vendredi 6 janvier 2012

Lectures qui traînent

Le téléphone sonne. Je décroche.
— Allô ?
— Allô, Fofo, c'est Machine, des éditions Truc.
Aïe. Aïe, aïe. Si je raccroche très vite, peut-être qu'elle va croire qu'elle a fait un mauvais numéro ? Non ?
— Dites-moi, Fofo, je ne vous ai pas envoyé des livres à lire, il y a deux mois ?
Si. Elle m'a envoyé des livres à lire. Deux romans italiens pour lesquels je devais faire une fiche de lecture afin qu'elle puisse décider si elle veut acheter les droits français. Ça fait partie de mon métier. Autrefois, disons jusqu'à il y a trois ou quatre ans, je faisais énormément de lectures de romans étrangers. Au moins quatre ou cinq par semaine. Mais maintenant, j'ai moins de temps, et c'est très mal payé, et surtout je me suis lassée de lire autant de bouquins pathétiques pour si peu de bonnes plumes, donc je n'en fais plus que quand ça vaut le coup, ou pour rendre service, ou pour garder un peu le contact avec ce qui est publié dans le reste du monde.
Bref.
— Euh... Si, je les ai reçus, et je les ai lus, mais... je n'ai pas eu le temps de faire des fiches. Vous comprenez... j'avais une traduction à terminer... et ensuite une autre... et la crèche a fermé pendant deux semaines... peut-être même trois ou quatre semaines, maintenant que j'y pense... et j'ai eu des problèmes d'ordinateur... et de santé... et mon mari aussi... et mes enfants, n'en parlons pas...
Et puis après avoir bien bafouillé, je me décide, et je lâche :
— Et puis surtout, ils étaient nuls, ces bouquins !

Heureusement, elle ne m'en a pas trop voulu de mon épouvantable retard. Elle m'a même dispensé de rédiger de vraies fiches, en me recommandant simplement de lui envoyer un email qui lui résume en trois lignes l'histoire de chaque bouquin et ses défauts, ce que j'ai fait aussitôt. J'aurais dû faire ça beaucoup plus tôt.

Mais tout de même, je voudrais bien savoir ce qui est passé par la tête de cet éditeur italien pour qu'il se dise que cette petite maison d'édition française de littérature jeunesse, qui publie maximum quatre ou cinq traductions par an, serait peut-être intéressée par un récit autobiographique publié pour la première fois en 1975 où un sculpteur totalement inconnu raconte sur un ton affreusement pédant comment il a eu du mal à reprendre son existence routinière après la guerre ?

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