliquait qu'il avait décidé d'écrire une histoire de vampires se déroulant sur une île paradisiaque, qui voulait aller vivre là-bas pour écrire son roman en "immersion totale", et qui nous demandait donc de lui payer son Club Med pendant trois mois.

Il y en a qui ne doutent de rien.

*Pour ceux qui ne comprennent pas notre ahurissement, il faut savoir qu'un auteur jeunesse touche environ 6% du prix de vente public de son livre. Ces petits poches d'une cinquantaine de pages devaient coûter environ 5 euros. Elle va donc gagner environ trente centimes par bouquin. Pour gagner 600 euros par mois (soyons modeste), il faudrait donc qu'elle en vende 2000. Tous les mois. 24.000 par an. Uniquement à des enfants corses de moins de sept ans. Oui, voilà.

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