samedi 7 janvier 2012

Les petits maux de la grossesse (4) : les nausées

C'est le quatrième point que j'aborde, parce que les autres étaient plus d'actualité pour moi, mais en toute justice, ça aurais dû être le premier, d'abord pour des raisons de chronologie, et ensuite pour des raisons de priorité.

Parce que pour moi, les nausées, c'est ce qu'il y a de pire au cours de la grossesse. Je crois même qu'à choisir, je préfère accoucher. Au moins, ça ne dure que quelques heures.

Ce sujet me touche tellement que pour une fois, je vous préviens, je vais être nettement plus sérieuse que d'habitude, donc tous ceux qui ne sont pas concernés peuvent interrompre leur lecture tout de suite s'ils ont mieux à faire (ce qui est certainement le cas. Alors, cette lettre officielle, vous la terminez ? Et cette lessive, elle va se faire toute seule ? Ce dossier, il est classé ? Ce chapitre, il est traduit ?).

Avoir mal au cœur du matin au soir – oui, ça peut durer toute la journée et pas uniquement le matin –, c'est insupportable. Un peu comme être assise sur le siège arrière d'une formule un en train de lire un bouquin de philo (et qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y a pas de siège arrière dans une formule un, ce n'est pas le propos) sans pouvoir descendre. Pendant trois mois, parfois plus. Avec ou sans vomissements, qui ne soulagent pas forcément. On ne peut pas se concentrer, on a beaucoup de mal à travailler, ou même à sourire, on a juste envie de supplier la gynéco de nous mettre en coma artificiel pendant tout le premier trimestre, mais ne vous fatiguez pas, elle n'acceptera pas.
Tout le monde ne subit pas ça, heureusement. Chez certaines, c'est très supportable. D'autres n'ont rien du tout, ou à peine la vague sensation d'être barbouillée qui les conduira à avoir envie de se nourrir exclusivement de pommes de terre bouillies pendant quelques semaines (n'hésitez pas : vous aurez six mois, ensuite, pour manger équilibré). Mais il y a des femmes qui disent très franchement qu'elles préfèrent renoncer à avoir un second enfant, voire avorter, plutôt que repasser par là. Et je les comprends – d'autant plus que je suis convaincue de ne pas avoir été la plus mal lotie, même pendant le premier trimestre de ma grossesse gémellaire, qui m'a pourtant réduite en larmes à de nombreuses reprises (deux gamins, double dose d'hormones, double dose de nausées, logique).

Existe-t-il des traitements ?
En France, non. Probablement parce que ce n'est pas rentable, et puis ce ne sont que des "petits maux" sans importance aux yeux des médecins, et ça ne dure que trois ou quatre mois dans la plupart des cas, et cette vilaine Ève n'avait qu'à ne pas croquer dans la pomme, et de toute façon c'est comme ça, si on veut un môme, faut assumer, Madame. De quoi vous donner envie de noyer tout le personnel de l'industrie pharmaceutique dans du Motilium.
Mais au cours de mes recherches désespérées, j'ai fini par découvrir qu'il existait un médicament uniquement commercialisé au Canada, le Dicletin, qui a été testé sur 200.000 femmes et leurs enfants : autant dire qu'on peut lui faire confiance, autant qu'on peut faire confiance à un médicament. J'ai réussi à en retrouver la composition, et je vais prendre la responsabilité de vous la donner, car si ça permet de tirer ne serait-ce qu'une seule femme enceinte de son enfer, je serai déjà contente. Il se compose de vitamine B6 et de doxylamine. Deux composants qu'on peut acheter séparément en France, sans ordonnance, car ils sont en vente libre. Et dans les deux cas, vous trouverez dans la notice que "ce produit peut être utilisé pendant la grossesse", une mention quasiment unique en son genre, comme toute future mère ne le sait que trop bien.
Concrètement, vous pouvez donc prendre de la vitamine B6, seule ou avec d'autres vitamines, plus deux ou trois cachets de doxylamine, vendu en France sous formes de cachets de 15 mg (le Dicletin en comporte 10 et la dose quotidienne recommandée est de 4 cachets, soit 40 mg par jour). Ça ne supprimera peut-être pas complètement vos nausées, mais vous aurez nettement moins envie de vous jeter par la fenêtre ou d'aller voir la gynéco pour lui dire que finalement, vous avez renoncé à avoir des enfants. Promis, juré.

Avertissement : la doxylamine est vendue en France comme antihistaminique ou comme somnifère, ce qui signifie que ce traitement provoquera inévitablement une certaine somnolence, du moins les premiers jours : ne prenez PAS le volant si vous en consommez !

Pour en savoir plus sur les nausées, un site canadien ici.
Tout ce qu'il faut savoir sur le Dicletin ici.
Au sujet de la vitamine B6 et de ses effets sur les nausées, c'est ici.
Quant à la doxylamine, c'est ici, et vous  y trouverez aussi le nom des trois médicaments vendus en France comme somnifères.


Voilà, j'ai terminé mon laïus. Désolée d'avoir été si longue et si barbante, mais pour être passée par là sans que personne ne me vienne en aide, ça me semblait vraiment important.
Je vous préviens, je suis chatouilleuse sur le sujet, donc je ne tolérerai aucun "Ah mais c'est pas bien de s'auto-médicamenter, surtout pendant la grossesse, les nausées c'est naturel, il faut juste attendre que ça passe" dans les commentaires. Allez vous asseoir sur le siège arrière d'une formule un avec un bouquin de Nietzsche pendant trois mois, et on en reparlera. Non mais sans blague.
(Et si vous êtes réellement d'un naturel anxieux, rien ne vous empêche d'interroger votre médecin ou votre pharmacien. Les miens ne connaissaient pas du tout le Dicletin, mais après avoir consulté leur bible vidalesque, ils m'ont tous les deux donné leur feu vert pour prendre vitamine + somnifère. Et au cours de mes pérégrinations, j'ai même trouvé un jour une pharmacienne qui connaissait leur effet sur les nausées, elle, et qui m'a encouragée à continuer. J'ai failli l'embrasser.)

Pour terminer, une anecdote. Il y a deux ans et quelques, quand j'ai découvert que j'étais enceinte non pas d'un seul petit machin, mais de deux, j'étais un peu secouée, forcément. J'ai donc fait des recherches sur Internet, et je me suis inscrite sur un forum de parents de jumeaux. Naturellement, j'ai commencé par participer à la section "grossesse" du forum. Oui, bon, je sais, mais voilà, le choc, les hormones, un coup de folie passagère... Bref, très vite, je me suis plainte de ces nausées atroces (que j'étais visiblement la seule à subir à une telle échelle), et une autre participante m'a répondu :
— Oh, mais il faut que tu les acceptes, on doit en passer par là pour avoir l'immense joie d'avoir deux beaux bébés au bout ! Moi, quand j'ai des nausées, je vais m'allonger sur le canapé et je les savoure, car elles me prouvent que je suis enceinte...
Véridique.
Je ne suis pas restée longtemps...


9 commentaires:

  1. Je ne comprends rien aux nausées, je ne sais pas ce que c'est, j'ai pourtant eu 6 enfants ! Et je peux m'asseoir sur le siège arrière d'une F1 avec Platon dans le texte, mon estomac ne bougera pas. Je sais, il y a une injustice dans le monde.
    Bon, j'espère que je vais avoir le droit de revenir sur ce blog, toute privilégiée que je suis !

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  2. [/!\ commentaire con]
    Peut-être que "enceinte + assise dans une formule 1 = nausées annulées?"
    Comme on n'a pas tous une formule 1, je pensais à aller à la piscine. [ce qui fait toujours un commentaire con, vu qu'en fin de grossesse, aller à la piscine c'est pas la porte à côté]

    C'est des nausées comment?
    C'est des nausées pourquoi?
    . comme quand on est amoureux, qu'on a plus faim, qu'on a le coeur qui bat un peu "à vide", et des petites montée de larmiches
    . la nausée de gastro, où la nourriture semble rester après l'estomac et avant l'intestin, pour mieux ressortir
    . la nausée du bateau ou de la voiture (quand on peut encore raisonner son cerveau ; chercher un point fixe à l'horizon)
    . parce que le bébé appuie quelque part?
    . parce que c'est telle ou telle hormone?

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  3. @ Alphonsine : Tu peux lire Nietzsche dans une formule 1? Tu dois être une des rares personnes qui peut lire la carte pendant que son conjoint conduit.

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  4. Alphonsine : oui, oui, tu as le droit de revenir, ton témoignage est même le bienvenu, ça rassurera les nullipares (mon Dieu que ce mot est moche) qui lisent mon blog !

    Julien : Ce sont des nausées comparables au mal de mer, en plus ou moins fort, que rien ne soulage, la piscine pas plus qu'autre chose, hélas ! A priori, c'est dû aux hormones, mais les médecins ne sont pas tous d'accord là-dessus.

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  5. @ Julien. Je lis, je brode, je dors en voiture. J'engueule les enfants, je distribue (les claques) le pique-nique, les gâteaux, je dis non, il n'est pas l'heure de faire pipi.

    Oui, je peux lire en voiture. Je peux aussi lire une carte, mais comme mon mari inverse la droite et la gauche, il finit par se fâcher, et je préfère prendre le volant et me faire guider.

    PS : Si j'avais la chance d'être assise dans une F1, je me garderais bien de lire, je profiterais du bruit de la voiture, des reprises, des accélérations... des sensations sympas !

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  6. Fofo, je suis peut-être nullipare (oui, c'est vraiment très moche comme mot) et tout sauf médecin, mais je mettrais ma main à couper que ces nausées sont bel et bien dues aux hormones. Parce que j'ai cette immense joie d'avoir des soucis hormonaux (que les docteurs ont à l'unanimité décidé d'ignorer tant que je n'aurais pas fait de vrais efforts pour essayer de me reproduire ; après tout pourquoi savoir ce qui cloche à l'avance, c'est vachement plus drôle de l'apprendre au pied du mur), et j'ai également une sensation de nausée quasi chronique depuis plus de dix ans, avec ou sans prise d'hormones synthétiques. Je ne sais évidemment pas si c'est comparable aux nausées de la grossesse, mais il y a des périodes où ce n'est vraiment pas drôle. Bref, hasard ou coïncidence ? Ça me paraît un peu gros...

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  7. Et quand on a eu une pêche d'enfer pour les 2 premières grossesses (de garçons), et qu'on a testé tous les soi-disants petits maux (nausées, tension qui grimpe en flèche, rétention d'eau, envies farfelues, doigts qui se bloquent sans raison et qui font lâcher ce qu'on tient...) pour la 3e (fille), ça compte?? ;)

    y a-t-il un lien avec le sexe du bébé attendu, ou c'est simplement qu'on vieillit? m'enfin, 33 ans pour la dernière, c'est pas cannonique, quand même?!

    Et pour la dame du forum qui savoure les nausées, c'est peut-être quelqu'un qui a eu énormément de mal à être enceinte... alors elle doit sans doute aussi apprécier de sentir sa peau craquer pour former une nouvelle vergetture... et d'autres petits "plaisirs" du même genre... ;)

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  8. Bougri, selon le premier site que j'ai mis en lien (et qui est très bien fait), "Certaines études ont démontré que les NVG étaient plus intenses lorsqu'on attend une fille, mais les résultats ne se sont pas révélés concluants. Chaque femme est différente et chaque grossesse est différente, quel que soit le sexe du bébé." Donc ce n'est pas impossible !

    Dae, je pense aussi que cette histoire d'hormone ne peut pas être un hasard, tout comme le fait que les nausées aient été doublées quand j'attendais des jumeaux ne pouvait pas l'être (j'ai tout de même eu plusieurs grossesses, avec une fin heureuse ou non, et je n'ai JAMAIS été malade à ce point).

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  9. Je vais rejoindre Alphonsine dans le choeur des "rassureuses de nullipares" : mes deux grossesses ne m'ont pas donné la moindre nausée, ni pour ma fille, ni pour mon fils. Je n'ai pas vomi une seule fois. J'ai dû me sentir barbouillée à deux ou trois occasions, dont une lors d'un voyage de 4h en voiture sous la canicule estivale et enceinte de 7 mois. Là, je ne pouvais plus bouquiner ni tricoter ou broder (vi, je fais ça aussi dans la voiture), je ne savais que m'agiter sans trouver une position confortable.
    J'ai l'impression que chez moi les hormones ont attendu l'accouchement pour jouer au grand huit, parce que j'ai eu de sacrées sautes d'humeur et autres sensations bizarres pendant un bon bout de temps après la naissance, et encore plus la deuxième fois (sauf que là, je me doutais de la cause du problème).
    N'empêche que ça me fait bondir qu'on passe son temps à entendre les toubibs ressasser "c'est normal, ça va finir par passer", surtout s'il existe un médoc efficace !

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